
la mufcadc ou à-peu-près. Ce noyau dans fa jeu- j
neffe eft tendre, creux dans fon milieu , & plein
d’une eau limpide, cjui a comme lui une laveur
très-âpre & aftringente. Il s’épaiflit infenfible-
ment, là cavité dil'paroît, fa chair prend de la
confiftance ; & ce n’eft qu’après fix mois de développement
qu'il acquiert l’état de fermeté & de
fécherefle qui conftitue fa parfaite maturité.
Ce Palmier croît naturellement dans l'Inde ,
dans les Illes Moluques & dans les contrées méridionales
de la Chine. Toutes fes parties ont une
laveur auftère & ftyp tique ; fes fleurs, lorf’qu elles
s’ouvrent, répandent une odeur foible a la vérité,
mais agréable 8c plus lènlible le matin ou le loir ,
que dans la chaleur du jour.
Il paroît à préfent certain, d’après des relations
modernes, que le Cachou n’eft pas tiré de YArec ,
comme on l’a cru pendant long-tems , mais cpe
c’eft un extrait que l’on obtient d’une efpèce
d’Acacie dont nous avons fait mention fous le nom
d'Acactc du Cachou, n°. 46,
Quant à l'Arec dont il eft queftion dans cet
article, c’eft une des plantes dont les Indiens font
le plus grand ufage. La chair extérieure du fruit
fe mange avec le Bétel ( efpèce de poivre ) lorf-
qu’elle eft fraîche ; mais le noyau ou l’efpèce
d’amande qu’elle enveloppe eft' d’un ufage beaucoup
plus général. Son goût, dit M. Antoine de
Jumeu , eft un peu aftringent ; & l’expérience que
les habitans du pays ont qu’il eft utile à l’eftomac
& propre à adoucir la falive, l’a fait fervir d’une
efpece de régal parmi eux, dans les vifites .qu’ils
fè retident.
Leur manière de fërvir Y A r ec , eft de le prefen-
ter en entier ou coupe par tranches. Lorlquon le
préferne en entier , on fert en même tems un infiniment
propre à le couper, qui eft une efpece
de cifeau compofé de deux branches mobiles ,
arrêtées par une de leurs extrémités, & qui s’ouvre
de l’autre. Lorfqu’on le fert en tranches , c’eft
ordinairement fur les feuilles de Betel dans lef-
quelles on enveloppe ces morceaux, après les avoir
auparavant couverts d’une couche légère de chaux
propre à fe charger du fuc de YArcc ou du Bétel,
quand on le mâche, pour en faire conferver plus
long-tems dans la bouche une faveur agréable, &
un jus qui teint la falive en rouge. ^
L'Arec feul feroit peu agréable au goût, étant
auftère à-peu-près comme le gland du Chêne ; mais
le Bétel qu’on y ajoute fait dil’paroître cette auf-
térïté par fon piquant, dont 1 acrete eft temperee
par la chaux. '
Dès qu’on a mâché Y Arec fuffifamment. pour
que la falive que ce mets fingulier procure à la
bouche, foit teinte en un beau rouge purpurin, on
crache aufli-tôt cette première teinture, qui contient
la plus grande partie de la chaux , puis on
mâche lerefte, on le remâcha en l’exprimant, en.
fuçant & avalant à chaque fois fa teinture jufqu’à
ce qu’il ne refte plus qu’un marc, une pâte femblable
à une ctoupe bu de la filaffe qu’on rejette.
Telle eft la pratique ordinaire. Les gourmets crachent
deux ou trois fois de fuite cette teinture
avant que de- l’avaler, afin que ne donnant pas à
la chaux le tems d’agir autant qu’elle pourroit le
faire , elle ne nuife pas aux dents , aux gencives &-
à l’eftomac.
Cette maftication de l'Arec avec le Bétel eft
d'un ufage journalier dans toute l’Inde; hommes ,
femmes , enfans , les Européens même , s’en occupent
du matin au foir. La faveur de cette pâte eft
d’abord très-âcre, très-aromatique , & finit par
être fort agréable : ceux qui en font ufage pour la
première fois éprouvent une efpèce d’iv refie ; mais
le corps s’y accoutume en peu de tems, au point
qu’elle ne fait plus qu’échauffer doucement le
fang, fortifier l’eftomac , 8c procurer une haleine
douce , de vives couleurs au vifage , aux lèvres
8c aux dents ; ce qui pafle pour un agrément dans
l’Inde.
