
les fiffures latérales , 8c ayant chacun latéralement
deux filets qui vont en groffiffant vers leur bafe,
8c qui aboutirent chacun de leur côté dans l’une
des loges des écailles (<f) -, ( f ) un piltil compofé
de deux ovaires fupérieurs,, chargés d’un ftyle
court -, (g ) un corps tronqué $ légèrement penta-
gône, ayant fur chaque côté une fente particulière
, & qui, comme un couvercle, couvre les
deux ftyles, & cache entièrement le piftil de la
fleur. V o y e [ les art. Asclepiade & Cynanque.
Remarque.
La fingulière conformation des fleurs dont nous
venons de parler , a donné lieu à diverfes conjectures
fur les noms qu’on doit donner à certaines
de leurs parties , relativement aux fondions que
chaque Botanifte a cru pouvoir leur attribuer. En
général, il n’eft pas aile de décider lefquelles de
ces parties la plupart des Auteurs regardent comme
les véritables étamines , 8c quelles font celles
qu’ils prennent pour les anthères mêmes de ces
fleurs. Ce font vraifemblablement les écailles (*ƒ)
que M. Linné prend pour les étamines , dont il dit
que les filets fontprefque nuis, M. Adanfon regarde
les cornets (r) comme les filets des étamines, 8c
les écailles (J) comme les anthères. M. Jacquin
dit que les anthères font enfermées dans les loges
des écailles ( d ) , d’où partent de chaque côté
deux filets qui vont en divergeant à droite 8c à
gauche de chacune de ces écailles , 8c qui confé-
quemment font au nombre de dix ; ce qui a fait
dire à un Auteur Allemand que les fleurs dont il
eft queftion font décandriques. Les Savans que
nous venons de citer, ne nous paroiffent point
défigner d’une manière fpéciale l’ufage des cor-
pufcules noirs (V) , qui font fitués chacun au-deffus
des fiffures latérales du corps qui couvre le piftil.
En 1779 , M. des Fontaines lut à l’Académie
des Sciences un Mémoire qui contient des recherches
trc-s-intéreffantes fur la ftruâure fingulière
des fleurs dont nous nous occupons dans çet article
, & qui obtint l’approbation de l'Académie.
M. des Fontaines , après avoir décrit avec préci-
fion les parties de ces fleurs , cite les cinq corpuf-
cules noirs ( e ) , auxquels avant lui on n’avoitpas
fait une attention fulhfante , comme étant les véritables
anthères des étamines ; 8c fait remarquer
que la nature a placé chacun de ces corpufcuîes
immédiatement au-deffus des fentes latérales du
corps tronqué (g) , afin qu’ils puflent communiquer
plus facilement au piftil leur vapeur fécondante
-, enfin , il regarde les fentes latérales de ce
corps tronqué , comme autant de ftigmates, ou
comme des ouvertures qui en font les fonctions.
M. Richard a préfenté à l’Académie des Sciences
, quelque tems après- M. des Fontaines , un
Mémoire fur le même fujet, 8c qui a auffi obtenu
fc-n approbation. Ce Botanifte regarde les corpuf-
cules noirs (e) comme des ftigmates particuliers,
mobiles & non adfiérens au piftil \ & il prend
pour les anthères des étamines , les écailles (d ) ,
comme plufieurs autres Botaniftes dont nous avons
fait mention. Nous expoferons notre fentiment fur
ce fujet en traitant du genre des A fc lép ia d e s . Voye%
cet article.
Les principaux genres qui compofent la famille
des A p o c in s , font les fuivans.
* F r u it s géminés.
L’Afclépiade, A f c lc p ia s .
La Cynanque , Cynanckunn
La Périploque , Per ip lo ca . .
L’Apodn , A p o cy n um .
L’Echite , E c h ite s .
La Pergulaire , P ergularia.
La Ceropége, Ceropegia.
La Stapelie , Stapelia.
Le Laurofe , N e r ium .
Le Franchipanier, P lum er ia.
Le Camerier, Camer aria.
Le Taberné , T a b e rn am o n ta .
La Pervenche , P e rv in ca *
* * F r u it s fo lita ir e s .
La Matelée , M à tè lea .
L’Ahouai, Cerbera.
Le Boiflait, R a u v o lfla .
Le Pacourier, P a cou r ia .
L’Ambelanier, Am b e lam a .
L’Orelie , A llam a n d a .
