font remplis de la matière du premier
élément. Comme ils font longs & étroits,
leur extrême petiteffe ne permet pas
aux diverfes parties de cette matière de
fe mouvoir autrement que félon la longueur
: aufli demeurent - elles en repos ■
lès unes A l’égard des autres, < & forment
certains petits corps qui ont la figure de
ces pores. C’eft cet amas de petits corps
qui ont des pores ondoyans pour moules,
6c qui par conféquent reffemblent à de
petites cordes , qui forment ce que nous
appelions eau.
L’eau n’eft naturellement ni froide ni
chaude, parce que de fa nature elle eft
également fufceptible du plus ou du moins
d’agitation, qui eft néceflaire pour la
rendre ou faire paroître chaude ou froide.
Il ne faut pas croire que l’eau rempli
fie tous les pores de la terre: il en
èft de longs & droits qu’occupent plu-
fietirs petites parties longues droites,
chacune defquelles eft compofée de la
matière du premier élément, qui s’eft
figée : & ces parties réunies forment le
fe l. Il eft plus pefant que l’eau, parce
que les parties dont il eft compofé, ont
une figure qui leur permet de s’unir
aflez étroitement pour qu’un certain volume
de fel contienne plus de matière
terrtftre qu’un égal volume d’eau.
Il s’engendre encore dans la terre d’autres
matières qu’on appelle fluides. Elles
font formées de pkifieurs amas d’un très-
grand nombre de parties branchues,
chacune defquelles eft compofée de la
matière du premier élément, qui—s’eft
figé dans des pores de la terre, lefquels
font femblables à des branches d’arbres.
Pendant que ces matières fe figent
ainfi, & même quand elles font figées ,
leurs pores peuvent fe remplir d’une
matière étrangère qui s’y arrête, comme
par exemple, de fels volatils, & par ce
moyen la matière fubtile du premier &
fécond élément ne pénétrant plus ces
corps en fi grande quantité qu’aupara-
v a n t, ils perdront leur liquidité , changeront
de nature , & deviendront des
corps durs aflez maftifs, tels que font
le loutre minéral & les diverfes fortes
de bitumes qui fe tirent de la terre.
Il fe forme encore de tout cela d’autres
corps dans la terre, ce font les métaux
&> les minéraux. Les métaux font
Vor f Vargent, le plomb , le cuivre, le fer
& V étain ; on ajoute encore le v i f argent,
quoiqu’il foit liquide, parce qu’il peut
perdre fa liquidité de plufieurs manières.
Ces corps ont la propriété d’être fufibles
par le feu, & de pouvoir être forgés
fur l’enclume. Les minéraux ne diffèrent
des métaux que parce qu’ils ne peuvent
avoir ces deux propriétés à la fois : ceux
qui fe fondent au feu ne font point malléables
, & ceux qui font malléables ne
fe fondent point au feu : tels font le
verre, le criflaf les cailloux, les diamans ,
les émeraudes , les agathes , les topafes ,
les rubis, les faphirs , &c.
On tire aufti des minéraux une pierre
qu’on appelle aiman , qui eft à peu
près de la couleur du fer, qui a la propriété
d’attirer ce métal, de fe tourner
toujours du côté du nord, lôrfqu’elle
èft fufpendue librement, & de s’incliner
vers la terre. La partie de l’aiman qui
fe dirige du côté du nord & la partie
oppofée, font les deux pôles de l’aiman,
& la ligne qu’on fuppofe aller d’un pôle
à l’autre, eft fon axe. Cette pierre a encore
la vertu de communiquer fes propriétés
au fer qu’il touche, ou qui pafle
feulement à une diftance de lui.
Ces effets font produits par un tourbillon
de matière magnétique, dont les
parties font en forme de vis, laquelle
fe meut du nord au fud &du fud au
nord. Cette matière entre dans l’aiman ,
qui eft percé d’un nombre innombrable
de pores parallèles entr’eux , dont les
uns ont la forme d’écroue, & peuvent
admettre les parties qui viennent du pôle
n o rd , & les autres qui ont la même
form e, donnent paffage aux parties qui
viennent du pôle fud ; mais le tourbillon
magnétique ne peut traverfer ainfi
l’aiman fans le diriger dans la dire&ion
•de fon mouvement : cette pierre doit
donc tourner au nord , lorlquVle eft
fufpendue librement.
