Cette plante croît naturellement dans les Indes
orientales, 8c abondamment fur - tout dans les
montagnes des environs de Gingi, d’où vraifem-
blablement elle a reçue le nom de Gingiber ou
Zingiber 3 nom qu’on a donné plus particuliérement
à fa racine, parce que c’eft la partie de cette
plante dont on fait le plus d’ufage. Elle croît
auffi au Malabar , à Ceylan, à Amboine & à la
Chine. On la cultive aux Antilles. Sa racine a un
goût très - piquant, aromatique } 8c une odeur
fort agréable.
Le Gingembre eft une fubftance tonique, fto-
machique, incilive, & un peu échauffante. Il
excite à l ’amour , diffipe les vents , & convient
dans les vieilles diarrhées , ainfi que dans les maladies
qui dépendent de foibleffe , de relâchement
des parties, ou de .viicofités abondantes.
Les Indiens ufent du Gingembre dans leurs
bouillons , leurs ragoûts & leurs falades. Ils mangent
môme en falade les racines vertes coupées
par petits morceaux, avec d’autres herbes affai-
lonnées de fel, d’huile 8c de vinaigre. Ils ont
aulîi coutume de les confire avec du fucré lorsqu'elles
font fraîches, pour les feryir au delfert.
Çjteoffr. Mat. Med.
Il paroît que le Caffumuftiar du commerce , &
qui nous vient des Indes orientales par la voie des
Anglois , diffère très-peu du Gingembre -, il y a
même apparence que c’eft la même choie. C'eft
une racine tubéreufe, de la grofïèur d’un pouce ,
coupée tranfverfalement par tranches, jaunâtre
erudedans , grisâtre en dehors , d’un goût un peu
âcre , amer & aromatique , & d’une odeur agréable.
Elle eft cordiale, ftomachique & carmina-
tive. Les Anglois vantent fort fes vertus , 8c prétendent
que c’eft un excellent remède pour l ’apoplexie
, l ’épilepfie , les vertiges , les mouvemens
convulfifs, le tremblement, &c. -
3. Amome fauvage , Amomum JylveJîre. Anio-
mum foliis lanceolatis , fcapo nudo, apice fpicà
ovatâ terminato. Zingiber latifolium fylvejîre.
Herm. Lugdb. 636. t. 637. Ehret. Pi&. t. 14. f. 1.
Mill.Diâ. n'\a.ic. 17. Tab. a6.Blackw.Tab. 40a.
Morif. H. fec.B. Tab. 14. £ a. Lampujum. Rumph.
Amb. 5. p- 148. Tab. 64. £ I. Katou-infchi-Kna.
Rhéed. Mal. II. p. 2,7. Tab. 13. AmomumZerum-
bet. Lin. Vulgairement le Gingembre fauvage.
Sa racine eft rampante , traçante, noueufe,
jaunâtre à l’extérieur, & un peu plus groffe que
celle du Gingembre. Elle pouffe des tiges hautes
de quatre ou cinq pieds, garnies, de feuilles
alternes, lancéolées , & non étroites & enfifor-
mes , comme celles de l’efpèce ci-deffus. Les fleurs
naiffent en- un bel épi ovale , difpofées au fommet
d’une hampe nue qui s’élève de la racine à côté
des tiges à fil hauteur d’un pied. Elles font d’un
blanc jaunâtre , ■ irrégulières 8c comme labiées, &
jes éçailles dont leur épi eft embriqué , deviennent
d’un beau rouge à mêfure que les fruits mûrif-
feiîf. Sj l’on preffe cet épi ftrobiliforme , il en fprt
une affez grande quantité de liqueur qui eft limpide
8c d’une odeur agréable. Cette plante croît
dans l’Inde , au Malabar, à Ceylan , & dans les
Moluques. Tp. Ses racines n’ont point un goût
fi brûlant 8c fi aromatique , ni une odeur fi fo»rte
que celle du Gingembre 3 c’eft pourquoi l’on en
fait moins ufage. Néanmoins les Indiens la cultivent
tant pour fa beauté , que pour le parti
qu’ils en tirent, en la faifant entrer parmi leurs
aïiniens.
4- A mome à feuilles larges , Amomum latifolium.
Amomum humiley foliis majoribus, ovatis ,
acuminatis ,* fcapo fpica oblongâ terminato. Kua.
Rheed. Mal. II. p. 13. Tab. 7. A n Tedoaria longa.
Bauli. Pin. 3 5 .A n gingiber fylvejîre majus 9fructu
impeâiculoJingulari. Sloan. Hift. I. p. 165. 1 .105.
f. 1. Zerumbet. Rumph. Amb. 5. p. 168. t. 68 ?
