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ou dans Pline. Et excepté quelques obfer-
vations intérefl’antes auxquelles ce conflit
donna lieu , il en réfulta bien-tôt que chaque
Auteur, chaque Traducteur & chaque
Commentateur eut un /entiment qui lui
fut particulier j ce qui fit que , ne s’accordant
plus , on donna fouvent à une même
plante quantité de noms différens, fie en
même tems le même nom à des plantes
diverfes. Audi on peut dire qu’alors la
Botanique fut jetée dans un/tel cahos de
nomenclature , que l’on cefla prefqu’ en-
tiérement de s’entendre.
Cette confufion cependant produilït à
la fin un bon effet ; car on fut obligé d’étudier
les plantes elles-mêmes, & de chercher
à en connoître les caractères diftinc-
tifs , afin de parvenir à défigner fuffifam-
ment celles dont on vouloit parler. Ce qui
porta chacun à examiner les plantes de Ion
p a y s , aulieu de fe borner uniquement à
l’étude des anciens livres, St de s’entêter
à découvrir les plantes de Theophrajle &
de Diojcoride, n’étant plus dans le pays
qu’ils habitoient ; fit ce fut alors qu’il commença
à fe former réellement des Bota-
niftes.
S e i z i è m e Si e c l b .
Epoque des premiers fondemens de la Botanique
; tems où l'on commença à la dijlinguer
de la Médecine.
On a vu que jufqu’ici la Botanique
n’ayant malheureufement été confidérée
que comme une partie de la Médecine , n’ a
pu faire aucun progrès réel, & que même
réduite par cette caufe à la feule recherche
des plantes uluelles, on peut dire que cette
Science n’exiftoit point encore, mais qu’elle
n’étoit réellement alors que l’une des parties
de la matière médicale. Cela ne pou-
voit être autrement, vu que les Médecins
qui feuls s’occupoient des plantes, étant
néceffàirement adonnés à l’étude des maladies
, & forcés par conféquent de paffer
une grande parriedeleur tems auprès même
des malades, ne pouvoient fe livrer aux
courfes continuelles fit fouvent confidéra-
blçs qu’çxige l’étude des végétaux. D’ailleurs
les tentatives 8t les moyens par lefquels
on parvient à découvrir les vertus des plantes
, ainfi que tout ce qui concerne leur
emploi , n’étant nullement compatibles
avec la nature, des recherches qu’il faut
faire pour déterminer les caraâères diftinc-
tifs de chaque elpèce de plante , fie en
afllirer folidement la connoiffànce ; il a
fallu de toute néceffité que les Médecins
facrifiaflènt cette dernière confidération,
fie qu’ils miffënt feulement leurs foins à
trouver ou à attribuer des vertus aux plantes
, objet qui les intérefloit le plus directement.
Telle fut la caufe fâcheufe qu i, ne laiff-
fant envifager dans les plantes que la matière
propre à former des apozemes, des
emplâtres, ôte. retarda fi long-tems les
progrès de la Botanique ; 8t ce ne fut qu’au
commencement du feizième fiècle qu’on
eflaya d’étudier réellement cette Science,
la plus aimable 8t la plus intéreffànte des
trois parties de l’Hiftoire naturelle.
En effet, indépendamment des Auteurs
qui alors, par leurs recherches, ont tenté
de pofer les premiers fondemens de la
Botanique , tels que les deux Cordas pere
fit fils , Lebouc ou Tragus , Leonard Fuchs,
Ruellius , fitc. on diftingue fur-tout Gefner,
qui le premier fentit qu’il falloir divifer les
plantes en claffès, en genres 8t en efpèces,
St qui a la gloire d’avoir établi, avant qui
que ce fo it , la néceffité de chercher dans
la fleur 8t dans le fruit , les caractères diff-
tinétifs les plus eflentiels des clalTes 81 des
genrés. Né enSuifie vers l’an i ç i 6 , Gefncr
cultiva l’Hiftoire naturelle, fit particuliérement
la Botanique avec un zèle des plus
ardens ; fit quoique fa fortune fut très-
bornée , il fut néanmoins le premier, félon
l’obfervation de Haller , qui entreprit de
former une collection générale d’Hiftoire
naturelle. Il fit différens voyages dans les
Alpes, la Provence, le Dauphiné, le Mila-
n e z , ôte. 8t trouva un grand nombre de
plantes dont une partie n’étoit point encore
connue. Ce Naturalifte compofâ divers
Ouvrages relatifs à la Botanique fit au règne
animal : mais malheureufement la mort lé
furprit avant qu’il en pût terminer la
plupart ; de forte qu’à l’égard des plantes ,
on ne connoît pas au julle toutes les découvertes
qui lui appartiennent. Les figures des
plantes qu’il donna fon t, quoiqu’en bois,
fort bonnes, fie au-deffus ,de ce qui avoit
paru avant lui dans ce genre.
