
XVI D I S C O U R S ,P RÊLI MI NA IRE.
mention dans cet Ouvrage, en dix-fept
claffes, la plupart établies d’après les con-
lidérations principales que Rai & Morifon
ont employées dans leur méthode.
Jacob Barrelier, qui, né à Paris en 16»6,
entra dans l’Ordre des Dominicains, 8c fe
livra à la recherche des plantes en voyageant
pour cela en Efpagne , en Italie ,
& dans les différentes parties de la France.
On a de lui un Ouvrage en un Vol. in-folio,
contenant 1324 figures, qui parut en 1714,
par les foins de M. Antoine de Juffieu ; il
y rapporte à la méthode de Tournefort
toutes les Plantes qui y font mentionnées.
Paul Bocçone, qui naquit à Palerme en
Sicile en 1633 , entra dans l’Ordre de
Cîteaux; & malgré cela, fe fit un nom
célèbre en Botanique par, les recherches
qu’il fit des Plantes les moins connues de
l’Europe ; il en donna un excellent fàfci-
cule , après avoir parcouru pour cet objet
la Sicile , l’Ifle de Malthe, celle de Corfa,
l’Angleterre, la Francs , l’Allemagne, 8cc.
George-Evrard Rumpf, Hollandois 8c
Auteur célèbre de l’Herbier d'AmUoine,
dans lequel on trouve les defcriptions 8c
les figures d’un nombre prodigieux d’Ar-
bres 8c de Plantes qui croiffent dans les
Ifles Moluques ou dans les pays qui en font
voifins, 8c dont une grande partie n’eft
point encore bien connue. Cet Ouvrage ,
immenfe par tout ce qu’il contient, fut
publié en fix Vol. in-folio en 1742 , par
M. Jean Burman, qui y ajouta des notes
très-intéreflàntes.
Pierre Magnol, qui profefla avec d i t
tinftion la Botanique a. Montpellier, eflàya
le premier, dans fon Prodromus Hijiorioe
generalis Plant arum , d’établir des familles
naturelles parmi les plantes. Il publia un
Catalogue des Plantes qui croiffent aux environs
de Montpellier, oc un autre de celles
qui étoient dans le Jardin de cette Ville,
On a de lui un Ouvrage pofthume qui préfente
une méthode fondée en général fur
la confidération du calice, combinée avec
celle des autres parties de la fruâification
des Plantes.
AuxBotaniftes célèbres que nous venons
de citer, 8c que l’on place comme ayant
un peu précédé Tournefort, nous en ajouterons
feulement encore deux , qui chacun
par leurs Ouvrages, ont contribué à faire
connoitre une quantité confidérable de végétaux
étrangers.
Le premier eft le Chev. Sloane , Irîan-
dois, qui étudia la Médecine à Montpellier
, pafîà enfiiite a la Jamaïque vers l’année
1688 , 8c fu t , à fon retour en Angleterre
, premier Médecin du R o i, 8c Préfi-
dent de la Société royale de Londres. Ce
Médecin illuftre publia , outre diverfes
defcriptions particulières des végétaux rares
, un Catalogue des Plantes qui croiffeHt
dans l’Ifle de la Jamaïque , 8e un autre
Ouvrage en deux Vol. in-folio t intitulé e
Hijloire des Plantes de la Jamaïque, &c.
dans laquelle il décrit, quoiqu’un peu vaguement,
un grand nombre d Arbres 8c de
Plantes fort rares, 8c dont beaucoup font
encore peu connues.
Le fécond eft Pluknet, qui naquit en
Angleterre en 1642, 8c qui eft de tous les
Auteurs, celui qui a donné le plus grand
nombre de figures de Plantes exotiques. Il
eft vrai que la , plupart de ces figures font
incomplètes, 8c que beaucoup font médiocres
ou mauvaifes ; néanmoins il y en a
quantité qui font très-paffables. Comme
l’Ouvrage de Pluknef contient beaucoup de
Plantes qui font inconnues, 8c quantité de
lynonyroes propofés par fon Auteur , cet
Ouvrage eft, pour ceux qui font des recherches
fur les plantes , d’une utilité prefque
journalière.
Tel étoit l’état des chofes en Botanique ,
que depuis les Bauhins, qui avoient concilié
la nomenclature des anciens Auteurs, 8c
depuis Cæfalpin, qui le premier tenta
l’exécution d’une méthode pour faciliter
l’étude des Plantes, il avoit paru fucceffive-
ment une quantité confidérable d’Ecrivains
célèbres, dont, je n’ai même cité que la
moindre partie , 8c qui , les uns par les
nouvelles découvertes qu’ils publièrent, 8c
les autres, par les différens arrangemens
méthodiques qu’ils effayèrent d’établir ,
avoient confidérablement enrichi la Botanique.