Sa racine eft blanche , épaiffe, tubéreufe ,
longue, rampante, & munie de fibres blanchâtres.
Elle pouffe quelques tiges ftériles, enveloppées
parles gaînes dès feuilles , & qui ne s’élèvent
communément qu à un pied 8c demi. Ses feuilles
font grandes, ovales , acuminées , glabres, liffes,
8c naiffent prefque toutes de-.la-racine dont elles
ne s’éloignent que par la longueur de leur gaîne.
Elles ont plus d’un pied de longueur fur environ
fix pouces de large, 8c l’ont partagées par une
nervure longitudinale faillante, d’où partent beaucoup
de nervures latérales fines 8c obliques, A côté
des tiges ftériles naît immédiatement de la racine
une hampe écailleufe, qui fe termine par un épi
lâche , oblong 8c obtus à fon fommet. Les écailles
de cet épi font longues, plus larges dans leur
partie fupérieure qu’à leur bafe, & font im peu
la pointe à leur extrémité. Les inférieures font verdâtres
3 celles du milieu font jaunes 3 8c les„fupé-
rieures font rouges, pourpres, & même d’un beau
bleu. Celles du fommet font prefque blanchâtres.
Les fleurs font difpofées deux ou trois enfemble
dans chaque aiffelle des écailles de l’épi 3 elles
font campanulées , blanchâtres ou jaunâtres , irrégulières
, labiées , & moins grandes que les écailles
qui les accompagnent. Le limbe de leur corolle
eft partagé en quatre découpures, dont-une plus
large & plus grande forme la lèvre fupérieure,
& les trois autres rapprochées , tiennent lieu de
l’inférieure. L’anthère de chaque fleur termine
une languette pointue, & forme un petit fourreau
par la réunion de fes bords , au travers duquel
paffe le ftyle , comme dans -les autres efpèces de
ce genre. Ces fleurs ont une odeur agréable. Cette
plante croît au Malabar , 8c vraifemblablement
dans les autres régions des Indes orientales* Sa
racine a une faveur âcre , piquante , aromatique,
& un.peu amère. Son odeur eft forte & agréable.
Cette racine féçhée 8ç réduite en poudre perd de
fon âcreté, 8c devient propre à faire une efpèce
dé pain dont les Indiens fe noürriffont dans la
difette.A
m o MP à grappes, Amomum racemofum»
Of^c. Am om um f c a p is îong is , a r ticu la tis , repent
i b us j racemis la tera lib u s , a l t é r a i s , p a rv is .
Elettari. Rheed. Mal. i l . p. 9. Tab. 4 & 5.
Am om um legitimum. Pona. Mont. Bald. 50. C a r -
damomum J im p liç ite r in offic ia is dictum. Bauh.
Pin. 414. Am om um cardamomum, Lin. Cardamome
de la cô te de M a la b a r . Sonnerat. V o y a g e a u x
In d e s y T om e I I . p . 240. T a b . 136.
/3. Am om um granum p a ra d ifi. Lin. Elettari.
Rheed. Mal. II. Tab._6.
L a racine de cette plante eft longue , traçante ,
un peu épaiffe , noueufe., tortueufe , blanchâtre ,
8c garnie de beaucoup de fibres latérales. Elle
pouffe plufieurs tiges droites , feuillées , fté r ile s , 8c qui s’élèvent jufqu’à la hauteur de huit à douze
pieds. Ses feuilles fon t altern es, étroites-lancéo-
ïées , acuminées , vertes , glabres , minces, rétrécies
à leur bafe , 8c s ’insèrent par le moyen d’une
longue gaîne qui enveloppe la tige. Elles ont huit
à quinze pouces de longueu r, fur deux à quatre
pouces de la r g e , & font partagées longitudinalement
par une nervure moyenne, blanche , faîl-
lante en leur furface poftérieure, & d’où partent
beaucoup de nervures la térales, ob liq u e s, extrêmement
fines.
