
rement ; d’avoir , dans une infinité de cas,
choifi des noms de végétaux dans les Ouvrages
des Anciens, pour les rapporter à
des Plantes qui n’ont rien de commun avec
les végétaux qui les portoient autrefois ;
d’avoir donné lieu à quantité d’équivbqües,
en multipliant par diffèrens idiomes, l’ex-
preffion d’une même idée ou d’un feiil
nom déjà connu , pour faire de ces nouveaux
mots les noms propres de divers
genres qui n’ont aucun rapport entr’eux ;
d’avoir enfin affeftë de ne jamais citer les
noms de pays dans l’expofition qu’il a faite
des Plantes exotiques dont il a eu connoiff
fance ; ce qui êft caufe qu’on ne fait à quoi
rapporter les relations lbuvent très-inté-
reflantes que nous font les Voyageurs Pur
les propriétés de beaucoup de végétaux
étrangers.
Au relie, quel eft l’Auteur dont les Ouvrages
font en tout irréprochables, qui né
s’ eft jamais trompé dans ce qu’il'a voulu
faire d’utile , & qui a porté la perfeiftion
dans tous lés objets dont il s’eff occupé ?
Ainfi , malgré les défauts- du fyftême.
fexuel, malgré même les ufages condamnables
que fon Auteur a introduits dans,
beaucoup d’innovations qu’il a faites , il
refte toujours évident que le Savant célèbre
dont il s’a g it, a finguliérement contribué
par fes travaux en général, aux vrais progrès
de la Botanique ; qu’il a reculé confi-
dérablement les limites de nos connoif-
fances dans cette partie , & qu’il n’a point
du tout fait de cette Science une Science
de m ots, comme le prétendent des per-
fonnés qui ne la conaoiffent nullement.
L’émulation dans l’étude de la Botanique
, avoit toujours été en augmentant
depuis que l’illuftre Tournefort avoit changé
la face de cette Science par le jour qu’y
répandirent fes favans écrits ; elle redoubla
encore d’une manière fenfible , lorfque
parut le célèbre Linné, qui développa bien
davantage les principes de cette partie de
nos connbiifances, & q u i, comme nous
l’avons déjà d i t , en étendit confidérable-
menr les points de vue. Aûlîi les Botaniftes
contemporains de" cet Anteur célèbre,
fufent-ils fort nombreux ; & tous animés
par l’exemple qu’il leur donnoit, d’une
aftivité fans égale dans fes recherches: j travaillèrent
à l’envi à qui ajouteroit aux con-
noiflànces acquifes, ou perfeéHonneroit
celles qui font fufceptibles de l’être. Les
partifans zélés du Botanifte Suédois, comme,
les rivaux décidés de ce grand homme,
tous néanmoins fe rélfentirent de l’influence
générale de ces favans écrits ; car quoiqu’on
fût plus ou moins partagé fur les
claffes qu’il falloit admettre dans la diftri-
bution des végétaux, on commença dès-
lots à obfefver avec un foin qui n’avoit
jamais eu d’exemple dans les tems qui ont
précédé ; on chercha une précifion fingu-
liére dans la détermination des genres ; Sc
les defcriptions qu’on fit alors des Plantes ,
furent en général fi complètes , qu’on peut
dire qu’elles fixent pour toujours les caractères
vraiment diftinêtifs de ces Plantés
mêmes.
Un des Botaniftes les plus remarquables,
qui fut contemporain de Linné, eft le
célèbre Albert de Haller, Suilfe , qui a été
Profeffeur à Gottingue, & qui ne s’eft
pas moins diftingué dans d’autres parties
deS connoiffances humaines , puifque
dans la Phyfiologie , on peut prefque dire
qu’il s’eft immortàlifé. Quoique ce Savant,
ait compofé un grand nombre d’Ouvrages
intérefïàns , & qui tous font le produit
d’un travail inconcevable;; nous ne citerons
ici que trois de fes principaux fur la
Botanique, Le premier eft fon Hfioire des
Plantes indigènes de la SuiJJe, qui paruï en
176?, en deux Volumes in-folio, & dont
il avoit déjà donné une première édition
en 174 1 , fous lë titre d’Enumération des
Plantes indigènes de laSuiJfe. Cet excellent
livre contient les defcriptions de près de
2.S0Ô végétaux ’ parmi lefquels fe trouvent
tin grand nombre de Plantes Alpines fort
rares. Il eft feulement dommage que fort
Autçur fe foit opiniâtré à ne point citer les
noms triviaux ou lpécifiques de Linné ; ce
qui atiroit rendu fon Ouvrage bien plus
commode, vu la grande utilité deces noms i
mais ce qui eft bien fingülier , c’eft qu’on
ne trouve pas même de correfpondance de
la fécondé édition avec la première, dans
l’Ouvrage dont il s’agit. Le fécond parut
en 1753, fous le titre d’Enumération des
Plantes du Jardin Royal & des environs de
Gotting : on y trouve la defcription de plu-
fieurs Plantes rares. Le troifième enfin eft
fon Bibliôtheca Botanicâ , qui fut publié
en 17 7 1 , en deux Volumes in-40. Ce livre
eft une colleaion confidérable , faite avec
beaucoup de connoiftance de de difcerne—
ment des noms detouÿceux qui ont écrit
quelque chofe fur la Botanique, avec la
citation de leurs Ouvrages.
