
, Nombre des
îclufcs conf-
truites pour
paffer d'une
mer à l'autre.
Nécejfitè de
prolonger le
canal royal
depuis Tou-
loufe jufqu à
Mejfac.
Merveilleux
effets de huit
Jas accollés
près de Be-
fiers, où lesbar
teaux montent
ou descendent
une chute de
Soixante - fix
pieds de hauteur.
Autre
bel effet de té*
clufe, ronde &
du percé.de la
montagne de
Malpas.
362 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e IV.
mêmes embouchures, on trouva que le point de partage étoit
élévé de cent toifes au-deffus de l’étang deThau, de niveau avec
la Méditérrannée, & de trente-une toifes au-deffus de la hauteur
moyenne des eaux de la Garonne, prife immédiatement au-
deffous de Touloufe. On fut confirmé qu’en effet le lieu que
l’on avoit choifi pour le point de partage de la diftribution des
eaux pour la nourriture du canal, étoit le plus' élevé, par
une fontaine qui s’y rencontra, & dont les eaux ayant été
partagées pour s’écouler par deux chemins oppofés, l’une défi
cendit vers l’Océan, & l’autre vers la Méditérrannée.
1085. Pour que les bâtimens marchands puffent paffer du
port de Cette au point de partage, on a fait foixante-quatorze
éclufes avec des fas d’environ huit pieds de chûte, &vingt-fix
autres éclufes pour defcendre du même point dans la Garonne,
qui eft navigable depuis Touloufe j ufqu’à fon embouchure dans
l’Océan; ainfi ce canal comprend cent grandes éclufes. Cependant
comme dans le tems des féchereffes, les eaux de ce
fleuve deviennent fort baffes en-deçà de Meffac, on prétend
qu’il aurait été très-utile de continuer le canal jufqu’à ce terme,
pour rendre la navigation plus aifée, parce que depuis la jonction
du T a rn , la Garonne ne laiffe plus rien à defirer jufqu’à la
mer. On ne trouverait aucun inconvénient à exécuter cette prolongation,
qui ne coûterait environ qu’un million, parce que le
terrein eft uni, de bonne qualité, & que cette partie du canal
tirerait fes eaux de la Garonne même. On trouve encore à redire
de ce qu’en traçant le canal roya l, on ne l’a point fait
paffer tout près de Carcaffonne & de Beziers, comme cela fe
pouvoit, pour l’avantage du commerce de ces deux villes.
1086. De ces cent éclufes, celles qui font le plus bel effet à
la vue font les huit fas accollés , que l’on voit proche Beziers ,
qui forment une cafcade de cent cinquante-fix toifes de longueur
fur foixante-fix pieds de pente, divifée en huit chûtes ,
chacune de huit pieds trois pouces de hauteur. Mais ce que l’on
admire le plus, eft la piece que l’on nomme l'éclufe ronde ,
qui eft un fas circulaire commun à trois branches du canal,
ayant leurs éclufes particulières répondant au même fa s, pour
faciliter le paffage des bateaux de l’une à l’autre de ces branches,
à quelque hauteur que foient leurs eaux, comme nous l’expliquerons
plus particulièrement dans le huitième chapitre, oit
l’on trouvera rapportés pour exemple les plus beaux morceaux
de ce canal.
Comme fur un trajet de cinquante lieues, on ne pouvoit
manquer de rencontrer des montagnes que le canal devoit né-
ceffairement traverfer, on les a toutes coupées, excepté celle de
Malpas, qui s’étant trouvée fort élevée & compofée de rochers,
on a eftimé que le parti le moins difpendieux, étoit de la percer
en forme de voûte , pour y faire paffer le canal par-deffous
furlalongueur de cent vingt toifes, avec une banquette de quatre
pieds du côté du tirage. Ce travail paffe pour quelque chofe
de prodigieux & digne des anciens Romains.
1087. La largeur moyenne du canal eft de dix ’toifes, prifes
à la hauteur du niveau des eaux, qui ont fix pieds de profondeur,
fur cinq toifes de largeur de lit. On a fait au point de partage
un grand baflin de figure octogone, ayant deux cent toifes
de long fur cent cinquante de large , contenant fept pieds de
profondeur d’eau, fon pourtour revêtu de pierre de taille. Ce
baflin nommé de Noroufe, recevoit autrefois comme en dépôt,
les eaux du réfervoir de S. Farriol, qui fournit à la dépenfe des
éclufes : mais ce baflin s’étant trouvé enfablé vingt ans après
faconftruftion, M. le maréchal de Vauban jugea à propos de
ne le plus faire traverfer par les bateaux , parce que dans un
gros tems ils avoient trop à fouffrir de la part des vagues qui en
rendoient le paffage dangereux. C ’eft pourquoi au lieu de faire
curer ce baflin, il a mieux aimé conftruire un bout de canal
qui le contourne du côté du fud, depuis l’éclufe nommée du Médecin,
jufqu’à celle de Montferrand, dontl’intervalle, qui contient
une quantité d’eau incomparablement plus grande que ne fai-
foit le baflin de Noroufe, fert aujourd’hui de point de partage.
Parce moyen la navigation eft devenue plus prompte, vu la fup-
preflion des deux éclufes que le baflin de Noroufe avoit à fes
extrémités, dont la manoeuvre demandoit un tems en pure perte,
parce que les deux précédentes n’en exiftoient pas moins.
.Il 1088. Avant M. Riquet, la principale difficulté qui avoit fait
regarder la jonftion des deux mers comme un projet d’un fuc-
fcès fort incertain, étoit de pouvoir faire paffer affez d’eau au
point de partage pour fournir à une navigation continuelle fur une
aufli grande étendue que celle de cinquante lieues, malgré les
pertes quife feraient par les portes des éclufes, les tranfpirations,
les évaporations, parce qu’autrement le refte du projet tomboit
de lui-même. Aufli eft-ce en cela que M. Riquet a le plus mani-
fefté les grandes reffources que lui a fourni la fupériorité de fon
génie, y étant parvenu d’une maniéré à ne rien laiffer d’incer-
‘Defcr'rption
du bajjin de
Noroufe, qui
fervoit autrefois
de point
de partage ,
auquel M. le
maréchal de
Vauban en a
fub$ituc un
autre plus
avantageux.
Defcrlption
du réfervoir de
de S. Variai,
qui reçoit les
eaux .de fa-
montagne
Noire , 6*
comment elles
pajfent de ce
réfervoir ■ail-
point de par-;
tag*.