Les fleurs naiffent de la racine au bas des tiges ,
fur des; je ts rampans ou des efpèces de hampes
menues, couchées fur la terre , articulées, 8c longues
d ’un pied 8c demi. A chacune des articula- ’
tions de ces hampes, fort de l ’aiffelle d’une écaille
fpathacée , longue d ’un pouce & d em i, membra-
neufè , très-mince , 8c ltriée dans fa longueur ,
une petite grappe particulière qui s ’alonge ju fqu ’à
deux pouces 8c d em i, & foutient une vingtaine de
fleurs blanchâtres. Ces fleurs fe développent fuc-
ceffivement, font placées chacune dans l ’aiffelle
d ’une bractée membraneüfe , & ont en outre une
fpathe, propre, tubulée , trè s-mince , & ouverte
Amplement à fon extrémité, où fon bord forme
deux lobes courts & obtus 3 cette fpathe tient
lieu de calice. L a corolle forme à fa bafe un tube
g rêle , long de trois ou quatre lignes , 8c qui eft
fitué fur l ’ovaire. Son limbe fe partage en quatre
divifions inégales , dont trois font étroites-lancéo-
lé e s , minces , longues prefque de quatre lignes ,
ouv ertes , 8c affez femblables entr’elles : la quatrième
divifion eft un peu plus grande que les
autres , élargie vers fon fom m et, 8c de couleur
blanche avec quelques raies violettes-. L ’anthère
de l ’étamine- eft adnée dans la partie fupérieure
d ’une languette étroite qui naît du fond de la
fleur. Elle fo rm e , par 'le rapprochement de fes
b o rd s , un petit cy lindre, au travers duquel paffe
le f ty le du piftil.
Le fruit eft une capfule obronde , ayant trois
angles ou trois côtés arrondis, comparable, pour
la groffeur, à une graine du M or in g a ( noix dé
Ben) , mais plus courte, marquée dans fa hauteur
de quelques nervures parallèles , 8c partagée intérieurement
en trois loges qui renferment chacune
plufieurs femençes anguleufos , rouffeâtres ou noirâtres.
Ces capfules lent difpofées comme- des-
grains de raifin , par petites grappes fituées alternativement
le long des hampes couchées que produit
cette plante. La variété £. ne fie diftingue
que parce que fes feuilles font un peu plus larges
que celles de la plante dont on vient de faire l ex-
pofition.
Cette efpèce croît à l’ombre , dans les lieux
humides & inclinés des montagnes du Malabar ,
& m’a été communiquée par M. Sonnerat. Tfl.
( v . f ). Ses feuilles fraîches ont une faveur piquante
, aromatique & un peu amère. Ses graines ont
. les mêmes qualités 8c dans un degré plus éminent 3
ce qui les fait conftamment rechercher.pour l’ufa-
ge, comme affaifonnement, par les Indiens. Les
fruits de cet Am om e font un objet de commerce
à la côte de Malabar. Les Indiens en mêlent les
femençes avec le bétel, 8c prétendent qu’elles
facilitent la digeftion. Ces femençes ont un goût
très-agréable 3 écrafées dans la bouche , elles y
produifènt un froid qui plaît. Elles font échauffantes
, cordiales , ftomachiques, incifives , diurétiques
& emménagogues. M. Geoffroi dit que quelques
perfonnes les recommandent pour prévenir
le vertige 8c l’apoplexie.
* * F le u r s au fom m e t d ’ une tig e fe u illé e .
6. A mome velu , Am om um h ir fu tum . Am om um
ca ulib us fo lio f i s fp ic a t is , f o l i i s fu b tu s ïev ite r h i r -
fu t i s ; f lo r ib u s am plis , e x albo fla v e fc e n t ib u s .
Tsjana-Kua. Rheed. Mal. ï ï . p. 15. Tab.‘ 8. P a c o -
Caatinga. Maargr. Braf. 48. Pifon. a i 4. Coflns,
A r a b i c u s . Lin. ?
Sa racine eft blanche , rampante , noueufe ,
aqueufe', tendre, 8c garnie de beaucoup de fibres.
Elle pouffé des tiges cylindriques , feuillées , articulées
, fimples, & hautes de trois ou quatre
pieds. Les feuilles font alternes , ovales-lancéo-
lées, acuminées, grandes, vertes en deffus, &
chargées en leur furface poftérieure de poils fins -
très-courts , qui les rendent très-douces au toucher
& blanchâtres. Ces feuilles ont environ dix
pouces de longueur , fur prefque quatre pouces
de large. Chaque tige eft terminée par un épi
court, f effile, ftrobiliforme, 8c embriqué d’écail-
les petites , ovales, ayant une pointe courte à leur
fommet. Les fleurs font fort grandes , & ne s’épa-?
nouiffent que fucceffivement. Leur calice propre
eft à trois divifions, dont une eft beaucoup plus
profonde que les autres. La corolle non développée
eft velue 8c comme foyeufe extérieurement. Lorf-
qu’elle eft épanouie , elle a trois .pouces de longueur
, fur plus de deux pouces de large. Cette
corolle eft blanche ou jaunâtre , campanulée -
tùbulée à fa bafe, 8c a fon limbe partagé eh quatre
grandes découpures, dont trois font ovales 8c
prefqu’égales entr’ellês , & la'quatrième deux fois
plus grande que les autres , eft ample, arrondie
a fon fommet, en gouttière vers fa bafe, & repliée