
changeoient en vêts , lefquels fe métamorpho-
.foient en Champignons.
Quelque fingulière que foit cette opinion, elle
a trouvé des partisans j cependant la plupart des
Botaniftes s’accordent toujours à regarder les
Champignons comme de vraies plantes , mais dont
on n’a pas encore déchiré le voile que la nature
ièmble avoir jeté fur leurs divers organes. Cette
dernière opinion, qui tend à faire envifager les
Champignons 'comme des plantes , eft conforme
à ce que nous voyons fans ceffe fe paffer fous nos
yeux -, elle eft de plus étayée fur certains rapports
8c certaines analogies , d’où réfultent des probabilités
qui femblent devoir lui mériter la préférence.
Des obfervations multipliées fur ces plantes,
8c que j’ai lbumifes au jugement de l’Académie
royale des Sciences, qui les a jugées, dignes de
ion approbation , viennent'à l’appui de cette opinion
, & font voir que ces productions font orga-
nifée.s 8c font munies de deux attributs particuliers
& très-diftinéfcs qui, ont. la plus parfaite analogie
avec les organes de la génération dans les autres
plantes.
Micheli eft le. premier qui ait obfervé très-particuliérement
le.s Champignons , & de manière à
donner des éclairciflemens fur la nature de ces
plantes ; mais ce favant Obfèrvateur s’eft quelquefois
trompé ,, fouvent même il a confondu certaines
parties quant aux fonétions qu’il leur attri-
buoit, 8c pris pour un. des attributs de la plante
une poullière qui lui eft tout-à-fait étrangère. Je
ne m’étendrai pas davantage fur ces recherches-
dejà connues ; je vais paffer au détail., de mes
obfervations fur ces plantes.
Les Champignons forment une même famille
très-diftinété r elie peut-être divifée-en deux parties.
La première comprend ceux dont les parties
analogues aux organes de la génération font vifi-
bles,& détachées de la fubftance de la plante. Tels
font l.°. les. Champignons laminés , c?eft-à-dire
ceux dont le chapeau.eft garni en deffous. dë lames
féparées. difpofées enrayons oufillons.,
2.°. Les. Champignons ramifiés,. coft-à-dire ceux
dont le chapeau eft garni.en.deffaus de lames ou
de memhranes rameuiës 8c unies.
3°. lues Champignons poreux-, c’èft-à-dire ceux
dont le chapeau eft garni en deffous de pores ou
tuyaux plus ou moins réguliers,
4°. Les. Champignons, à pointes., c’éff-â-dire
ceux dont ,le chapeau eft garni en deffous de pointes
faites en forme d’àlêne ou .de cloux d’epinglè.
La. fécondé comprend tous lès... Champignons
dont les parties analogues aux organes dé là génération
font renfermées ou confondues dans la
fubftance du Champignon} & ne font, apparentes
qu’en déchirant ou coupant là plante. Cette fécondé
partie renferme tous les genres établis par Linné ,
les quatre premiers., & ci-devant cites , exceptés.
Dans les Champignons dé là première partie,
on reconnaît facilement deux parties quiparoiffent
être les attributs fexuels j les lames ou filions lès
contiennent : elles ont jufqu’à préfent paru.fim-
ples \ mais j’ai obfervé que chacune d’elles étoit
double & compofée de deux pellicules. Micheli,
8c d’après lui les. Botaniftesont pris pour les
graines une pouftière que l’on trouve quelquefois S
la furface de ces mêmes lames. J’ai reconnu au
contraire que cette pouftière étrangère au Charnu
pignon r n’eft qu’une pouftière que le vent.y porte ,
ou des oeufs que les infeétes y dépofent -, que les
vraies graines ou les mollécules. analogues aux graines,
lont renfermées, dans chaque lame entre les
pellicules. Quant- à l’attribut mâle , je penle.avep
Micheli.,. qu’on peut prendre pour, tel une efpèce
de frange qui borde chaque lame j mais je. ne l’ai
jamais obfervé de la même forme qpe ce Natura»
lifte l’a rejJréfenté. Elle lui a paru, être un affem-
blage de petits, corps, compofcs. d’un filet & d’une
anthère très-diftinéfs,; je les ai toujours vu au
contraire comme de petits grains de pouftière
alongés & plus minces à l’extrémité \ Ce qui me
porte à croire que Micheli, dans fes obfervations,
a quelquefois aidé à la Nature.