Les habitans de la côte de Coromandel ont une
autre façon de préparer l'Arec vieux 8c tropfec ,
qu’ils appellent Koffol, 8c d’en faire un mets délicat.
Pour Gela , ils le coupent en petits morceaux
qu’ils font macérer dans de l’eau derofe, dans
laquelle a infufé du Catsja ou Cachou broyé , 8c
qu’ils font enfuite fécher au loleil pour s’en fervir
au befoin. Ces fragmens fe confervent long-tems
fans fe corrompre , fe portent au-dela des mers ,
& ont la propriété de raffermir les gencives , 8c
de procurer une haleine agréable à la bouche.
L’ufage de VArec continue toute la journée , a
la façon des Indiens , eft pernicieux aux afthmati-
ques , aux phthyfiques ; en outre il mine les dents,
les ébranle & les fait tomber. Lorfqu’en mangeant
pour la première fois de YÀrec, on reffent des
vertiges & des oppreflions de poitrine , le vrai
remède eft d’avaler un peu de fel ou de jus de limon
ou de tout autre acide. L’amande féche de YArec
eft aftringente , deflicative 8c rafraîchiffante , &
l’on en fait boire avec fuccès la poudre dans du
vin rouge, pour la diarrhée & la dyffenterie. Ane.
Encycl.
Rumphe fait mention de pîufieurs variétés de
l’arbre qui produit l'Arec , 8c nous en avons cite
les deux principales.
La première, ou la variété 3 , eft la plus grande
dans toutes fes parties, & s’élève beaucoup plus
que les autres. Elle reffemble au Cocotier par fon
tronc , fes feuilles 8c fes régimes , qui fortent des
ailfelles des feuilles aâuellement exiftantes , &
non pas au-defîous d’elles. Ses fruits font de la
groffeur d’un oeuf d’oie , obtus ou prefque fphe-
roïdes rouges extérieurement avec des ltries cendrées
lprfqu’ils font mûrs , & contiennent, fous
un brou fibreux & d’un tiffu greffier, un noyau
arrondi , acuminé , & plus gros que peux des autres
Arecs. Hm I , , . ,
La variété y , qui eft la fécondé{ produit des
fruits plus petits que les autres, & l’arbre qm la
conftitue en diffère auffi par fon afpeét. Ses feuilles
lont d’un verd plus foncé 8c prefque noir , 8c fon
tronc a fes anneaux plus écartés entr’eux. Le
noyau que contient fon fruit eft oblong, conique
où en forme de parabole , d’une couleur plus
brune, d’un faveur plus auftère, & plus fujet à
enivrer. ,
Le Pinanga alba de Rumphe eft proprement
YArec dont nous avons traité en premier lieu.
C’eft celui qui porte les fruits les meilleurs, les
plus eftimés , & dont on fait communément ufage.
Ces fruits deviennent d’un jaune orangé lorfqu ils
refirent long-tems à l’arbre , 8c leur brou a des
fibres allez tendres pour qu’on puiffe les manger
en entier lorfqu'ils lont jeunes. Ce qui les diftin-
gue particuliérement des variétés que nous avons
citées , c’eft qup la fubftance de leur noyau eft
blanche , 8c diftinguée par beaucoup de veines
courbes , d’un pourpre brun , qui la font paroître
agréablement marbrée.
1 . A rec à épi, Areca fpicata. Areca frondibus
pimiatis fpadice non ramofo , fpiciformi y fruclu
globofo. N.B. Pinanga glebofa. Rumph. Amb. I.
p. 38. Tab. 5. f. I. & litt. A.
Il n’eft pas douteux que ce Palmier ne foit une
véritable efpèce d’Arec , ainfi que les deux qui
fuivent, & que la forme particulière de fon régime,
ne fufîifè pour le diftinguer facilement des
autres efpèces que l ’on connoît. Son tronc eft un
peu plus épais que celui de l’Arec commun ou
cultivé, dont il eft parlé ci-deffiis ; il eft divifé
en anneaux plus larges , 8c a une écorce plus blanche.
