
CLASSE XVII. Fleur à pluficurs étamines réunies par leurs filets en
deux corps........................................ ÜIADELEHIE.
( Les Légumineufes , &c. )
XVIII. Fleur à plufieurs étamines réunies par leurs filets en
plus de deux corps. . • . ...........................POLYADELPHIE.
(.Les Orangers , les Millepertuis, &c. )
XIX. Fleur à plufieurs étamine's réunies par leurs anthères en
forme de cylindre........................................................... SYNGÉNÉSIE.
( Les Compof.es , les Violettes1, & c . )
XX. Fleur à plufieurs étamines réunies & attachées au piftil.. . Gynand rie.
( Les Ortjuides1,' les GrVnadill.es , & c . )
Les trois Clalfes qui fuivent comprennent les Plantes dont les fleurs font vifibles,
mais qui ne font point toutes hermaphrodites,
XXI. Fleurs mâles &fleurs femellesféparées fur un même individu... Monæcie.
( Les Chênes*, les Bouleaux, les Pins , &c. )
1 XXII. Fleurs mâles & fleurs femelles féparées fur des individus
différens.. . , , , ., .. , ......................................DlÆCIB
(Les Saules, les Peupliers ,^les Chanvres , & c . )
XXIII. Fleurs mâles & femelles fur le même ou liir différens
individus, qui portent aufli des fleurs hermaphrodites.. . POLYGAMIE.
( Les Arroçhes , les Erables, &c. )
La dernière Claffe renferme les Plantes qui n’ont point de fleurs vifibles ou faciles a
diftinguer ; de forte que dans ce qui tient lieu des parties de la fruêbion de ces Plantes,
on ne diflingue pas les étamines & les piftils d’une manière évidente, comme dans
les fleurs des Plantes des vingt-trois Claffes qui précèdent.
XXIV. Fleurs ou prefqu’invifibles & indiftinêtes, on renfermées
dans le fruit......................................................s • CRYPTOGAMIE.
( Les Fougères , les Mouffes , les Algues , les Champignons. )
Je n’entrerai ici dans aucun détail fur
les défauts trop nombreux de ce fyftême,
parce qu’ils font la plupart fort connus , &
que j’en ai moi-même déjà' fait remarquer
les principaux dans le Difcours préliminaire
de ma Flore Françoije : je dirai feulement
en général que le fyftême vraiment ingénieux
dont il s’agit , & qui plaît tant dans
la fimple fpéculation, devient prefqu’in-
fupportable dans la pratiqué par la quantité
d’erreurs, dans laquelle il jette continuellement
lorfqu’on n’eft point prévenu.
En effet, le nombre des exceptions aux
principes de cette diftribution fyftémati-
que, eft déjà exceflif, & l’expérience fait
voir encC'e tous les jours que plus on découvre
de nouvelles Plantes, plus il faut
multiplier ces exceptions, fi l’on ne veut
point dilacérer les genres les plus naturels.
Rien n’eft fi commun dans ce fyftême que
de rencontrer des genres dont on ne con-
noît encore que deux efpeces, & de voir
que l’une de ces efpeces appartient à telle
claffe , tandis que l’autre doit être nécef-
fairement rapportée, felon le principe du
fyftême , à une claffe différente , comme le
prouvent le Callitnche, le 7 ilhva. le Coffaea,.
le Portlandia, le Tamarix, VÆ/culus, le
Feplis, le Pedveria, le Dais, le Tripfacum ,
le Myriophyllum, &c. A plus forte raifon
trouve-t-on des exceptions multipliées dans
les genres où il y a plus de deux efpèces, J & où, comme dans le Valeriana, le Gentiana
, le Polygonum, le Phytolacca , le
Lythrum, le Cleome, le Rumex, le Laurus,
I le JuJJioea, \z Bomba?, Scc.&c. Le fyftême
jetteroit dans de perpétuelles erreurs ceux
qui ne connoiffant pas d’avance les Plantes
qui. font dans ce ca s, fe confieroient aux
principes de cet ordre pour être éclairés.