Dans les Champignons ramifiés., .ces deux organes
ne font pas auffi fenfibles y mais il y a lieu de
croire qu’ils font les mêmes.
Quant aux Champignons poreux ,..j’âi diftinâe-
ment reconnu les deux attributs ; mais je ne fuis
point encore parvenu àreconnoîtreleur vrai fiege;
je foupçonne que la partie mâle eft placée fur les.
bords des pores ou tuyaux , & que les graines font
contenues dans la pellicule qui forme là féparation
des pores entre eux.
Il n’en eft pas de même des Champignons â
pointes i je ne fâche pas qu’aucun Auteur ait fait,
mention de leurs. organes. fexuels. Lorfqu’fls font
jeunes, la bafe. de chaque pointe, eft couverte
d’ùne pouftière ordinairement blanchâtre : ell&s’ea
détache facilement v & tombe fur. l’extrémité ,
qui, dans ce moment de fécondation.,, fe relève
8c forme une efpèce de crochet, afin de recevoir*-
la pouftière deftinée à nourrir le germe. Quelque ,
tems. après, cette extrémité fè redreffe , s’enfle,
& prend. infènfiblement la forme d’une capfule
ovale , dans laquelle eft contenue une autre pouf-
fière plus fine. J’ai obfervé ces particularités fur
l’efpèce appelée vulgairement la Brojfe, & fort
bien figurée par M. Bulliard, Je penfè que c’eft
VHydnum parajiticum. . Lin. Ce fait d’ailleurs
m’a paru il important, que je l’âi fait remarquer
à l’Académie fur le Champignon lui-même.
Avant que d’entrer dans les détails des organes-
particuliers des Champignons qui compofent la
fécondé partie , je vais rapporter, une nouvelle
obfervation fur la manière dont croiflent ces plantes,
On n’à connu jufqu’à-préfent pour toute origine
aux Champignons , que ce, que les Jardiniers
appellént le blanc de Champignon. C’éft effeétive-
ment de ce blanc que proviennent les Champh
gnons. J’ai trèsrfcrupuleufement obfervé les Charnu
pignons des couches ( Agaricus campefîris. Lin. )
& j’ai vu .que ce blanc , qui n’eft: autre chofeque
Ja germination & le premier développement des
graines renfermées dans les lames, fe convertit
en des filets dans lefquels font contenus les Champignons
en petit. En effet, ce blanc une fois converti
en filet, on voit de toutes parts s’élever de
jeunes Champignons , à qui ils fervent comme de
.nourrice , ainli que les lobes féminales dans les
Haricots , 8cc. J’ai fait dernièrement une pareille
obfervation dans la campagne. Les graines de
VAgaricus integer Lin. forment une efpèce de
blanc que Dillen a pris pour un biffus , & qu’il a
très-bien figuré, tab. I. fig. 9. Ce blanc très-
xnenu & très-délicat, devient plus lolide , & fe
convertit en des filets d’où.forcent ce Champignon,
un des plus abondans 8c des plus communs dans
tous les bois des environs de Paris, Cette remarque
fe fait encore fur nombre de Champignons ,
entr’autres. fur les Lycoperdon ? le Phallus impu-
dicus. Lin. & c. 8cc. 8c c.
Dans les Champignons de la. fécondé partie, les
organes* de la génération font confondus avec la
iiibftançe même de la plante, de manière qu’ils
ne s’apperçoivent qu’après la maturité, 8c. en ouvrant
les Champignons
La pouftière que contiennent les veffes de loup , a
été regardée par Micheli 8c les autres Botaniftes ,
comme les femences. J’ài reconnu au contraire que
cette pouftière étoit réellement l’attribut mâle dont
elle a toutes les qualités. Elle eft inflammable comme
celle des Lycopodes , 8c prefqu’au même degré •,
de forte qu’elle pourroit lui être fubftituée, fur-
tout celle que fournit le Lycoperdon Jlellatum. Lin.
Elle nage fur l’ëau , eft adhérente à des filets-dont
elle fe détache au moyen des mouvemens d’irritabilité
& de concuftion , fi jrofè m’exprimer ainfi ,
dont ils font fufceptibles , mouvemens déjà connus
dans les filets anthériformes des Jungermannia.