Ses feuilles font ailées, longues de dix à
douze pieds, & compofées de deux rangs de folioles
étroites-lancéolées , pointues, pliées, 8c à
pîufieurs côtes longitudinales en deffous. Les fleurs
naiffent fur un pédoncule fimple , auffi long que
les feuilles, qui fort du haut de leur gaine comme
s’il faifoit corps avec elle , 8c qui forme un épi
grêle, fort long , 8c très-remarquable. La partie
inférieure de ce pédoncule eft nue, 8c dans le
refte de fa longueur il eft chargé de quantité de
petites fleurs feffiles , dont les fupérieures avortent
comme dans YArec commun. Les fruits font
globuleux, de la groffeur d’une cerife ordinaire,
d’un jaune orangé lorfqu’ils font mûrs , 8c contiennent
fous un brou mince 8c fragile , un noyau
fphérique avec une pointe , recouvert d’une peau
dure comme une efpèce d’écorce. La fubftance de
ce noyau reffemble à celle de YArec ordinaire,
mais eft plus dure , plus auftère , & cependant
mangeable. Cette efpèce croît dans les montagnes
, à l’ombre des grands arbres. Ses amandes
fe mangent dans les lieux où YArec cultivé manque
; 8c quoiqu’amères, elles font préférables aux
autres efpèces fauyages.
3. A rec glandiforme, Areca glandiformis. Areca
frondibus pinnatisfpadice brevi racejnofo, fruc-
tibus glandiformibus , congejiis. N.B. Pinanga.
Botanique. Tome 7.
fylvejiris , glandiformis. Rumph. Amb. I.p. 38.
Tab. 6.
3. Eadem fpadice longiori , ramofo y fruâibus
laxioribus.
Cette efpèce a le tronc plus grcle 8c plus élevé
que YArec ordinaire, 8c marque d’articulations
plus grandes ; fon bois eft plus dur, fibreux,
d’abord blanchâtre , devient roux en vieilliffant,
8c fe fend très-aifément en longueur. Ses feuilles
font longues de iept à huit pieds , ont leur pétiole
commun velu, & font compofces de ’deux rangs
de folioles linéaires , pointues oppofées , liftes ,
8c munies d’une nervure (aillante en defîous. Les
fleurs font petites , 8c naiffent fur une grappe
fimple longue d’un pied & demi, qui fort un peu
plus bas que les feuilles de la cîme. La partie
fupérieure de cette grappe avorte 8c fe f pare, de
forte que l’inférieure , qui refte une fois moins
longue, eft couverte de fruits ferrés les uns contre
les autres, 8c qui ont à peu-près la forme de
glands , ou qui reffemblent à des olives. Souvent
ces fruits font anguleux par l’effet de la preffion
qu’ils ont éprouves. Ils font rouges dans leur maturité
, ont une chair douce 8c fibreufe , & contiennent
un noyau oblong , obtus à fes extrémités ,
& qu’on peut manger au défaut de YArec ordinaire
, quoiqu’il ait un peu d’amertume.
Ce Palmier croît également fur les rivages &
fur les montagnes des Ifles Moluques , où il eft
femé par-tout par les chauve-fouris, qui aiment
beaucoup la chair de fes fruits. Son bois fert à
faire des poutres & des planches ; les habitans de
l’Ifle. Celebes tirent de fes jeunes feuilles du fil
dont ils font des facs.
4. A r e c g lo b u l i f è r e , Areca globulifcra. Areca
frondibus fubbipinnatis ; fpadice ramofo y fruâibus
minimis , globuliformibus. N .B . Pinanga oryrce~
formis. R um p h . Amb. I. p. 40. Tab. 5. f. a. &
l i t t . B . C . D .
C’eft un arbre dont le tronc eft très-grêle, à
peine auffi gros que la cuiffe , divifé en anneaux
fort près les uns des autres , 8c qui ne s’élève qu’à
vingt ou vingt-cinq pied de hauteur. Ses feuilles
font longues de fix à huit pieds, s’insèrent fur le
tronc par une longue gaîne dont le bord fupérieur '
femble couronné de petites feuilles allées , 8c fou-
tiennent dans la moitié qui termine leur côte ou
leur pétiole commun, deux rangs de folioles linéaires
, pointues, 8c munies d une nervure en deffous.
Les fleurs ont une fpathe large comme la main,
d’où fort un régime partage en beaucoup de branches
difpofées en faifeeau. Ces branches font couvertes
d’un bout à l’autre de petites fleurs feffiles ,
dont une grande partie avorte. Celles qui reftent
produifent des fruits globuleux , extrêmement
. petits , à peine plus gros que les graines du riz ou
. de la larme de Job; c’eft-à-dire à-peu-près delà
groffeur d’un pois médiocre , & qui deviennent
d’un ropge de fang dans leur maturité. Le noyau
Hh