A l’égard de l’attraétion, elle provient
clu tourbillon de la matière magnétique
qui circule autour de l’aiman, lequel agit
fur le fer lorfqu’il eft dans la fphère de
fon tourbillon : il agit fur- ce m étal,
parce qu’il eft un aiman imparfait, 8c
que par conféquent fes pores font aflez
femblables.à ceux de l’aiman pour que
la matière magnétique y entre & s’y engagTe
o utes ces matIiè res, fl es méItaux, les
minéraux, l’aiman , font formées dans
les entrailles de la terre par des feux
fouterrains qui fe manifeftent su dehors
en quelques endroits de ce globe , comme
à la montagne d’Ecla en Iflande, à
celle d’Etna ou du montGibel en Sicile,
& du Vefuve au Royaume de Naples.
Le feu eft un amas d’nn grand nombre
de parties terreftres aflez maflives , qui
ont toutes une très-grande agitation,
parce qu’elles nagent dans la matière du
premier élément, dont elles fuivent la
rapidité.
C’eft ce grand mouvement qui produit
en lui la chaleur. En s’agitant ainfi
violemment, il écarte à la ronde les petites
boules du fécond élément, qui devient
ainfi lumineux.
Le feu fe propage par l’a&ion du vent.
O n appelle ainfi une agitation fenfîble
de l’air. Elle eft caufée par l’inégalité dit
mouvement du tourbillon qui circule
autour de la terre. On conçoit que le
mouvement du tourbillon qui circule
autour de l’équateur eft plus lent que
celui du tourbillon qui circule autour
des pôles : & cela en meme raifon de la
grandeur des cercles qu’ils parcourent.
Maintenant le foleil échauffant l’a ir,
ne peut pas manquer de le dilater & de
le faire mouvoir par là dans une même
contrée, tantôt vers un côté & tantôt
vers un autre, félon qu’il fe trouve di-
yerfement firué à l’egard de cette contrée
: ce qui caufe diverfes fortes de
vents , comme on le reconnoît ; & cette
caufe, jointe à celle de l’inégalité du
i mouvement du tourbillon terreftre, dont
nous venons de parler, doit produire
•des vents très-irréguliers > 8c de toutes
fortes.
On prouve ce raifonnement par une
expérience fort curieufe. On fait un vaif-
feau dë cuivre en forme de po ire, 8c
qui eft percé par un très-petit trou du
côté de fa partie qui eft en pointe : on
le met fur un feu ardent afin de chafler
ou dilater ainfi l’air qu’il contient ; on
le plonge enfuite dans l’eau par la partie
percée : cette eau y entre en telle quantité
, qu’elle réduit l’air qui y eft en la
même denfité qu’il a extérieurement.
Cela fait, on affeoit ce vaifleau ( qu’on
nomme éolipyle ) fur des charbons!* ar-
den* par la groffe partie, 8c peu de temps
après l’eau, s’éièvent en-vapeurs qui forcent
par le petit tro u , 8c produifent un
vent qui continue jufqu’à ce que l’eau
foit évaporée, ou que la chaleur foit
tout-à-fait diflipée.
C’eft aux vents qu’il faut attribuer
1 qs pluies y la rofée 8c le ferein ; car, fui-
vant qu’ils agiflent, ils changent les vapeurs
qui s’élèvent de la terre en pluie,
rofée ou ferein. Lorfque ces vapeurs rencontrent
un air froid en tom bant, elles
fe changent en neigea fi cette neige fe
fond d’abord en tombant , & qu’elle fe
regèle par la rencontre d’un nouvel air
froid, elle deviendra grêle.
La pluie 8c la grêle font accompagnées
aflez fouvent du tonnerre, de la
foudre 8c des éclairs. Ces météores font
formés par des exhalaifons 8c des vapeurs
que la chaleur a enlevées en divers
temps des entrailles de la terre, 8c
qui s’amaflent entre deux nues, y fermentent
8c s’enflamment. La flamme eft
Yéclair. Le bruit que produit cette inflammation
en fortant par un paflage
quelquefois aflez étroit , qui fe forme
entre les nues, eft ce qu’on appelle le
tonnerre^ 8c lorfque le tonnerre caufe
quelque fracas, on le nomme foudre.
Après l’orage paroît quelquefois tm
météore agréable, c’eft Y arc-en-ciel. C ’eft
une bande circulaire qui paroît dans le
Ciel , teinte des plus vives couleurs.
Ces couleurs font le rouge , le jaune ,
le werd, le bleu 8c le violet. Lorfqn’o a
voit l’a rc -e n -c ie l, l’air eft rempli de
gouttes d’eau tout-à-fait îranfparentes ,