Quant aux graines , elles n’ont pas été trouvées
ni décrites i cependant elles exiftent d’une manière
très-rfenfible dans une efpèce de réfèau placé en
deffous de la pouftière-mâle* dont-elle eft féparée
par une membrane affez. épaiffe. Le réfeau occupe
Je pourtour de la plante , 8c correfpond à l’ouverture
qui fert d’iffue aux poufiières des étamines.
C’eft à cette iffue ou orifice que fe.fait la fécondation.
Les graines fortent en même tems , font rencontrées
par les poufiières qui, au moyen desmouvë*
mens continuels des .filets auxquels elles font adhérentes
, font jetées à l’orifice, où elles fécondent
les graines à mefure qu’elles s’échappent. Ce mé-
chanifme intéreffant 8c tout-à-fait curieux, eft le
même que celui que j’ai obfervé dans les Mouffes,
avec lefquelles les veffes de loup ont beaucoup de
rapports , quant à l’arrangement intérieur des
organes fexuels.
Dans quelques autres genres-, tels que les
Phallus y les Pe^i^a , les Evela 8c les Clavaria de
jLinné, les graines font renfermées entre lafubftance-
& l’épiderme. Le moyen de les reconnoître eft
fimple & facile : je me fuis fervi de deux qui m’ont
toujours réuffi. On coupe une tranche fort mince
de la plante , 8c fi on la^éfente fous la lentille du
microfcope, on diftingue facilement les graines 8c
l’ordre dans lequel elles font rangées entre l’épiderme
& la fubftance. Le fécond moyen eft de mettre
fécher de ces plantes fur du papier ; pour cet effet ,
il faut choifir du papier noir pour les Champignons
blancs ou tirant fur le blanc, & du papier ordinaire
pour les Champignons noirs , tel que celui
qui croît en automne fur les troncs de Chênes nouvellement
abattus. Au bout de quelques jours ^
on apperçoit Air le papier une quantité prodigieufe
de graines- qui ont été lancées au loin.
Il,faut cependant excepter des genres que je
viens de citer, quelques efpèces qui méritent un
examen particulier, & qui doivent former de
nouveaux genres. Ces* efpèces-font i°. 1 e Phallus
itnpudicus. Lin. Examiné fcrupuleufement , il n’a
aucun rapport avec la Morille , fi ce n’eft par la
forme extérieure du chapeau ; mais il en différé
effentiellement-par les organes de la génération.
2.°. Les Clavaria hypoxilon 8 digitata. Lin.
Ces' deux plantes font particuliérement organi-
fées , êc me paroiffent devoir faire , avec quelques
autres efpèces, mal ou point décrites ,, un nouveau
genre fous le nom de Ceratopermum. J’ai fait voir
que le Champignon que je crois être VHydnum
parajiticum Lin. préfentoit d’une manière affex’
convaincante les deux organes de la génération y
mais les Clavaria dont je vais décrire les parties ,
nous les- offrent- encore plus fenfiblement, 8c je
ne crains-pas d’avancer que cette obfervatiotv l'eule.
fuffit pour démontrer que les Champignons l’ont
non-fèulement des plantes, mais même des plantes-
parfaites , munies des organes- néceffaires à leur*
reproduction, & analogues à ceux que l’on remarque
dans tous les végétaux.
Lorlque cés plantes font jeunes, l’extrémité1
prélente un mammeîon affez long plat 8c divifiS
dans VHypoxilon , rond 8c fimple dans >le Digitata.
De ce mammeîon’ fort une pouftière que-
Michêli a cru être, la graine. Cette pouftière , en
for tant du mammeîon fe répand du Champignon-
dont toute la circonférence eft chagrinée. Chaque-
petite éminence eft' une loge ou- capfule où doivent
naître les graines. Lorfque.la pouftière fortie-
du mammeîon les a fécondées , ces éminences':
groftiffent & forment des capfules très-fenfibles^
Après,: la maturité , les graines qu’elles contiennent
font d’une forme alongée 8c rapprochée parr
les deux extrémités en forme'de croiffant.
Quant aux Clahtrus 8c aux* Mucor les deux-
genres. de. Linné dont il me refte.à faire mention,,
je n’ai encore diftingué. qu’une feule efpèce de-
pouftière que je penie .être les graines, mais fur'
laquelle il me paroîtroit imprudent de prononcer.-
Pnliffot de £ ‘.auvois ».
M. de Beauyois conclut de fes obfervations que