
'Brindes 3fitu è
à l 'embouchure
du golfe A -
dric tique. Sa
prife par les
Romains,
LcsRomains
ne f e font appliqués
à la
marine 3 qu’au
commencement
de la guerre
Punique,
;o A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L iv r e III.
encore de fe foumettre à la domination des Romains, lorfque
ces derniers entreprirent de les réduire pour fe mettre en poffef-
fion de Brundufe, aujourd’hui Brindes , fituée vers l’embouchure
du golfe Adriatique. Ils le déliraient depuis long-tems ,
à caufe de fon por t, un des plus magnifiques & des plus sûrs
d’Italie ,.pour les grands embarquemens. D ’ailleurs la ville étoit
belle, fort opulente, & avoit bien dequoi piquer leur cupidité ;
s’en rendre maître , c’étoit fe mettre en état d’étendre leurs conquêtes
en Afrique & en Afie. Les confuls Julius L ib o , & Re-
gulus, furent donc chargés de foumettre les Sallentins, & fur-
tout de prendre Brindes , ce qu’ils firent non pas fans trouver
beaucoup de réfiftance de la part d’un peuple belliqueux, qui
avoit toujours nourri pour cette république une haine implacable
; mais enfin vaincue par une puiffance à laquelle rien ne
. pouvoitréfifter, Brindes devint une nouvelle colonie Romaine.
Depuis , cette ville a été fouvent prife & reprife par les Barbares
, qui l’ont ruinée plufieurs fois ; mais s’étant toujours relevée
de fes malheurs, elle eft encore floriffante aujourd’h ui, &
fon port en fort bon état. Il eft divifé, par des levées de maçonnerie,
enplufieurs baffins particuliers où les vaiffeaux font parfaitement
à l’abri, ayant une entrée longue & étroite commune k
toutes les darces.
Je paffe fous filence queïqu’autres ports dont les Romains
s’emparèrent encore le long des côtes d’Italie , comme celui
d’Otrante fur la mer Adriatique à l’entrée du golfe ; celui de-
Rhege, aujourd’hui R eggio, fur le phare de Meffine, vis-à-vis
• cette place ; celui de la Lune , fur la mer Thyrrene , près- de
L u n i, ville de Tofeane, & c . pour faire une légère mention de-
ceux qu’ils ont eux-mêmes établis.
643. Il paraît que ce n’eft que du tems de la première guerre'
Punique, que les Romains s’appliquèrent à la navigation , fen-
tant plus que jamais la néceffité d’avoir des flottes pour ruiner
les forces maritimes de Carthage. Jufques-là ,- dépourvus de
navires, ils étoient obligés d’avoir recours à leurs alliés, principalement
à ceux de Rhege & de Tarente , de qui ils en empruntèrent
pour tranfporter en Sicile les troupes qu’ils envoyèrent
au fecours de Meffine, prête à fubir le joug des Carthaginois.
Ce fut à cette occafion que j aloux de la fupériorité que ces
derniers avoient fur m er, ils travaillèrent àconftruire un grand
nombre de galeres ÿ mais comme ils n’avoiênt point de ports
qui leur appanmffent en propre pour les mettre à couvert, ils
C h a t . IL D es p o r t s é t a b l i s p a r l e s a n c ie n s . 51
prirent le parti de s’en procurer par la force , en s’emparant de
tous ceux dont nous venons de parler, qui les mirent en état,
comme nous l’avons dit, de pouffer leurs conquêtes auffi loin
qu’elles ont été. Ce n’eft pas qu’ils n’aient connu la navigation
dès les premiers tems de leur établiffement en Italie ; mais
ils l’avoient.bornée au lîmple tranfport des denrées, pour la fub-
fiftance de Rome, 4. :
644. On fait qiiA’ncus Martius, IV e roi des Romains , fit
bâtir la.ville d’Oftie , à l’embouchure du Tibre , afin de fervir
d’entrepôt aux denrées & marchandifes qui arrivoient par mer
pour la capitale ; que l’on y déchargeoit les vaiffeaux étrangers
dans d’autres plus petits, parce que le Tibre ne fourniffoit point
affez d’eau pour que les gros puffent arriver jufqu’à Rome, ce
qui les obligeoit de fe tenir à 1’,ancre affez en avant dans la mer,
où ils étoient expofés aux tempêtes , à quoi Jules Cefàr avoit
Voulu remédier dès qu’il fe vit empereur , par la conftrutlion
d’un port, que le peu de durée de fon régné ne lui permit point
d’exécuter,
645. Augujle ne fe vit pas plutôt maître de l’empire., qu’il
{ongea à conftruire des ports encore plus commodes &.plus sûrs
que ceux que la république s’étoit approprié. Il commença
par former celui de Miffene, fous la conduite d’Agrippa, qui fut
chargé de joindre la mer aux lacs Lucrin & d’Averne, peu dif-
tans l’un de l’autre. Pour cela il exhauffa une ancienne chauffée
de mille pas de longueur qui féparoit la mer du lac Lucrin,
peut golfe fitué entre Miffene & Pouzzoles, & y ménagea deux,
entrées pour le paffage des vaiffeaux. Il fit enfuite creufer un
large canal d’un lac à l’autre, afin que celui d’Averne , qui fe
trpuvoit parfaitement abrié de tous les vents, fervît de retraite à
une des deux armées navales qu Augujle vquloit entretenir
pour la sûreté des côtes d’Italie. Pour la fécondé, il bâtit le port
de Rayennes,où il fit élever des monumens dignes de la gloire
de fon régné, entr’autres un phare qui ne le cédoit gueres à celui
d’Alexandrie. I! ne refte aujourd’hui aucun veftige de ce dernier
port, qui s’eft tellement comblé par les fables , que la ville
fe trouve actuellement à trois milles de la mer; celui de Rimini,
qui a encore été un des ouvrages le plus mémorable du regne
de cet empereur, a eu le même fo r t, malgré tout ce qu’il avoit
de bien digne d’être confervé. Un vafte baffin, accompagné de
quais , précédé de deux levées , avec les édifices propres à la
marine pour de grands armemens, le tout revêtu de marbre
Fondation
de l'ancienne
ville d'Ojlie à
Vembouchure .
du Tibre 3 par
Ancus Martius.
Defcription
du port de
Mijfëne, conf
truit par
l'empereur
Augu &£,foUs
la conduite
Agrippa.