
En 1710 , le fameux Boerhaave, à qui
l’Art de guérir eft fi redevable , ayant été
nommé ProfefTeur de Botanique dans l’U-
niverfite de Le yd e , fe livra avec ardeur à
l’étude de cette Science , & s’y diftingua
comme il l’a fait dans toutes les autres
qu’il a cultivées'. Il publia dans deux éditions
, l’une en 17 10 , & l’autre en 1720,
le Catalogue des Plantes du Jardin de
Leyde, dans lequel on trouve l’expofition
de plufieurs végétaux peu connus dans ce
tc-ms, 8c particuliérement de beaucoup
d’efpèces de Protées, dont il donne les
figures. Boerhaave y établit une méthode
qui paroît combinée de celle de Rai, de
celle d’Herman & de celle de Tournefort ;
mais qu i, outre qu’elle eft compliquée &
un peu difficile dans l’ufage, n’offre point
de confidération nouvelle.
SébàïHëh Vaillant, très-habile Botanifte
François,. qui, né en 1669, s’adonna dès
la plus grande jeuneffe à l’étude & à la
recherche des végétaux, exerça pendant
quelque tems la Chirurgie , fuivit lesieçons
de Botanique que Tournefort faifoit au
Jardin du Roi ; & enfin, après avoir donné
des preuves d’un grand favoir , fut pourvu
de la charge de Démonftrateur au Jardin
royal des Plantes. Son Botanicon Pari-
fiênfe , ou dénombrement des Plantes qui
crojflènt aux environs de Paris , prouve
quelle fut PaéHvité incroyable de ce Botanifte
dans fes recherches, par le peu d’objets
qu’il a oubliés , quoiqu’il foit mort
avant d’avoir pu corriger fuffifamment cet
Ouvrage , & lui donner le degré de per-
feâion dont il étoit capable ; il prouve encore
quelles forent fes connoïflances & fa
fagacité, par la manière dont il détermina
les Plantes qu’il découvrit. Parmi les
différens Mémoires & Ouvrages particuliers
de Vaillant, on diftingue un Difconrs
fur la ftruâure des fleurs & fur l’ufage de
leurs différentes parties-, dans lequel ce
Botanifte expofe des expériences qui lui
font propres, fur l’explofion de lapouflière
des étamines , & fait connoître le fexe' des
Plantes ; enfuite la publication d’une méthode
particulière for les plantes à fleurs
compofees, qu’il divife en Cynarocéphales,
Corymbifères, Chicoracées & Dipfacées ;
enfin, d’excellentes remarques en général
fur leslnftituts de Botanique de Tournefort.
En 1718 , Henri-Bernard Ruppius, Allemand
, eflàya , dans fon Flora Jenenjis,
de corriger la méthode de Rivin, & la
Amplifia un peu. On trouve dans cet Ouvrage
quantité de Plantes rares que l’ardeur
que ce Botanifte mit toujours dans
fes recherches, lui fit découvrir.
Jule Pontedera , Italien, chercha à per-
feâionner la méthode de Tournefort en ta
développant davantage, & en la combinant
un peu avec celle de Rivin. Dans fon.
Ouvrage imprimé à Padoue. en 1720 , 8e
intitulé, Anthôlogïa, ou de la nature de la
fleur , ce Botanifte définit les différentes;
parties des fleurs, établit ce que l’on doit
regarder comme calice, & ce qu’il faut
nommer corolle , & nie le fexe des Plantes
, en attribuant aux étamines 8taux piftils.
des» fonêtions différentes que celles, qüi
concernent la fécondation des fleurs.
Chriftian Buxbaume,. Allemand, publia
en 1721 le dénombrement des Plantes qui
naiflènt aux environs de Hall, fut enfuite
en Rtiflîe, & delà à Confiaittinopie, dont
il parcourut les environs, ainfi que diver-
fes régions du Levant , pour y découvrir
les Plantesles moins connues. Ce Botanifte
compofa en quatre vol. m-4. un Ouvrage
intitulé : Cenmrire Plantarum rariorum.
circà By^antium & in oriente objervatarum,,
dans lequel il décrit un peu brièvement
un allez grand nombre de plantes , dont il
donne de médiocres figures, & parmi lef-
quelles il fe trouve une grande quantité
dé Champignons, de Lichens, de Moufles,
quelques Graminées , 8cc.
Jacques Dillen , auflï Allemand , fut un
des Botaniftes les plus diftingués de ce
fiècle : infatigable & heureux dans fes recherches
, favant 8c éxaét dans tous fes
écrits , ce laborieux Obfervateur concou-
rufbeaucoup de fon côté aux progrès de
la Science qu’il cultiva r èn fhifant connoître
quantité de Plantes qu’on n’avoît point
encore examinées ou décrites. Les Ouvrages
les plus remarquables- que publia cet
habile Botanifte, font, en 1719 , VEnumération
des Plantes qui eroiJJent aux environs
de Giefen ; en 1732, le Catalogue du Jardin
de Jacob Shérard à Londres , fous le titre
dé Hortus Elthamenjis , dans lequel on
trouve beaucoup de Plantes rares bien décrites,
& de fort bonnes figures ; enfin ,
en 1741 , l’excellente Hifloire des Mouffes,
fruit d’un travail immenfe , & qui fut
exécutée tant pour les deferiptions que pour
les figures, avec une perfection admirable.