T e fiècle dans lequel vécut Gefner, eft
finguliérement remarquable par le grand
nombre de Bôtaniftes diftingués qu’il pro-
duifit, & qu i, chacun dans leur genre ,
exerçant leurs talens fit leur génie par des
recherches, des comparaifons fit des obfer-
vations nombreufes , contribuèrent beaucoup
à l’avancement de la Botanique. Nous
allons en citer quelques-uns des plus dignes
d’être remarqués, jufqu’à l’époque des Bail- .
h in ,,.en nous arrêtant feulement un peu
à Cafalpin, Auteur de la première méthode
de Botanique qui fut inventée.
Un des Auteurs les plus connus , qui fut
Contemporain de Gefner, 6t qui vint même
un peu avant lu i, eft P, André Matthiole ,
Médecin Senois , qui vécut à la Cour de
l’Empereur, comme fon Médecin , fit demeura
enfuite long-tems à Trente , petite
Ville du Tyrol. Cet Auteur s’âcquit beaucoup
de célébrité par fes longs Commentaires
fur les fix Livres de Diofcoride ;
néanmoins il paroît, par les deferiptions
qu’il a données, qu’il connoiffoit peu les
plantes lui-même, quoiqu’il en ait cité un
fi grand nombre dans fés Ouvrages ; 8c
d’ailleurs le peu de foin qu’il mit fouvent
dans ce qui concernoit la vérité des figures
qu’il publia, ne laiflè point une idée qui
fbit bien favorable à cet Ecrivain. 11 faut
cependant lui rendre cette juftice que dans
les dernières éditions de fes Commentaires
, il fe rétraâa enplufieurs endroits , fit
beaucoup de correétions , & donna de
meilleures figures, parmi lefquelles il s’en
trouve même de plantes rares.
Adam Lonicer , Heffois, qui vécut à l’époque
dont nous parlons, publia un très- ;
médiocre Ouvrage fur l’Hiftoire naturelle ,
danslequel il traite des arbres fis des arbrif-
feaux, fie enfuite de la nature 8c des vertus
dès plantes , fitc. II fit aufti la defeription
des plantes qui croiflént aux environs de
Francfort-fur-le-Mein malgré -cela , cet
Auteur , à bien des égards, plus plagiaire
qu’inventeur , mérite peu notre attention.
La Botanique eft plus redevable à Do-
doens, ('Dodonoeus.) Auteur Flamand , d’un
favoir vraiment profond , Ô£ qui fut un
Médecin très-renommé dans fon tems. Ce
Botanifte profeflà la Médecine à Leyde, 8ç
s’adonna pendant prefque toute fa- vie à
l’étude des plantes d’une manière diftin-
guée. Le plus remarquable de fes Ouvrages
, eft fon Hijloire des Plantes, ornée de
plus de Soo figures afîez bonnes, mais donc
un certain nombre feulement font de lui.
Les grandes divifions que Dodoens admet-
toit dans les végétaux, font les arbres, les
arbriiïèaux, les fous-arbriflèaux 8c les herbes.
Il préféra néanmoins, dans Pexpofi—
tion de fes fix Pemptades, la confidération
des qualités des plantes, ou de quelques-
unes de leurs parties , ou de leur grandeur,,
8c ne s’afliijettit point ftrififement aux divifions
qu’il établiffbit lui-même.
Jacques Valechamp, né à Caen en Normandie
, 8c qui pratiqua la Médecine à
Lyon avec diftinfition pendant la plus grande
partie delà vie, eft un des Auteurs do
Botanique du feizième fiècle , qui s’adonna,
le plus à faire connoître les plantes de la
France. Cet homme a â i f , infatigable, 8c
d’une érudition profonde , entreprit do
compofer une Hijtoire générale des Plantes
Ouvrage immenfe, dans lequel ce Médecin
fe propofoit de faire mention de tour
.ce qui avoit été dit 8c découvert jufqu’à
lui fur cette partie de l’Hiftoire naturelle.
L’étendue de cette entreprife, fie les propres
affaire de Dalechamp ne lui permirent
point d’achever lui-même fon travail ; if
fe fit aider par le Médecin Defmoulins ,
qui le termina, 8c à qui fans doute on
peut attribuer le plus- grand nombre des
défauts de cet Ouvrage. Cette Hiftoire
fut publiée après la mort de Dalechamp
en deux grands Volumes in-folio ; elle-
eft divifée en dixhuit livres, 6c contient
2.686 figures médiocres, dont plu-
fieurs font répétées, 8c la plupart imitées
de Fuchs, de Matthiole, Sec. Dalechamp
y inféra cependant beaucoup de plantes
rares qui croiflént aux environs de Lyon „