
rA VE R T I S S E ME NT.
Il importe que. nous avertiffiohs ici que, comme nous n’avons pas pu voir toutes
les Plantes dont nous avons dû faire mention dans cette rédaction générale des végétaux
connus nous avons eu grand foin de diftinguer toutes les defcriptions que nous avons
faites d’après les Plantes mêmes que nous avions alors fous les yeux , foit vivantes ,
foit sèches de celles que nous avons été forcés de faire d’après les livres, 8c l’on fent
que . quelques efforts que nous ayons fait pour donner une idée jufte, claire & concife
de chaque Plante dont nous avons traité , nous ne répondrons cependant de l’exaâitude
de nos'defcriptions, qu’à l’égard des Plantes que nous avons pu v o ir , O r , nous avons
diftino-ué celles-ci par cette marque placée, au bas de leur defcription (v. v. ) c’eff-à-
dire, vue vivante ; ou par cette autre marque ( v. f. ) , qui fignifie vue sèche. Nous n’avons
placé aucun figne qui nous foit propre, aux defcriptions des Plantes que nous ne
connoiffons que par les livres : ces dernières defcriptions néanmoins ont été faites avec
foin- 8e à leur égard, on verra que nous n’avons copié fervilement aucun Auteur
particulier, toutes les fois que plufieurs Auteurs ont contribué à les faire conno'itre,
mais que nous avons tâché de profiter de l’enfemble de leurs obfervations pour éclaircir
les fujets .que nous avons traité d’après elles.
Pour abréger, nous avions d’abord fupprimé, comme dans notre Flore Françoife (*),
!a phrafe de°Botanique que Linné met à la fuite du nom de chaque Plante , parce
que cette phrafe ne pouvant être confidérée comme le nom de la Plante même, ni
comme propre à en offrir une defcription fuffifante, nous paroiffoit inutile ; mais
depuis ayant fait attention à l’avantage qu’il réfulteroit fi l’on exprimoit féparément
& en peu de mots le caraâère effentid de chaque efpèce de Plante, nous avons penfé
que les phrafes de Linné rempliroient affez bien cet objet; 8c fous ce point de vue,
nous nous fournies déterminés à citer immédiatement après le nom de chaque Plante ,
la phrafe même de Linné, ou à en compofer une nouvelle toutes les fois que lafienne
nous a parue défeâueufe , ou lorfque la Plante dont nous avons parlé n’étoit pas mentionnée
dans fes Ouvrages.
Cet Ouyrage fe trouve à Paris, chez Gogué & Née de fa Rochelle, Libraires, Quai des Auguflins,
D I S C O U R S
JLLUU
R S
p r é l i m i n a i r e .
T i a Science qui a pour objet la connoif-
fance des végétaux, oc à laquelle on a donné
particuliérement le nom de Botanique, e ft,
je ne crains pas de l’avancer , de toutes
les parties qu’embraffe l’étude de l’Hiftoire
naturelle, celle qui préfente en même
tenis 8c les objets d’utilité les plus nombreux
, 8c les agrémens les plus variés. Les
alimens fains 8c de tout genre que les
plantes offrent à l'homme pour fes befoins
les plus eflentiels ; les reffources innombrables
qu’elles fourniffent à la Médecine dans
le traitement des maladies ; les tributs
multipliés dont elles enrichiffent prefque
tous les Arts.; enfin , les charmes qu’elles
o n t , foit à la campagne , foit dans nos
jardins , fous mille afpeâs divçrs ; tout, en
un m o t, concourt à affiner une prééminence
marquée à l’étude de cette branche
étendue des connoiffances humaines , 8c
à en faire fentir les attraits inépuifables.
En effet, que l’on porte un inftant fon
attention fur l’énorme quantité des végétaux
dont prefque toutes les parties de la
furfàce du globe font couvertes , 8c qui
fans doute pourroient, par leurs qualités
propres , fervir à nos befoins , ou multiplier
les agrémens de la vie , fi nous con-
noiffions mieux tout le parti que nous en
pouvons tirer ; 8c qu’enfuite l’on jette un
coup-d’oeil particulier fur les points de vue
touchans 8c gracieux que cette multitude
^d’êtres organifés offre fans ceflè à notre
obfervation ; alors on ne pourra qu’être
vraiment frappé d’admiration à la vue de
tant d’objets intéreflans qui naiffent de
tous côtés fous nos pas, 8c en même tems
faifi d’un defir ardent de les connoître.
Cependant, il faut l’avouer, ce v if intérêt
qui doit nous porter à rechercher la
connoiffance des plantes, n’a pas toujours
été fuffifamment lenti ; 8c l’emprefïèment
Botanique. Tome I.
de jouir ayant malheureufêment précédé’
trop long-tems l’envie de bien connoître
a apporté beaucoup d’obftacles aux avan-’
tages réels qu’on auroit pu retirer de cette
jouiffànce.
Je ne balance pas à le dire , les fervice
innombrables que les plantes peuvent rens
dre à l’homme dans tous les cas poffibles “
ne réfulteront jamais de la feule recherch,
de leurs vertus 8c de leurs qualités partie
culiéres ; on ne pourra fe flatter de les obtenir
qu’autant que l’on fera marcher comme-
de front cette même recherche avec l’étude
fuivie des caraêteres qui diftinguent les
plantes, 8c qui font le feul moyen d’en
perpétuer la connoiffance.
On trouve une preuve bien convaincante
de cette vérité, lorfqu’on remonte aux
tems les plus reculés , pour y envifager
l’état où étoit alors la Botanique. Dans ces
tems où cette belle fcience étoit à peine
naifîànte , les hommes s’occupant uniquement
de fon utilité, ne prenoient aucune
précaution pour affiirer les propriétés des
plantés que l’expérience ou d’heureux ha-
fards leur avoient fait découvrir ; ils négli-
geoient entièrement le moyen de perpétuer
leurs découvertes par la diftinction
8c l’exaête defcription des plantes qui en
étoient l’objet, 8c par cela feu l, leurs
fuccès n’eurent qu’une utilité momentanée
8c paffagère.
Lés noms dès-lors furent tous donnés
fans jugement 8c fans principes ; ils fe
multiplièrent diverfement pour les mêmes
chofes, préparèrent d’avance tous les incon-
véniens inféparables des efforts qu’il a fallu
faire dans la fuite pour réparer cette nomenclature
défeâueufe; & dès ce tems
occafionnèrent par-tout la confùfion par
les applications erronées que cette caufe
rendit inévitables.
a