
Moyen de
rendre les' rivières
navigables
9 en remontant
le
plus haut
qu’i l eft pojfi-
ble vers leur
fource,.
Projet de M .
lé maréchal de
Vauban ^pour
accroître la.
navigationdes
rivières dp
France. 5
J40 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e Im porteront
point, & fe trouvant abfolumerit indépendant de rem«'
bouchure aâuelle du Rhône, il fera exempt de toutes les fâ-
cheufes fuites qui en font inféparables.
1066. Ce n’eft point affez de réparer l’embouchure des rivières
& les autres endroits qui ont befoin d’être entretenus, il
faut auffi voir fi l’on ne peut pas donner plus d’étendue à leur
navigation , en la prolongeant vers leur fource, autant que
les eaux y pourront fournir ; par exemple , celle de la Seine, qui
ne commence qu’à B ra y , Nogent, & Pont, pourrait être remontée
de vingt lieues, jufqu’à Châtillort, non pas ên fuivanü
toujours fon cours, qui manque defond en beaucoup d’endroits^,
mais en faifant un canal à côté, avec des fas à éclufes, qui rendraient
la navigation infaillible en tout tems, & beaucoup meilleure
que celle de la riviere même, parce qu’on ferait maître de
ne faire entrer dans le canal que la quantité d’eau dont il aurait
befoin. Comme on peur avoir recours au même expédient pour-
toutes les autres rivières de France qui fe trouvent dans le
même cas, voici les- moyens qu’a propofé M.-le maréchal de’
Yauban pour les rendre en peu de tems navigables ; moyens qui
peuvent également s’appliquer à-celles de tous les états de l’Europe.
Quoique M. le maréchal de Vaubart fût le plus grand ingénieur
qu’il y ait jamais e u , il ne s’eft pas borné à perfectionner
l’art de fortifier les places , ni à imaginer de nouvelles Méthodes
de les attaquer & de les défendre ; fon zele pour le bien
public, qui lui faifoit embraffer généralement tout ce qui pou-
voit y concourir,l’avoitrendu encore plus grand homme d’état-
que grand ingénieur. Ses vues fe répandoient principalement:
fur les moyens d’augmenter le commerce de l’intérieur du’
royaume, comme on en- va juger par un échantillon que j’a i
extrait de fes mémoires manufcrits-, qui m’ont été- Communiqués
par Meilleurs Dupuis-Vauban ,fes neveux-, très-dignes d’un
nom auffi illuftre-
1067. Pour que les canaux dont il s’agit puilfent convenir
aux plus grands bateaux qui flottent fur les rivières de France ,>
M. le maréchal de Vauban fuppofe qu’on donnera à ces canaux
neuf toifes de largeur à la- fuperficié de l’eau-, fix au pla-’
fon d , & fix pieds de profondeur ;-ce qui revient à fept toifes’ôÉ-
demie cube d’excavation par toife courante, à laquelle affujet--
tilfant un-prix moyen que l’on multipliera par deux mille cinq;
cens toifes, on aura ce que l’excavation du canal & la’forma-
tion- des digues pourront coûter par lieues de chemin , qu’il
G h a p . III. d e s E c lu s e s p r o p r e s a u x r i v i è r e s . 54-1
double enfuite,afin d’avoir égard aux ouvrages de maçonnerie,
de charpente & de ferrure qu’il faudra pour les éclufes, fas ,
aqueducs, déverfoirs, ponts, & à l’indemnité du terrein qu’on
prendra aux particuliers; Suppofant que toutes ces dépenfes en-
femble montent à i ooooo livres, le deffein de M . de Yauban eft
d’en répartir la levée fur tous les riverains qui feront les plus à
portée deprofiterdu canal , &qü i s’étendront jufqu a cinqlieues
de hauteur de part & d’autre. Ainfi chaque lieue de riviere ou
de canal aura dix lieues quarrées de pa ys, qui contribueront à
fa conftruâion, c’eft-à-dire, cinq d’un côté & autant de l’autre :
mais- au lieu de faire la diftributiôn de la dépenfe de chaque
lieue courante de canal par portion égale fur chaque lieue quar-
rée de pays ,.il la proportionne félon qu’étant plus à portée, les
riverains en tireront un plus grand avantage. Comme il eft jufte,
dit-il, que le roi entre pour fa part dans lès frais d’un travail
qui ne pourra manquer de contribuer à l'augmentation de fes
revenus, il eftime que fa majefté doit y entrer pour un cinquième
, c’eft-à-dire, pour 20600 liv. Alors il enreftera 80000
à la charge du pays, qui fera taxé à proportion du produit des
biens que comprendront les dix lieues quarrées. Cela fuppofé,
il divife les 80000 liv. en vingt parts de 4000 liv. chacune : il
en impofe fix fur les deux lieues quarrées attachées au canal, cinq
fur les deux autres contiguës aux premières , quatre fur les fui-
vantes, trois fur les pénultièmes, & deux fur les dernieres, faifant
enfemble les vingt parts,. lefquelles eltimées à 4000 liv..
chacune feront la fomme de 80000 liv. Sur ce pied la première
lieue quarrée bordant le canal du côté droit, portera trois parts-
équivalentes à 12000 livres : la fécondé deux parts & demie, équivalentes
à 10000 livrés : la troifieme, deux équivalentes à 8000-
livréx: la quatrième une part & demie équivalente à 6000 livres :■
& lacinquieme fera de 4000 livres : le tout faifant 40060 liv. qui.
étant doublées ,. pour y comprendre auffi le côté gauche , donneront
encore les 80000 liv. ci-deffus.-
On pourra donner fi fon veut plus d’étendue à cette impo-
fition ,car il eftfûr que la navigation en tirera avantage de beaucoup
plus loin que. de cinq, lieues ; mais on propofe celle-ci-
pour offrir feulement une idée des proportions, qu’on peut y ob--
fervet,. pour lefquelles il faut avoir de grands égards,. afin do
ne point furcharger les uns plus que les autres.-
En procédant de la forte, lès impofitions feront fuppôrtables,
& on les adoucira encore en les répandant fur le tems de la du