jardin particulier les plantes que
quelques voyageurs apportèrent
del’Amérique; maisoneftimaque
ces plantes profpéreroient mieux
dans les pays méridionaux de la
France, S c on choifitMontpellier.
Henri I K y fitconftruire en 1598
un beau jardin, auquel la Faculté
de Médecine de cette ville doit la
plus grande partie de fa réputation.
On penfa dans la fuite
qu’avec beaucoup d’art on pourroit
cultiver toutes fortes de plantes à
Paris ; 8c on fentit l’avantage qu’il
y auroie à avoir un jardin comme
celui de Montpellier, dans la capitale
du royaume, où les fciences
étoient plus cultivées que par-tout
ailleurs.
C ’eft aufli ce que repréfenta à
lo u is X I I I G ui de la B roue,
Médecin ordinaire du Roi. Ses
raifons parurent excellentes ; 8c
ce Prince donna en \6i6 un
é d it , qu i, fur les motifs de la
fanté du peuple , S c de l’inftruc-
tion des Etudiants en Médecine
françois S c étrangers , créoit
l’établilfement de ce jardin , S c
affignoit des fonds néceffaires
pour le conftruire S c l’entretenir.
On ralfembla eh peu de temps
tant de plantes dans ce lieu, que
Gui de la Broue publia lui-même
un catalogué de plus de deux mille
plantes. Les fucceffeurs de ce Médecin
n’oublierent rien pour augmenter
ce tréfor de Botanique ;
mais ce ne fut que fous M. Fagon
qu’il eut fon plus grand accroif-
fernent 8t fon plus beau luftre...
Ce Savant en alla chercher lui-
même dans les Cévennes , fur le
Mont-d’Or en Auvergne, dans le
Languedoc, aux Pyrénées, aux
Alpes, Sc fit tranfporter au Jardin:
du R o i, à lès propres dépens , les
plantes qu’il favoit y manquer (ij;'
Mais ce n’étoit point aflez de
reunir ainfi à grands frais dans
un même lieu les plantes de tou-*
tes les parties du monde, il fal-
loit mettre un ordre dans la diftri-
bution de ces plantes, les ranger
fuivant leurs genres Sc leurs efpe-
ces , Sc en un mot, établir les principes
de la Botanique. Les Anciens
ne connoiffoient point aflez
les plantes pour fonger à cela. 11$
philofophoient fur leur nature,
fans s arrêter à leurs genres.
Platon Sc Ariftote qui admettoienü
dans l’univers une ame, laquelle
donne, félon eux, la vie à tous les
êtres, penfoient que les plantes
ont du fentiment, qu’elles coni
4 DifaH's fur Us progrès de la Botanique au Jardin Royal des Plantes, pat H.d e Juff!tu;
P R E L I M
ïioiflent même leur état ; mais
comme elles n’ont point les organes
des animaux , ce fentiment fe
réduit à quelques fenfations internes.
C ’eft par ces fenfations
qu’elles éprouvent une certaine
peine parle befoin de nourriture;
de forte que quand elles en manquent,
elles font aflez voir ce qu’elles
fouffrent par leur couleur pâle,
par la langueur de leurs feuilles
qui fe fanent. L’anatomie des
plantes , S c des obfervations fur-
leur fenfibilité, prouvent ce fyf-
tême.
D ’abord M. Geoffroi fait voir
qu’il y a tant de conformité dans
les fonctions des animaux S c des
plantes, qu’011 peut dire qu’ils
fe nourriffent, croiflent , S c fe
reproduifent de la même maniéré.
Les corps des uns S c des
autres font formés de tiffùs de
vaiffeaux arrofés par des liqueurs
dont la fermentation continuelle
entretient la vie. En examinant les
plantes av ec plus de foin , le même
Savant reconnoît que leur ftruc-
ture effentielle ne différé point de
celle des animaux ; que les fibres
des plantes font de petits canaux
qui conduifent chacun leurs liqueurs
; que ces canaux ont en
dedans des inégalités- qui font le
même effet que les valvules dans
I N A I R E . vij
le corps des animaux, e’eft-à-dire
qui foutiennent les liqueurs, S c
empêchent le reflux fur elles-mêmes;
qu’un grand nombre de vé-
ficilles , femblables aux glandes
véficulaires des animaux , attachées
les unes aux autres en maniéré
de chaînes, trâverfent ces
fibres, S c que ce font des réfer-
voirs où les fibres verfent les fucs
qu’elles apportent, S c où ces mêmes
fucs féjournentquelque temps
S c acquièrent le degré de perfection
néccllaire à la nourriture de
la plante.
M. Geoffroi obferve encore que,
de même que les animaux, les
plantes ont u-ne grande quantité
de trachées qui leur fervent dé poumons
, S c que l’air, porté par ces
conduits dans toute la plante,
pénétré lafeve, la fubtilife, S c la
réveille par la fermentation qu’il
y excite ; de forte que la rcfpira-
tion , ce- grand principe de la vie,
eft uniforme dans les plantes S c
dans les animaux. Enfin, il remarque
que la nutrition des plantes
n’eft pas moins uniforme que dans
les animaux , ces corps vivants
ayant- des vifeeres ainfi qu’eux. Ces>
vifeeres font les racines, le tronc,
les feuilles ,. les fleurs S c les fruits s-
les racines , le tronc S c les feuilles-
fer vent à leur nourriture : les fleurs.