
Idée de la
■ pille de Mon*
/avant [a démolition
PI.XXXHI.
t < 4 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e III.
gardée,vingt-quatre heures après avoir fermé fes éclufes,comme
une' des meilleures places du fécond ordre.
Pour en bien juger, on faura qu’au nord l’Efcaut la couvre
& baigne le pied de fon enceinte fur un front d’environ trente-
cinq toifes feulement, & que la retenue de la riviere de Den-
der, qui vient du fud-oueft, inonde tout le refte de fon pourtour
fur une très-grande étendue de pays qu’on ne peutfaigner
qu’imparfaitement, parce que les trois chauffées qui répondent
aux avenues partagent l’inondation en autant de baffins quife
fuccedent del’oueftàl’eft. Au furplus,ils peuvent être fans ceffe
rafraîchis par ces deux rivières, moyennant un canal ou large
fofle qui régné à la ronde depuis la partie fupérieure de l’Efcaut
jufqffà l’inférieure, obfervant qu’il traverfe les chauffées aux endroits
où elles font coupées par des éclufes fituées fous le feu
des redoutes précédentes. Rien deplusfimple que cette difpo-
fition & en même tems de plus capable d’arrêter long-tems l’ennemi
, lorfqu’un commandant courageux réglé la conduite fur
la connoiffançe qu’il doit avoir de' ce que l’aiïïégeant peut ou
ne peut pas entreprendre contre la furete de fa place ; autrement
il eft bien à craindre que nefe voyant point entouré d’ouvrages
de dehors, fon imagination ne le ferve mal. C ’eft ce qui peut
arriver lorsqu’on ne fent pas queles eaux préfentent des difficultés
fouvent plus infurmontables que ne feroit une fortification qu’on
ne feroit point en état de foutenir, faute d avoir allez de monde ;
au lieu que la défenfe par les eaux n’en exige que peu. J’ajouterai
que quand le falut d’une place dépend comme ici des inondations
, il faut non-feulement que les éclufes qui les caufent
foient parfaitement à couvert, mais les affurer encore par des
fécondés & troifiemes retenues qui puiffent, en pas d’accident,
fuppléer au défaut des premières , comme on l a p u , art. 913»
les bombes étant les foudres de guerre que les éclufes ont le
plus à redouter, & dont il n’eft moralement point pofiible de
les garantir.
947. Avant que les fortifications de Mons fuffent démolies,
il n’y avoit point de place en Europe plus impofante par lavafte
étendue de fes inondations, & le grand nombre des ouvrages
extérieurs, tous parfaitemeni appropries a la difpolition du ter-
rein & aux vues d’une bonne défenfe. Comme pendant le dernier
fiege en 17 4 6 , par l’armée de M. le prince de Conti, &
mieux encore après la reddition, j’ai examiné dans le plus grand
eiétail tout ce quelle avoit d’admirable, je crois que l’explication
C h a p . XIII. DE l ’u s a g e d e s e a u x a l a g u e r r e . 2 5 5
de ce qui a rapport aux eaux, à quoi je me borne, ne pourra
que répandrebeaucoup de lumière furies maximes précédentes,
c’eft pourquoi je vais rapporter les chofes comme fi elles exif-
toient encore. J’aurois fort fouhaité donner un plan fur une
plus grande échelle , pour en bien diftinguer les parties ; mais
comme il a fallu y comprendre la campagne fur beaucoup d’étendue
, je n’ai pu y parvenir qu’en réduifant le tout à la grandeur
ordinaire de mes planches ; cependant on ne laiffera pas
de démêler allez bien ce qu’il comprend d’effentiel.
948. Les petites rivières de Trouille & de la Haine font les
fources qui forniffent à toutes les inondations dont la ville peut
être environnée, à quoi les ingénieurs François & Autrichiens
ont travaillé alternativement comme à l’envi; pour cela ils ont
profité de la difpolition des prairies qui vont en pente du S. E.
au N. O . comme on en jugera par le cours de la Haine,paffant
à fix cens toifes des murs de la place, dont elle inonde tout le
côté du nord, tandis que la Trouille venant du fud remplit le
même objet pour la partie oppofée.
En commençant par les effets de cette derniere, on voit
qu’elle entre dans la place en coulant le long des branches gauches
des ouvrages à corne 4 , 5 , & paffe par le baftion 6 qui
couvre la porte d'eau nommée aulfi porte de la guérite ; enfuite
elle traverfe la ville & en fort par la gauche de la porte du rivage
pour fe rendre au village de Jumappe, où elle reçoit la Haine
qui perd alors fon nom, la T rouille feule confervant le fien.
949. Les deux plus anciennes inondations de Mons font celles
que l’on nomme l’étang des Prêtres & celui des Apôtres, féparés
par la chauffée qui eft à la gorge de l’ouvrage à corne de la porte
et Havre. La première, de cinq pieds de profondeur d’eau, fe
forme en fermant l’éclufe du moulin des Jumeaux, de fix pieds
de chûte, placée dans la ville, & en ouvrant la vanne du batardeau
7 dans le foffé de la piecë 6. Le-fond de l’étang des
Apôtres allant en montant à mefure qu’il approche de la porte
de Nimy, dont le foffé eft de fix pieds fupérieur à l’étang des
Prêtres, les eaux de la T rouille n’auraient pu paffer jufqu’à cette
porte fi on les avoit prifes dans la partie baffe : c’eft pourquoi
on a remonté la riviere jufqu’à l’endroit 1 o , où elle eft tra-
yerfée par une éclufe, proche le Moulin-au-bois, qui caufe une
retenue de douze pieds de chûte. Comme depuis cet endroit
jufqu’àla porte d’eau, cette riviere a fix pieds de pente, il fuit que
le niveau des eaux à l’éclufe du Moulin-au-bois a dix-huit pieds
Les inonda«
lions de Mons
étaient occa-
Jîonncespar les
petites ri-
vieies de
Trouille & de
la Ha ine. Ex-
pofè des effets
de la première.
De quelle
maniéré on
peut conduire
les eaux d*une
riviere dans
un lieu fupérieur
à fa partie
d* aval :ti-’é
de ce qui a été
exécuté à
Mens.