La plupart de ces genres conftituent un des.
rdres naturels de: M. Linné fous le nom de Contortoey
auquel il ne joint aucun caraâère diftindif^.
mais ce Botanifte réunit mal-à-propos à cet ordre
le G a rd én ia le Genipayer~y 8c c . qui font des
plantes de la famille'des R u biacç es , 8c par confé—
quent. très-différentes de celles qui compofent la
famille que nous expafons ici. i
APOCIN , A P O C Y N U M ; genre de plante à
fleurs monopétalées, de la famille du même nom ,
qui a de grands rapports avec les Afclépiades , les
Echites & les Périploques , & qui comprend des
plantes exotiques dont les fleurs difpofées par bouquets
orefque corymbiformes, font y quoique petites
, affez belles à voir.
CARACTERE GÉNÉRIQUE,
La fleur confifte en un calice monophylle, petit«;
perfiftant, & à demi-divifé en cinq parties droites
8c pointues -, en une corolle monopetaîe , campa—
nulée .. courte, & dont le bord eft partagé en cinq
découpures un peu ouvertes , ou quelquefois roulées
en dehors ; en cinq corpufcuîes ovales, qui
entourent les ovaires •, en cinq et amines , dont les:
filets très-courts foutiennent des anthères oblon-
gues, droites, pointues, conniventes , & point
fâillantes hors de la fleur -, & en deux ovaires
fupérieurs, dont les ftyles plus ou moins apparens-
#
■ ont leurs ftigmates prefque plus grands que les
ovaires mêmes.
Le fruit eft compofé de deux follicules longs ,
acuminés , uniloculaires , & qui s’ouvrent chacun
d’un feul côté par une Fente longitudinale. Ces
follicules renferment des femences très-petites ,
nombreufes , couronnées d’une longue aigrette de
poils , & attachées autour d’un placenta libre 8c
en alêne.
Caractère d i f l in c t i f
Les A p o c in s diffèrent des A fc lé p ia d e s par le
défaut de cornets auriculés dans leurs fleurs ; des
E c h ite s , parce que dans celles-ci les fleurs n’ont
qu’un ftyle , 8c ont en général leur corolle en
entonnoir -, 8c des Pér iplo q ues y parce que dans
ces dernières les corolles font divifées au-delà de
moitié, 8c ont un petit cylindre membraneux,
dont le bord eft à cinq dents.
E s p e c e s .
I. Apocin gobe-mouche , A p o cy n um androfee-
m ifolium . Lin: A p o cy n um ca ule r ec tiu fculo , herba-
ceo ; fo liis . ovatis , 'utr.inque g la b r is ; cymis term i-
na lïb ü s . Lin. Mill. Di&. n°. I . A p o cy n um in d ic um ,
f o l i i s androfesmi m a j o r i s f l o r e ï i l i i con va llium
fu à vc -ru b en tis . Tourn. 91. A p o cy n um . Dod. Mém.
Tab. 59. A p o cy n um Cana denfe , f o l i i s ah drofoemi
majo r is. Bocc. Sic. 35. Tab. 16. f. 3- Morif. Hift.
3. p. 609. Sec. 15. t. 3. f. 16.
Cette efpèce eft fort jolie lorfqu’elle eft en
fleur : fa tige eft haute d’un pied 8c demi, herbacée
, rougeâtre , & diviféeen rameaux ouverts •,
les feuilles font oppofées , ovales, pointues, très-
entières , vertes en defliis , d’une couleur pâle en
deflous, glabres en leur furface fupérieure , 8c
chargées fur leurs nervures poftérieures 8c en leurs
bords , de quelques poils cotonneux. Ces feuilles
font longues d’un pouce & demi , fur environ un
pouce de largeur , & font foutenues chacune par
un pétiole long d’une ligne feulement. Les fleurs
iraiffent par bouquets prelqu’onibelliformes , qui
terminent les rameaux 8c la tige. Elles font d’un
beau rouge , ou légèrement purpurines , fouvent
un peu inclinées , & ont leur corolle campanulée
8c courte , comme celles du Muguet de Mai, ou
de certaines eîpèces d’Andromède. Les pédoncules
propres font plus courts que les fleurs qui n’ont
elles-mêmes que 'deux lignes 8c demi de longueur
ou environ. I.es fruits font des follicules étroits
en alêne , glabres, 8c longs de deux pouces 8c
demi. Cette plante croît naturellement dans le
Canada 8c la Virginie -, on la cultive au Jardin du
Roi. Tp. ([y. v.’)
