
d’un pouce & demi à leur baie, bordées d’épines
blanchâtres, nombreufes & fort courtes , en général
affez droites , & difpofées en rond formant un
faifceau un peu lâche. On remarque fur leur dos ,
dans leur partie inférieure, quelques taches blanches
raffemblées comme par places , mais en petite
quantité. Lorfqu’on les coupe il en fort un fuc
vifqueux , amer, & qui jaunit en fé léchant. Du
milieu de ces feuilles «s’élève , à la hauteur de
deux pieds ou un peu plus, une hampe prefque
cylindrique , écailleufe 8c d’une couleur olivâtre
ou violette dans fa partie fupérieure , 8c qui porte
à Ion fommet un épi dénié compolë de belles neufs
rouges j dont les inférieures étant les premières
développées font plus lâches & pendantes. Gette
plante croît dans les Indes, & particuliérement
dans l’Ifle Sôccotera. J}. (v. v. ) On prétend
que c’eft de cette efpece 'que l’on retire le fuc
épailïi gummo-réfineux, connu dans le commerce
fous le nom d'A lo ë s fu c o tr in . C’eft la meilleure ,
la plus belle & la plus pure des trois fortes d'A lo 'ès
que l’on trouve dans les boutiques. Cette fubftance
eft brune ou d’un noir rougeâtre , brillante , caf-
fante & d’un goût fort amer telle paroi t d’une
couleur jaune lorfqu’on la pulvérifè. Geoffroy dit
que pour retirer cet A lp e s , après avoir arraché
les feuilles de la racine avec la main , ou avec
quelqu’autre infiniment, on les preffè légèrement,
oc on en fait coiiler lé fuc dans un vaiffeau convenable
, dans lequel on le laiffe pendant une nuit,
afin que les parties les plus groflières tombent
au fond ; le lendemain on Vérfe la liqueur qui
fumage dans un autre vaiffeau, on l ’expofe au
foleil afin qu’elle s’épaifliffe & fe durciffe : alors
ce fuc acquiert une couleur fauve. On nous l ’apporte'
dans des cuirs de l ’Ifle de Soccotera. Ce fuc
èft purgatif, ' tonique & mundifiçatif.
3. A loes ordinaire , A l o ë vulgar is. Banh. Pin. 186. K a d a n a k u , v e l ca teva la. Rheed. Mal. i l .
p. 7. t. 3. Vulgairement le f a u x S u cotr in. A l o 'è
vera , vulgaris* Munt. Aloid. p. 19. Phytogr. t. 90.
A lo 'è ojffzcinalis. ‘Forsk. p. 73. n°. 30.
Sa racine efl oblongue , charnue , fibreufe , 8c
à fbn collet qui s’élève en tige à la hauteur d’un
demi-pied plus ou moins. Les feuilles couronnent
le collet de cette racine, & font difpofées en rond,
formant un faifceau un peu ouvert : elles font
vertes , affez étroites , longues d’un pied 8c demi,
garnies en leurs bords d’épines courtes, non colorées
, un peu écartées eritr’elles , & ont leur dos
chargé de taches éparfes 8c blanchâtres. Leur chair
intérieure efl fucculente , gluante , prefque fans
couleur, & affez femblable à de la gelée. De leur
milieu naît un pédoncule haut de deux à trois
pieds, fouvent partagé en deux ou trois rameaux
qui portent des fleurs rougeâtres , pendantes, &
difpofées en épis grêles : leur corolle efl profondément
divifée. On diflingue cette efpece’ de la
précédente particuliérement par la difpofition de
fes fleurs, qui ne forment point un feul épi denfe,
court 8c conique comme elle.' Cette plante croît
dans l’Inde 8c au Malabar, dans les lieux fablon-
neux & pierreux, . ( v . v . f f l . ) On en tire le
fuc , dit Geoffroy, non-feulement dans plufieurs
endroits des Indes, comme à Camboge & ’ au
Bengale ; mais encore dans plufieurs Provinces de
l’Amérique, comme dans le Mexique, la nouvelle
Ëfpagne , le Brefil, les Ifles Barbades.
On coupe fprt menu les feuilles de cet A lo e s ;
on les pile , on les met dans un vaiffeau long , de
forme cylindrique , 8c on les y laiffe pendant
vingt-cinq jours ; il s’en élève une écume inutile
8c qu’on doit jeter : on enlève enfuite la partie
fupérieure du fuc ; on la fépare de la lie , on la
fait-lécher au foleil; & c’efl ce qu’on appelle A lo e s
hépatique. Là lie étant lèche forme un extrait
moins pur , qu’on appelle A lo e s ca ballin.
