
Quand an
canal d'écoulement
aboutit
à une riviere
fujetteàgrof-
f i r , i l fau t en
foutenir les
eaux par une
eclufe qui
l ’empêche de
f i répandre
sans le pays.
466 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l iq u e , L i v r e IV.
diaires offrant un trop grand obftacle. Comme il fc prefente’
beaucoup d’autres difficultés de les conduire à leur terme, nous
commencerons par confidérer celles qui viennent de la part
des fleuves, après quoi nous pafferons à celles que la mer peut
leur oppofer. - • A. '
Lorlque les eaux d’un canal de décharge peuvent etre rendues
fupérieures au niveau des plus grandes crues du fleuve où
elles doivent entrer , rien ne s’oppofant à leur libre écoulement,
on fera alluré du iuccès de l’entreprife. Si au contraire
dans les tems des grandes crues le fleuve s’éleva plus que le ni-
veaude celles qui doivent s’y rendre, ce qui ne manquera point
d’arriver quand fes bords feront digués, le canal pourroit alors
devenir plus nuifible qu’avantageux, en fournilîant au même'
fleuve un débouché pour inonder le pays voifin.
1187. Cependant comme il y a des cas où cette difpofitioii
eft inévitable, le feul moyen d’y remédier eft de faire une éclufe
à l’embouchure du canal, pour foutenir les eaux du fleuve
quand elles font plus élevées que celles d’écoulement, que l’on
ouvrira dès que ces premières feront devenues plus baffes ; mais
comme les eaux du canal s’accroîtront de leur côté , quand d»
part & d’autre elles proviendront des pluies abondantes, il faut
que ce canal foit affez large, & fes bords digués de façon qu’il
puiffe contenir pendant la grande crue du fleuve toutes les
eaux queles folles ou rigoles recevront, jufqu’aü tems où leur
niveau aura acquis la fupériorité qu’il leur faut pour s épancher.
Mais fi elles s’amaffbient en fi grande quantité qu’il y eut a
craindre qu’elles furmontaffent les bords du Canal pour inonder
les cantons voifîns, il faudrait y faire un déchargeoir, répondant
à un rigole le long du bord de la riviere ,_en la descendant
allez bas pour y feïre une rentrée : ce qui fe pourra
peut-être fi elle a beaucoup de pente, & qu’on en donne peu
au ht de cette rigole , qu’il faudra foutenir affez élevée pour que
fes eaux gagnent la hauteur qu’il leur faut, pour fe joindre à
celles du fleuve.
Comme il n’eft pas néceffaire que la même rigole côtoyé le
fleuve , on peut la faire partout ailleurs où le terrein offrira afféz
de fupériorité pour répondre au dpflein que fort a; car ce n’eft
guere que fur le lieu , après avoir bien examiné les reffources
qu’il peut offrir, que l’on découvre des moyens que l’imagination
ièule n’enfante point ; c’eft pourquoi je paffe fous filence tous
ceux qu’elle peut offrir. Je me contenterai feulement d’ajouter
CflÀP. XIII. DU DESSECHEMENT DES MARAIS. 467
qu’on fera peut-être obligé de faire des aqueducs-ponts, pour
conduire les eaux d’écoulement à leur terme, fi elles font dans
le cas de traverfer un vallon qui n’a point d’écoulement, ou de
percer une montagne qui n’auroit qu une épaiffeur médiocre.
Au furplus on doit faire une finguliere attention à bien placer
les eclufes dont nous, venons de parler; il faut les fituer affez
dillantes du fleuve pour qu’il n’en puiffe point dégraderleradier,Sc
ceoendant ne point trop les éloigner du bord, de crainte qu il ne
fe faffe des rapports de ffible qui comblerait en peu de tems la
jonction; en un mot il faut faire enforte que l’embouchure de ce
canal réponde fi bien à la direction du courant de ce fleuve, qu il
ne s’y forme point de tourbillon ou d’attériffement contraire à
la navigation, ni au libre écoulement des eaux de la campagne.
1188. Une des principales caufes qui donnent lieu à rendre
marécageux un bon terrein, vient fouvent des moulins finies
fur des petites rivières', comme il y en a un grand nombre
d’exemples : entr’autres les marais qu’on voit depuis la ville de
Laon en Picardie, jufqu’au bourg de Manicamp, qui comprennent
environ neuf lieues d’étendue dans un pays abondant en
bon vignoble, grain, bois , légumes, & c . mais qui n’a point
de fourrage à proportion des autres denrées. Cela vient de ce
que les petites rivières cfArdon 8c de Lette, coulant dans un
vallon qui étoit autrefois en bonne culture, l’ont rendu marécageux
par le débordement de leurs eaux & la négligence des
gens du pays, principalement des meuniers qui ont iaiffe ele-
, ÿer le lit de ces rivières fans les nettoyer, ni fournir d’écoulement
aux eaux qui s’amaffoient ailleurs dans les faifons pluvieu-
fes ; cependant le terrein a plus de pente qu’il n’en faut pour.les
conduire dans la riviere dO ife qu’elles viendraient rencontrer
près de Manicamp,
Le feul moyen dedeffécherce pays, ou tout autre qui fe trouvera
à peu près dans le même cas, eft, i° , de baiffer les eaux
de la riviere, en approfondiflant fon lit auquel on donnera plus
de largeur. z°. De baiffer auffi le feuil & le radier des éclufes de
tous les moulins. 30. De faire des contrefoffés le long du pied de
coteaux adjacens au marais , pour en recevoir les eaux de pluie
Scies conduire jufqu’à la riviere dOife. 40. De creufer tout
le long du milieu un canal, où viendront aboutir à droite
& àgauchs autant de rigoles tranfvecfales que l’on jugerai propos
d’en faire pour ràüemblèr les eaux de fource &-• autres ;
alors toutes ces faignées ayant été faites' convenablement à la
B - 1 ;i
Souvent tes
moulins qui
font fur les
petites rivières
, portent
un grand dom*
mage aux
prairies qui
leur répon-,
. dent»