Jean-Jacques Scheuchzer, originaire, de
Suiffe , homme d’un grand mérite , & vraiment
inftruit à bien des égards , s’adonna
avec beaucoup d’ardeur à l’étude 8t à la
recherche des Plantes ; & pour cet objet,
fit différens voyages dans les Alpes, où il
obferva beaucoup de Plantes'dont il donna
les • deferiptions, C’eft fon frère Jean
Scheuchzer , q u i, paflionné aufli pour la
-même étude , publia l’excellent livre intitulé
: Agrofîographie , ou Hijloiredes Graminées,
des Joncs , üc. Ouvrage immenfe
pour le travail qu’il a exigé , 8c qu i, dans
fon genre , feroit comparable à VBifioire
des MouJJes de Dillen, fi fon Auteur eût
donné Jes figures des Plantes entières , &
s’il eût rendu plus faillans les caraâères
diftinâifs de chaque Plante dont il traite ,
aulieu de les laiffer , corfnne égarés, dans
de longues deferiptions qui empêchent
qu’on ne les faififfe.
, Pierre-Antoine Micheli, né à Florence
vers l’an 1680 , s’acquit beaucoup de célébrité
en Botanique par la nature de fes
recherches , 8c par la fineffe inconcevable
de fes obfervations ; quoique cet homme
étonnant par fes travaux , fu t , dit-on ,
pauvre , non lettre, & Jardinier dans fon
origine. Il n’eft perfonne maintenant parmi
ceux qui fe livrent vraiment à l’étude de
la Botanique, qui ne connoiffe & n’ait fou-
vent befoin de confulter le bel Ouvrage de
Micheli, intitulé : Nova PJàhtarùm généra,
juxtà Tournefortii methodum dijpofita -, &c.
tant à caufe des genres nouveaux & inté-
refiàns que contient cet Ouvrage , que par
les découvertes fingulières qu’a faites fon
Auteurv au moyen du microfcope, fur les
Champignons, les moififfures, Sec. &
dont les objets font repréfentés par des
figures excellentes. - _
Je ne finirois pas, fi je voulois citer ici
avec les moindres détails tous ceux qui fe
font diftingués dans la Botanique au commencement
de ce fiècle , & prouver par-là
combien le goût de l’étude de cette Science
s’eft étendu généralement depuis que Tournefort
, par fes favans écrits , y eut répandu
le plus gtand jour. Ainfi, gêné par les
limites dans lefquelles je dois me renfermer
dans cet Ouvrage, je ne dirai qu’un mot
Des Rudbecks père & fils , Suédois ,
dont le premier donna en 1685 un Catalogue
intéreffant du Jardin d’Uplal 3 8c le
fécond entreprit un vafte Ouvrage fous le
titre de Campi Elyjii, q u i, pour la plus ,
grande partie , fu t , à ce qu’on prétend,
confumé dans un incendie funefte.
Des Comme’ins , Hollandois ; favoir,
de Jean Commelin , qui enrichit de beaucoup
de notes favantes le Jardin de Mala-
"bar ,-lorfque ce bel Ouvrage parut ; 8c de
Gafpard Commelin, fon neveu , q u i, outre
le Catalogue du Jardin d’Ainfterdam , où
l’on trouve un grand nombre de Plantes,
rares avec des deferiptions 8c d’affez bonnes
figures , donna en 1703 un Ouvrage
intitulé ; Proeludia Botanica ; un autre en.
1 71 e , fous le nom de Planta^ rariores
ho n i Amfldodamcnfis , 8c un Catalogue dit ,
Jardin de Malabar, avec une fynonymie
foüs le titre de Flora Malabqrica.
De Volkamer, Allemand , qui-en 1700,
publia la Flore de Nuremberg j 8c de cet;
autre Volkamer , qui r quelques années
après, donna un. allez bel Ouvrage fur les
Orangers , Citronniers ,. 8cc. que l’on cultivé
dans les parties méridionales de l’Allemagne..
De Mappns, de Strasbourg, qui entre
autres Ouvrages,. publia en 1.742. une Histoire
intentante des Plantes de V Alface..
De Zânichelli, Apothicaire de Veriife ,,
qui décrivit les Plantes des environs de
cette V ille, 8c qui dans un Ouvrage p o t
thume, donna le Catalogue des Plantes
qu’il a obfervées dans fes Voyages fur plufieurs
montagnes des Alpes & du Tyrol.
De Kenipfer Allemand , qui voyagea.