L’élégance de fon port & la beauté de fes bouquets
de fleurs, engagent à la cultiver dans les
jardins pour fervir de décoration. On lui a donné
le nom de gobe-mouche, parce que les mouches,
avides du fuc mielleux qui fe trouve au fond de fes
fleurs, infirment leur trompe par le paflage çtralt
oui fe trouve entre les corpufcuîes qui entourent
les ovaires , & ces ovaires eux-mêmes ; 8c lorfque
ces infe&es veulent retirer leur trompe, elle fe
trouve engagée d’autant plus fortement, qu ils
font plus d’eftorts pour la relever. Ainfi ces infeâes
à demi-enfoncés dans les fleurs, y font pris comme
dans un piège, 8c y périffent fans pouvoir s en
retirer. Toutes les parties de cette plante renferment
un fuc laiteux abondant.
a. Apocin à fleurs herbacées, A p o cy n um ca n -
nabinum. Lin. A p o cy n um caule rectiufculo , kerba-
ceo , f o l i i s obl'ongis y p a n icu lis ten n in a lib u s . Lin,
Malm.; it. 3. p. 0,58. Mill. Dict. n°. 1 . A p o cy n um
Canadenfe ramofum , f lo r e è v ir id i aïbicante , J ili-
quâ tenuifjimâ. Morif. Hift. 3. p. 609. Sec. 15.
t. 3. f. 14: A p o cy n um V irg in ia n um , f lo r e herba-
ceo y Jiliguâ-longiflîmâ. Morif Hort. Reg. Bief.
Tournef. 91. A p o cy n um C a n a d e n fe , & c . Pluk.
Tab. 13. f. I. A p o cy n um erectum , V irg in ia n um y
6-c. Pluk. Alm. 35. Tab. 2.60. f. 4?
S es tiges font droites , herbacées , rougeâtres ,
pubefeentes dans leur partie fupérieure, médiocrement
rameufes , & hautes de trois pieds ou environ.
Elles font garnies de feuilles oppofées,
ovales - oblongues , entières, terminées par une
petite' pointe particulière, vertes en deffus avec-
quelques poils rares , 8c abondamment chargées
de duvet en deffbus; ce qui les fait paroitre d’un
verd blanchâtre & prefque cotonneufes. Ces feuilles
ont deux à trois pouces de longueur , fur un
pouce ou un peu plus de large, & font foutenues
par des pétioles pubefeens longs de deux lignes.
Les fleurs font petites , d’une couleur herbacée ou
d’un verd blanchâtre , 8c difpofées en un corymbe
branchu 8c terminal. Les pédoncules font pubefeens
, ainfi que les calices, 8c font munis de petites
bradées ftipulaires & aiguës. Les fruits font longs ,
très-grêles , & prefque femblables à des aiguilles.
Cette plante croît naturellement dans la Virginie
& le Canada. On la cultive au Jardin du Roi. TjC-
(y. y. ) Elle fleurit en Juillet, 8c contient un fuc
laiteux.
3. Apocin maritime, A p o cy n um veneturn. L in .
A p o cy n um ca ule rectiufculo y herbaceo * f o in s
ova to-la n c co la tis . Lin. Mill. DiéL n®. 3. A p o c y -
num maritimum , v en e tum , fa l i c i s f o l i o , f lo r e
purpureo. Tournef. 9—• T ith ym a lu s maritimus ,
p u r p u r dfeentibus flo r ib u s* Bauh. Pin. 2.91. E f l i a
rara è lio v enetomm in fu la . Lob. îcon. p. y j l .
0. A p o cy n um maritimum , v enetum , f a l i c i s
f o l io , f lo r e alèo . Tournef. 9T.
Cette efpèce , quoiqu’un peu moins élevée que
la présidente , a quelque chofe de plus gracieux
dans fbn port, 8c produit des fleurs un peu plus
grandes, mieux colorées & plus agréables à la
vue. Ses tiges font cylindriques , vertes ou rou-
: geâtres , glabres, rameufes, droites , 8c hautes de
deux pieds ou quelquefois un peu plus. La plupart
de leurs rameaux font fitués alternativement. Les.
feuilles font oppolces > prefque {effiles, oblongues t