, L'A lo e s hépatique efl plus opaque , d’une couleur
plus foncée , 8c beaucoup plus réfîneüx que
Y A lo e s fu c o t r in ; on le préféré , en général , pour
l’ufage extériéur. JJ A lo e s ca b a llin efl lé moins
eflimé : c’efl un fuc épaifïi , compaél, noirâtre ,
très-amer , d’un goût qui excite des nauféés,
d’une odeur puante , & qu’bn abandonne aux Maréchaux
pour l’ufage dës'bêtes.
4. A lors des Indes , A lo 'è v e r à . H. R. A n A lo 'è
vera m ajo r . Munt. Aloid. p. 2.1. ?
5. A lo è v a c ï l la n s . Forsk.. Ægypt. 74. n°. 34.
Cette plante a beaucoup do rapport avec Y A lo e s
ordinaire , & n’en efl peüt-otre qu’une variété :
elle a , comme lu i, des feüilles étroites ', • longiies
d’un à deux pieds , munies en leurs bordsd’épines
extrêmement' courtes, qui ne font que des dents
piquantes 8c difpofées en faifceau un peu ouvert*
Néanmoins la plante dont il efl ici queflion s’en
diflingue toujours facilement par fes feuilles , qui
font conflamment rougeâtres dans toute leur longueur
, non chargées de petites taches éparfës , 8c
plus en gouttière dans toute leur furface fupérieure.
Les fleurs font pendantes 8c fituées en épis
grêles fur une hampe ordinairement rameufè. Cette
plante .croît dans les Indes ; on la cultive au Jardin
du Roi. L> • La fubftance interne de fes feuilles efl
plus ferme que celle de Y A lo e s ordinaire, ne
reffemble point à une gelée molle, 8c confé-
quemment ne doit point fournir autant de fuc
extraélif que celle de cette efpèce. ( v . v . f . f l . )
La plante 3. a fes'feuilles bordées de dents épineufes
, rouges ën leurs bords, 8c portées fur une
fouche foible 8c chancelante,
5. A loes d’Abyfïinie , A l o ë AbyJJinica. H. R.
jS. A l o e m a c u la ta , vera, Forsk. Ægypt, 73.
n°. 2.9 ? ( F lo r e s f la v i . )
C ’efl une efpece très-diflin&e des précédentes,
8c qui efl plus grande & beaucoup plus réfineufè
quelles. Ses feuilles font longues de deux pieds
8c demi, larges de quatre pouce,s à leur bafe,
épaiffes , tendres , d’un verd clair , bordées d’épines
rouges, convexes ou en demi-cylindre extér.
rieurement, en gouttière à leur face intérieur^,
8c difpofées en rond fur le collpt de la racine,
formant un faifceau un peu ouvert. Lorfque i’on
coupe une de ces feuilles , on en voit fortir bientôt
avec abondance un fuc gluant, d’un jaune-orangé ,
qui paroît trèsrréfineux , 8c qui en peu de tems
s’épaiflit en une matière feche & rouffâtre. Du
milieu des feuilles s’élève, à la hauteur de trois
pieds ou davantage, une hampe cylindrique,
fimple, munie de petites braélées écailleufés dans
fa partie fupérieure , 8c qui porte des fleurs d’un
jaune-verdâtre , difpofées en un épi alongé un peu
lâche. Ces fleurs font profondément découpées en
ftx parties qui refient rapprochées 8c en tube ; elles
ont leurs étamines un peu l'aillantes hors de la
corolle, 8c refferrées contre un côté de fon bord.
Cette plante a été rapportée d’Afrique par M. le
Chevalier Bruce , 8c eft cultivée au Jardin du Roi.
J>. (y. v. ) ■ ' $
’6 : A loes- cornés de belier, A lo ë f r u t ic o fa . H*
R. A l o ë A f r i c a n a caulefôens , f o l i i s g la u c is cau-
lem ampleâentibus . Comm. Hort. 1 . p. 2.-7. t. 14.
A Ï 6 ë arborefceris. Mill. Die. n°. 3.
Cette efpece e f l , de toiis les A lo ë s connus ,
celle qui, s’élève davantage : le collet de fa racine
pouffe en tige nue, cylindrique , marqué par les
cicatrices ,dés ; anciennes feuilles , 8c acquiert juf-
qu’à dix ou douze pieds de hauteur. H efl terminé
a fon fommet par un bouquet de feuilles glauques,
amplexicaules , un peu étroites , bordées par des
dentelures fort épineufes , ouvertes horizontalement
, 8c recourbées en dehors ou en deflous
comme des cornes de belier. Du milieu des feuilles
naît, un pédoncule fimple qui fe termine par un
bel épi denfe, conique ou pyramidal, dont les
fleurs font d’un rouge éclatant. Les fleurs du fommet
de l’épi étant les dernières; à fe développer ,
font droites 8c prefque feflïles, & les inférieures
font au contraire foutenues‘fur.d’affez longs pédoncules
8c un peu pendantes. Leur corolle efl cylindrique
, longue d’un pouce 8c demi, 8c légèrement
verdâtre en fon limbe. Les étamines font un
peu faillantes. On trouve xétte plante dans l’Afrique
; elle efl cultivée au Jardin du Roi. T) • ( v . v . )
7. A loes féroce , A l o ë fe r o x . H. R. A l o ë A f r i ca
na caulefcens , f o l i i s g la u c is latio r ibu s & u n d i~
que fp in o jis . Comm. Præl. 70. t. 19.