Cependant, comme depuis l’époque
des Bauhins,dont nous venons de parler,
D 1 S C O URS PR
Ton avoit toujours travaillé 8c beaucoup
découvert, 8c que chaque Auteur réglant
fa nomenclature fur fa méthode, avoit
continuellement déterminé les genres de
plantes à là manière , fans qu’aucun entraînât
jamais le fuffrage général ; l’arbitraire
s’étoit, établi daps toutes les parties de
cette Science, à un point extrême; la con-
fufion s’étoit de nouveau introduite dans
la plupart des idées qu’on avoit des chofes ;
8c la Botanique fe trouvoit réduite à n’avoir
que des principes vagues 8c obfcurs, 8c
des méthodes difficiles, compliquées 8c
rebutantes.
Ce fut dans ce tems que parut l’immortel
Tournefort, qui l’emporta fur tous fes
prédéceflèurs par la clarté de la méthode
qu’il imagina, 8c q u i, en un mot , fut
répandre le plus gfand jour fur toutes les
parties de la Botanique.
En effet, Tournefort, né à Aix en Provence
en 16$6, eut de bonne heure tant
de goût pour l’étude des plantes ; 8c fe distingua
tellement dès qu’il put s’y livrer ,
qu’à vingt-fept ans, ayant été attiré à Paris
par M. Fagon , premier Médecin du R o i ,
il eut la place de Profeffeur de Botanique
au Jardin royal des Plantes. Tournefort
avoit déjà parcouru dès-lors les montagnes
de Provence, de Languedoc, du Dauphiné,,
des Alpes, de Catalogne 8c des
Pyrénées ; d’où il avoit rapporté une grande
quantité de plantes , la plupart fort rares ,
8c qui commencèrent fon Herbier. Son emploi
de Profeffeur de Botanique ne l’empêcha
pas de faire encore différens voyages
pour multiplier fes découvertes ; auffi ,
[ÉLIMINAIRE. xvij
toujours vivement follicité par le defir d’acquérir
de nouvelles connoiftances, il retourna
en Efpagne , fut jufqu’en Portugal,
voyagea enfiiite en Hollande 8c en Angleterre
, 8c donna par-tout des preuves d’un
grand favoir 8c d’une activité inexprimable.
Il fut aufïi, par ordre du R o i, dans le
Levant, 8c parcourut à cette eceafion la
Grèce , les principales Ifles de l’A rchipel,
les bords de la mer Noire , 8c s’avança
même jufqu’aux frontières de la Perle.
Dans ce beau voyage, Tournefort recueillit
quantité de plantes intérefïantes 8c nouvelles
, telles que la Morine, la Gundelle,
l’Azalée pontique , le Pavot du Levant, le
Rofage pontique , le Néflier à feuilles de
Tanaifie , 8cc. dont il donna, dans la Relation
qu’il fit de ce voyage, des defcriptions
détaillées 8c précifes, 8c des figures
excellentes.
En 1694, fix ans-avant de faire le voyage
dont nous venons de parler, Tournefort
publia fes Elémens de Botanique , imprimés
au Louvre en trois Vol. i/2-80. dont deux
Volumes de Planches pour la repréfenta-
tion des fleurs 8c des fruits qu’il choifitpour
déterminer fes genres. C’eft dans ce bel
Ouvrage que ce célèbre Botanifte donna fa
méthode , la plus claire 8c la plus facile
qui eût paru jufqu’alors- Elle confifte en
vingt-deux claffes fondées en général fur
la confidération de la corolle , 8cdivifées
chacune d’après la forme 8c la nature des
fruits ; il y a néanmoins quelques claffes
qui font établies fur d’autres principes,
comme, on le voit dans l’expofé qui fuit :
M É T H O D E D E T O U R N E F O R T .
Herbes & fous-Arbrijfeaux à fleurs Jîmples , 6' qui ont
C l a s s e s .
une corolle monopétale , régulière &campaniforme. ................................... , l
une corolle monopétale } régulière & inlundibuliforme. i
une corolle monopétàle, irrégulière & anomale. . » *■ . . . . . • . . • • 3
une corolle monopétalé, irrégulière & labiée. . .. « . . .......................................... 4
unecorolle polypétale , régulière & cruciforme. . .....................................................?
une corolle polypétale, régulière & rofacée. . . . » . ..........................................6
une corolle polypétale , régulière , avec des fleurs en ombélle. 7
une corolle polypétale, régulière, & des fleurs en oeillet. . . . . . . . . 8
une corolle polypétale .réguliè re , & des fleurs en lys. . 9
une corolle polypétale, irrégulière, avec des fleurs papilionacées.’. . . . . . . io
une corolle polypétale, irrégulière, & des fleurs anomales. . . . s . . . • I I
Botanique. Tome I c