
Avantage
des Provin—
çes-Unies d'avoir
de grojfes
rivières répo n-
dant à leurs
ports principaux*.
VAmérique
Comprend aujji
de très-beaux
ports.
Defcription
des bayes de
PortOrBello &
deÇqrthagene.
Defcription
de la baye.
4e Rip'Jnnfir
Wt
70 A r c h i t e c t u r e H y d r a u l i q u e , L i v r e III.
que les plus gros vaiffeaux y relient à flot, Toutes les côtes font
tellement difpofées, qu’on trouve prefque à chaque endroit des
afyies allurés, & des ports fi heureufement formés par la nature,
qu’ils n’ont befoin que de batteries & de quelques forts placés
à propos pour les garantir de toute inquiétude. D ’ailleurs ce
royaume ell favorifé du cours d’un nombre de rivières profondes
, que de forts vaiffeaux peuvènt remonter de 7 à 8 lieues,
comme ils font fur la Tamife jufqu’à Londres ; auffi jamais nation
n’a fu mieux profiter de ces grands avantages & porter la
puiffance maritime à un plus haut point de fplendeur. L
675. De même les Provinces-Unies ne doivent-elles pas en
partie aux groffes rivières qui les traverfent, l’état floriffant où
le commerce les a élevées ? Il ell feulement fâcheux que leurs
côtes ne comprennent guere que des rades foraines, peu propres
à couvrir des armées navales ; mais en récompenfe, aucun
peuple n’a mieux fu que les Hollandois fuppléer par les fecours
de l’art, à: ce que la nature n’avoit point accordé à leur pays. Que
n’ont-ils point exécuté de grand & de hardi pour l'oumeitre les
eaux à multiplier leurs richeffes ?
676. L’on voit auffi de très-beaux ports en parcourant les
rivages du nouveau monde ; la baye de Porto-Bello fur l’illhme
de Panama, celle de Carthagene, dans le royaume deGrenade,
à l’entrée du golfe d’Arien, font des plus remarquables, & ne le
cedent point en bonté aux meilleurs que nous avons décrit
jufqu’ici. Les plus gr°s vaiffeaux y font toujours à flot & à l’abri
de tous les vents; leurs entrées fontaifées, bien défendues,
#infi que les rades, par des forts & des batteries qui fp croifent de
tous côtés. Leurs villes font auffi affez bien fortifiées, & ont de
beaux ports où fe chargent toutes les richeffes que les galions
apportent à l’Elpâgne.
677. La bayé de Rio-Janeiro appartenant au Portugal, n’ell
pas moins avantageufe. Elle e ll, à la bien prendre, l’embouchure
du fleuve de ce nom , qui fe dégorge à la mer du Brefil entre
deux pointes de rocher, dillantes d’environ 800 toifes, & qui
vaenfuite ens’élargiffantfurune lieue &Jdemie devant la v ille ,
& au-delà jufqu’à 3 lieues. Ce baffin ell des plus beaux qu’on
puiffe v o ir , faïn, net & tellement profond, que les armées navales
, compofées des plus gros vaiffeaux de guerre , n’ont rien
à craindre de la mer ni des vents ; car quoique ce fleuve foit
refferré par une ouverture auffi étroite , il n’a aucun courant
C h a p .III-1 ) e s p o i i t s e t a b l i s p a r l e s m o d e r n e s . 7 1
dangereux. La ville fituée à l’O. S. O . a un port formé à fouhait,
où il fe trouve 6 , 8 à 12 braffes d’eau ; il ell couvert d’une petite
ifle, fur laquelle il y a un fo r t, dont les feux qui croifent avec
ceux de la place, joint aux autres batteries fur le rivage & à
l’entrée de la b a y e , femblent rendre l’accès de ce port impraticable
à l’ennemi ; cependant pourroit-on croire que M. du
Gmy-Trouin trouva le m oyen d’y pénétrer & de s’en emparer,
parce qu’apparemment il fut mal difputé ?
678. En continuant de fuivre le rivage vers le n o rd , l’on y
trouve auffi de magnifiques bayes ; le golfe du Mexique & fes
Mes en font remplies, telles que la Mobile, le lac de Pontchar-
train , où coule la riviere du Miffiffipi; on en rencontre encore
d’autres le long de la côte jufqu’au Port-Royal, dans la Caroline
, la Virginie, la nouvelle Angleterre, où ell Ballon , port
affez beau, & la baye de Panaffila appartenant à la Grande-Bretagne,
679. La côte d’Acadie en fournit également de très-âvanta-
geufes. L ’heureufe fituation de Fille Royale qui couvre l’entrée
du fleuve S. Laurent, ell digne de remarque, ainfi que les
bayes de Chedabouftou & de la Heve.
La première, fur la côte orientale d’Acadie, a fon ouverture'
entre le cap Rouge & le Canceau; elle a du nord au fud près-
de 3 lieues fur la profondeur de 6 , fans pouvoir être battue
que des vents d’oueft, étant couverte de l’ifle Royale & du cap
Carneau ; l’une rejette les courans du nord au large, les renvoie
circuler autour du banc deTerre-Meuve, & l’autre repouffe
le retour des marées, de forte qu’on y ell très en sûreté. On y
mouille en différons endroits , principalement au nord , depuis
4 jufqu’à 9 braffes ; le port ejft placé fur une petite peninfule
abriée d’une langue de terre qui forme un baffin, dans lequel
il y a 5 à 8 braffes d’eau,. où aboutit un lac qui avance dans les
terres. Un tel emplacement eft fans contredit des plus favorables
à fétabliffement d’un port magnifique.-
680. La fécondé efl parfaitement couverte par Iesilïes Ronde
& Marotte qui en forment l’entrée de 800 toifes au S. S. E.
Cette baye s’étend d’une lieue & un quart du fud-elt au nord-
ouell fur une demie de large, fe replie enfuite vers le nord, où
elle fe réduit à un quart de lieue. Cet endroit ell des plus propres
à Fétabliffement d’un bon port ; il peut recevoir des navires de
toutes efpeces, s’y trouvant 5 ,6 & 7 braffes d’eau, & depuis 13
jufqu’à 2 5 dans la baye.
Autres bayes
que l'on rencontre
en fu i-
vaut le même
rivage vers le
nord.
Defcription
de la baye de
Chedabouc- •
tou*
Defcription
de la baye
de la Heye*