Sa tige efl une fouche cylindrique , nue , haute
de deux à trois pieds , 8c qui porte à fbn fommet
des feuilles grandes , larges , amplexicaules , d une
couleur glauque,, épaiffes, roides, & épineufes
non-feulement en leurs bords , mais encore en
leur fuperficie , & particuliérement fur leur dos,
qui en eft par-tout hériffé. Les épines de ces feuilles
font fortes 8c d’une couleur rouge ou purpurine.
On cultive cette plante au Jardin du Roi ; elle,
fe trouve dans l’Afrique. . ( v . v . )
8. A loes mitré, A l o ë mitrerformis. H. R. A l o ë
A f r i c a n a mitreeformis fp in o fa . Dill. Elth. i l .
t, 17. f. 19.
0. A l o ë mitreeformis a n g u jlio f. H . R. Vulgairement
le p e t it mitré.
La tige de cette plante'efl une fouche haute de
deux ou trois pieds , dont la partie fupérieure eft
chargée de feuilles vertes , épaiffes, charnues,
larges vers leur bafe , convexes en dehors, bordées
d’épines blanchâtres, & redreffées comme.les
cornes d’une mître. Ces feuilles ont fur leur dos
quelques verrues blanches , 8c quelquefois des
épines difpofées en ligne moyenne , & point éparfes.
Les fleurs naiffent fur un pédoncule commun ,
terminal, qui efl fouvent fimple , & quelquefois
rameux , 8c forment au fommet de ce pédoncule
ou dé chacune de fes branches, un fort bel épi
court ; conique , large à fa bafe , & d’un rouge
très-vif. Les corolles font cylindriques,, longues
au moins d’un pouce 8c demi, portées chacune
fur un pédoncule propre , qui a plus d’un pouce de
longueur , & feulement inclinées en bas fans être
compl.ettement pendantes. Lorfque les fleurs du
fommet de l’épi font épanouies , alors le bouquet
qu’elles forment reffemble affez à un beau corymbe.
Le flyle feul efl un peu faillant hors de la fleur.
La variété 3. a fes feuilles plus courtes 8c moins
redreffées. On trouve cette-efpece dans l’Afrique _
8c on la cultive au Jardindu Roi. • ( %&& )
9. Alo.es moucheté , A l o ë maculofiz. A l o ë
A f r i c a n a maculata fp in o fa , m a jo r . Dill. Elth. 17V
Tab. 14. f. 15. 3. A l o ë A f r i c a n a m acu la ta fp in o fa , minor.-
Dill. Elth. 18. Tab. 14. f* 16. A lo ë p i c ta . JuflT
Vulgairement A lo ë s p ein t.
Le.collet.de fa racine s’élève un peu en tige y
feulement à la hauteur d’unpied 8c demi; 8c l’a.
partie fupérieure efl munie de feuilles amplexicaules,
larges dé quatre pouces à leur bafe , Ion.-;
gués d’environ dix pouces , médiocrement épaiffes y
vertes , parfemées foit en deffits , Toit en- deflous y
détachés d’un blanc pâle ou verdâtre, & bordées
d’épines dont les pointes, font un peu rouges. Du
milieu de ces feuilles, qui font affez ouvertes 8 c
difpofées en rond , naît une hampe fimple , terminée
-par un épi de fleurs court , conique , bien
garni, 8c fort beau. Les corolles font- cylindriques
, pédonculëes , à demi-pendantes, 8c de couleur
rouge dans les deux tiers de leur longueur;
La variété-3; a fes feuilles moins larges, d’un,
verd-foncé prefque noirâtre, & marquées'particuliérement
en deffus de taches blanchâtres plus
grandes 8c plus apparentes. Son épi de fleurs eft
plus alongé, moins denfe 8c moins élégant. On
trouve cette plante dans l’Afrique , & on la cultive
au Jardin du Roi. . ( v . v . )
10. Aloes à feuilles minces, A l o ë t em i i f o l ia .
A l o ë maculofa. H. R.
Quoique cette plante ait beaucoup de rapport
avec i’efpèce qui précède, elle en eft néanmoins
conflamment & fortement diflinéte par fes feuilles
qui font minces , prefque membraneufes, d’un
verd très-pâle , même communément rougeâtre ,