Ainfi , indépendamment des rapports
naturels que le fyftême de Linné rompt
totalement dans bien des cas , comme on
le voit dans les Graminées, les Liliacées,
les Légumineufes , fkc. qu’il divife , &
dont il relègue les démembremens dans
des claffes où font rapportés d’autres végétaux
qui ne. leur reffemblent en ; aucune
manière ; indépendamment, encore des
cara&éres même de certaines claffes qui
expofent fans ceffe à l’équivoque, tel qu’on
le remarque dans la Didynami-angiolper-
mie, dans la Monadelphie pentandrie &
décandrie , dans la Diadelphie , dans la
Polyadelphie , dans la Syngenefie-mono-
gamie, &c. qui renferment des Plantes
qu’on pourroit. chercher dans des claffes
différentes; les .exceptions .nombreufes &
particulières des efpeces q u i, les unes ,
.n’ont point le caraétère de leur claffe , &
les autres .font dépourvues de celui de leur
feêtion ,, achèvent de rendre le fyftême
dont il s’agit très-infuffifant & beaucoup
moins bon qu’on ne le croit communément.
Maintenant, pour mettre les chofes dans
le véritable point de vue qui leur convient,
je ne balance pas à dire que , s’il eft vrai
que le fyftême fexuel foit aufli défeâueux
que je viens de l’énoncer , & que fi néanmoins
ce fyftê.me eft devenu d’un ufage
prefque général, ce n’eft que parce qu’il
eft le feul auquel on ait rapporté avec d’ex-
cellens caraétères & de bons fynonymes,
toutes les Plantes qui font connues ; d’un
autre côté, il.n’en eft pas moins vrai que
l’Auteur célèbre du fyftême dont nous
parlons , peut être regardé , malgré cela,
comme le plus grand Botanifte qui ait jamais
exifté. En effet, les travaux immenfes de
ce favant Naturalifte, l’énorme quantité
d’obfervations intéreflàntes qu’il a faites ,
tous les nouveaux rapports qu’il a découverts
, la précifion admirable qu’il a indiquée
& par fon exemple & par fes principes
, à quiconque veut décrire & déterminer
une Plante ; en un mot, la fomme
incroyable de connoiffances nouvelles &
de lumières qu’il a répandues dans toutes
les parties de la Botanique, & même dans
toutes les antres branches de ffliftoire naturelle/
dédommagent amplement des défauts
de fon fyftême , & font de sûrs
garants que tant qûe ces belles Sciences
feront cultivées , jamais le nom de cet
illuftre Botanifte ne tombera dans l’oubli.
Pour fe convaincre du.fondement de
tout ce que je viens de dire , il fuffit de
confidér.er l’énorme quantité d’Ouvrages
intéreffans qu’a publiés ce Naturalifte, parmi
lefquels on diflingue principalement
fon Syftéme de la Nature, fes genres &
fes. efpèces de Plantes, fes Catalogues du
Jardin de Cliffort & de celui d’Upfal ; fes
Flores de Laponie , de Suède & de-Cey-
lan ; fa Critique1 & fa Philofophie Botanique
; fa Matière médicale ; fes Amoenités
académiques , & fes divets voyages dans
les régions voifines de fon pays : on verra
fans doute que les uns font remplis de faits
curieux & importans , d’obfervations fans
nombre , & de principes lumineux ; que
les autres préfentent des découvertes pré-
cieufes, des difièrtations favantes & d’utiles
énumérations de tous les êtres naturels
connus ; & qu’enfin tous décèlent
une aftivité inconcevable dans le travail,
une exa&itude fevère dans l’expofition des
faits, beaucoup de làgacité & de fineffe
dans l’obfervation ; & en un mot , une
grande profondeur de connoiffances dans
toutes les parties des Sciences fur lefquelles
cet illuftre AuteUr a é c r it, fi l’on en excepte
la Minéralogie, dont il femble n’avoir
eu que des idées fort imparfaites.
L’impartialité qui nous a guidé & dans
fe jugement que nous avons porté du fy f.
tême fexuel, & en même tems dans l’éloge
que nous avons effayé de faire du mérite
eminént de fon Auteur, nous oblige de
même à remarquer qu’on reprochera toujours
avec raifon à cet illuftre Botanifte ,
d’avoir changé , fans néceffité manifefte,
un grand nombre de noms bien connus ,
poury en fubftituer d’autres qui nel’étoirrt
nullement , ou qui l’ëtoient beaucoup
moins, quoiqu’ils aient pu exifter ancien