
Situation du
pont à quatre
branches & Jes
avantages
pour la province
du Calai-
fis.
PI. V i l.
Defcription
des principales
parties de
ce pont y pour
438 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e IV.
voici un pont de maçonnerie qui mérite mieux qu’aucun autre
de trouver place i c i , par la Angularité de fa conltruâion qui le
rend d’une commodité unique dans fon efpece, les -anciens
n’ayant rien produit de fiheureufement imaginé. Il fera juger du
progrès qu’ont fait dans ces deniers tenis meilleurs les ingénieurs
des ponts & chauffées, fous une adminiftration aufli recommandable
que celle du miniftre qui ell chargé aujourd’hui
d’un département dont tout le monde connoît l’importance pour
le bien de l’état. En effet, jamais les grands chemins de la France
n’ont été fi bien entretenus ; aufli font-ils l’admiration des étrangers,
qui conviennent que nous l’emportons à cet égard fur tout
çe qu’on voit en Europe, & même fur les magnifiques chemins
que les Romains ont exécutés, fur-tout quand on confidere la
vigilance du digne corps qui en fait la lûreté.
1163. Ce fameux pont eft fitué à la fetlion que font les canaux
de Calais & d’Àrdres, fur la nouvelle route de cette première
ville à Saint-Omer. Par fon ingénieufe difpofition, il réunit
dans un feul point la navigation de quatre canaux ,1e paffage
d’une grande route & la communication des quatre principales
parties du pays,qui fe trouvoient féparées avant faconftruéfion,
& qu’on n’auroit pu joindre fans faire plufieurs ponts , dont
celui-ci feul remplit la fin. Les huit digues pour le tirage des bateaux
fervant aufli de paffage aux voitures des laboureurs du
voifinage, on voit qu’on arrive par douze chemins au centre
du pont qui favorife le commerce & le tranfport des denrées
aux villes prochaines , ainfi que la culture des terres ; au lieu
qu’auparavant les fermiers étoient obligés,pour tranfporter leurs
grains, de faire annuellement des dépenfes & des pertes confi-
dérables, en les chargeant & déchargeant â plufieurs reprifes
pour les palfer d’un côté à l’autre des canaux.
L ’invention de ce pont.eft due à M. Barbier, ingénieur des
ponts & chauffées, qui l’imagina en 1747, lorfqu’il étoit chargé
des travaux de cette efpece dans la généralité de Picardie. La
cour ayant agréé fon projet,l’exécution en fut confiée en 1750,
à M. Beffara, ingénieur dans la même généralité,qui l’a conduit
dans la perfection où il eft préfentement ; c’eft de lui que je tiens
le deffem que j’en rapporte fur la planche L V I , de même que
les détails que voici.
1 1 64. Ce pont eft formé par quatre culées ou branches, af-
fujetties au plan d’un cercle clontle diamètre entre les culées-eft
de douze toifes, fur lequel s’élève une voûte en demi-fphéroïde
C hap.X. d e l a c o n s t r u c . des Ponts tournans. 439
de vingt-un pieds de montée, laquelle eft pénétrée par quatre
lunettes pour le paffage des bateaux ; favoir, deux de trente
pieds d’ouverture, & les deux autres de trente-fix pieds, dont
les axes paffent par un centre commun, en formant des angles
droits. La montée de ces lunettes eft en plein ceintre, & leurs
clefs régnent au même niveau jufqu a la rencontre de la voûte
Iphéroide, à un pied au-deffous de fa clef. Les huit pans coupés
, fervant de piédroits aux voûtes de ces quatre lunettes ont
chacun fix pieds neuf pouces de longueur, ayant à leurs extrémités
des murs d’épaulement qui ont vingt-fix pieds,fur un éva-
fement de fept degrés d’ouverture ; les murs en aile qui Auvent
ont trente-trois pieds trois pouces de longueur, & font
terminés par un focle de fix pieds de longueur fur trois pieds de
largeur, & fix pieds fix pouces de hauteur au-deffus des retraites
, faifant faillie de fix pouces de chaque côté au bas des recou-
vremens des mêmes murs.
La naiffance de la voûte en cul de four commence à deux
pieds au-deffus des retraites , qui eft le niveau des eaux ordinaires
, celles des grandes lunettes à deux pieds au-deffus des mêmes
eaux, & celle des petites à cinq pieds. La tête des lunettes
eft formée par un demi cercle, qui fe raccorde exactement avec
les murs d’épaulement, élevés de vingt-cinq pieds au-deffus des
retraites jufques fous le cordon, enfuite defquels font les murs
en ailé, dont les faces extérieures font terminées à chaque affile
par des recouvremens taillés en rampe, ayant à leur extrémité
un quarré, pour éviter les angles trop aigus..
Le cordon qui fert de bafe aux parapets a un pied de hauteur
fur huit pouces de faillie, & ces parapets ont trois pieds d’élévation
au-deffus du cordon , fur dix-huit pouces d’épaiffeur ;
ils font contregardés par neuf bornes pof'ées à trois pouces
de diftance, afin que le choc des voitures ne puiffeleur caufer
aucun ébranlement, & les quatre têtes des lunettes font ef-
pacées en forte qu’il refte entre les parapets foixante pieds de
largeur pour le dégagement des voitures quipeuvent arriveren-
femble fur ce pont fans y caufer aucun embarras ; c’eft pourquoi
l ’on n’a point élevé l’obélifque qu’on voit figuré fur le defiein,
quoique d’abord on l’ait eu en vue
1165. Le terreinfur lequel on a établi ce pont s’étant trouvé
compofé de tourbe mêlée de fable mouvant &de terre greffe,on
a été dans la néceffité d’affeoir la fondation fur pilotis, pour con-
ïblider un fond aufli bifarre : les pilots ayant été récépés de nifaciliter
l'intelligence
defa
conjlruftion.
EtaMrJf, ment
des quatre
branches fur
lefquelies ce
pont eß élevé.