Dans fon Enumération des Plantes indigènes
de la SuiJJe, Haller a exécuté une
méthode fondée fur ' diverfes confidéra-
tions ; mais principalement fur celle du
nombre des’ étaminés , èomparéà celui des
divifions de la corolle. Dans cette méthode
l’Auteur établit les divifions fuivantes :
1 Plantes qui n’ont point de fleurs diftinAes, ni étamines, ni parties
analogues aux fleurs & aux fruits. ._------ . . . . . . . . . . . . Les Champignons. . . Fungt, (te.
2 Plantes qui n’ont .point de fleurs diftinâes , mais des. corpufcules
qlii'y font analogues..................... ................................................. Les.Alguq».. . . . ; Lichenesj, (te.
•3. Plantes qui n’ont point de fleurs diftinSes’, mais-des parties qui font
analogues aux étamines.. . ......................................................... hes Moufles. .,...................Mufci.
4 Plantes qui n’ont point de fleurs diftinAes , mais qui portent une ,
poufltère féminiforme autour ou fur le dos de leurs feuilles... Les Fougères... Epiphyllofpermte.
j . Plantes dont les fleurs n’ont point de corolle c i ................................................................Apetala.
6. Plantes dont les fleurs font des bâles écailleufes............................. Les Graminées. . . . . . G rumina.
7. Plantes pétalées, mais monocotylédones. . . . . . . . . . . . . •' • fe s Liliacées , Orchis... L ilia , de.
8. Plantesdont le nombre des étamines eft plus de trois fois plus grand
que celui des pétales, . ......................... .. ....................................................... - i ............Polyjlemones.
q Plantes dont les étamines font en nombre double de celui des
pétales............... . . . . . . . . . ........................................................................................Diplojlemones.
10. Plantes dont le nombre des étamines égale celui des divifions de
la. corolle.......................... ............................................... ..............- j • ......................, JfoJlemones.
I I Plantes dont le. nombre des étamines eft moindre que celui des
.divifions de la corolle................................................. • ..............................................Meiojlemones.
J5,. Plantes dont le. nombre des étamines furpafle d’une moitié celui .
dés pétales., À . . ' . ........... ..............................................Les Crucifères... Stamimbus Jefquialteiis.
la . Plantes dont le nombre des étamines furpafle celui des pétales, & ,
' dont cinq font plus longues que les autres... Les Légumineufes, & c . Stamimbus fefqmtertus.
14. Plantes qui ont quatre étamines, mais dont deux font plus longues .
que' lè l autres. . ...................................... Les Labiées. ..Stamimbus 4. nngentes.
1 5. Plantes qui ont des fleurs conjointes. ........................... . . . . Les Compofees , Szc. . . . Congrcgata.
Le favant Anteur de-cette méthode l’a
un peu perfeâionnée dans fon Hifioire des
Plantes de SuiJJe : néanmoins, ellé me
paroft encore fufceptible de beaucoup de
changemens-, , pour pouvoir • s’appliquer
avantageufement à toutes les Plantes qui
font a&uellement connues.
En 1740,■ c’eft-àqdire à-peu-près dans
le même tems que Linné & Haller com-
mencoient à publier leurs premiers Ouvrages
fur la Botanique , Adrien van-Royen ,
célèbre Profeffeur de Leyde, & fucceffeur
de Boerhaave, donna alors dans fon Pro-
dromus Flora leydenfis , une méthode diff
férente du fyftême de Linné qui avoit
déjà paru , & qui a fur ce fyftême l’avantage
de conferver beaucoup plus les rapports
paturels des Plantes. Dans cette méthode,
î’Auteur confidère en général les cotile-
dons ou lobes de la femence , le calice
préfent ou abfent, ou quant à fa figure j
la corolle quaqtà fa préfence ou fa forme;
les étaminef,, foit par leur fituation,
foit par leur réunion ; la difpofition des