6o P O L I N I E R E,
la dernière v e flîe . Si v o u s fou fflez par
le petit tuyau , v o u s enle v e re z aifément
c e poids. Plus il y aura de v efîies ainfi
ajou tées l’une à l’a u t r e , plus l’effort
q u ’on fera fera g ran d , c ’eft-à -dire qu’on
p o u r ra en le v e r un poids beaucoup plus
confidérable.
C e tte exp ér ien ce fait v o ir que les
mou vemen s de n otre co rps dépendent
du raccourciffement & de l’allongement
des fibres charnues. E n effet la partie
fu pé rieu re de la première v e flîe à laq
u e lle le tuyau eft attaché , repréfente
la tête du mufcle q ui eft ordinairement
fix e . L a partie inférieure de la fécondé
v e f lie à laquelle le poids eft a t ta ch é ,
repréfente le corps ou la partie charnue
comp ofée de fibres c r e u fe s , qui s’enflent
& fe gonflent pendant le raccourciffement
du mufcle. L a ligature qui joint les deux
v e f îie s , repréfente les efpèces d’anneaux
qui rendent le gonflement plus
ég a l dans l’étendue du mufcle. Enfin le
poid s qu’on en lè v e en fou fflant, repréfente
l’offement ou autre partie q ui eft
fortement attirée pendant le gonflement
de toutes les fibres q ui compofent le
co rps du mufcle.
Expériences fur l'Air.
i . Pren e z un tu y a u de v e r re , ou v e r t
feulement à une de fes extrémités ; rem-
pliffez-le de mercure en l’ inclinant. Mette
z le doigt à l’ou v er tu re du tu y a u , pou r
empêcher que le mercure ne le répande
en le relev an t. P lon g ez la partie du
tuyau o u v e r te dans un v a fe plein de
m e r c u r e , & retirez le doigt.
L e mercure fortira alors par l’o u v e r t
u r e , & fe répandra dans le v a f e , juf-
q u ’à ce que la colonne du mercu re , o u
la quantité de mercure contenue dans le
tube de v e r r e , foit en équilibre a v e c la
pefanteur de la colonne d’air. Ainfi le
vif-argent ou mercure demeure fufpendu
dans le tube jufqu’à la hauteur de 27
pou ces \ , qui eft le poids, ordinaire de
la colonne d’ air. Je dis ord in a ire , pa rce
qu e le ]poid& de l’air va r ie fuivant qu’il
eft a g i té , ou que fa colonne e f t interr
om p u e ,
O n appelle- ce tte e x p é r ien c e , l 'Expérience
de Toricelli. Et c e tuyau étant appliqué
contre une planche d ivife e en
pouces & en lig n e s , forme un baromètre.
2. Rempliffez d ’eau un g o b elet un p eu
lo n g ; cou vre z-le d’un p a p ie r ; p o fez la
main fur ce p a p ie r , & ren v e r fe z c e g o b
elet. O te z la ma in , & foutenez-le dans
la fituation perpendiculaire.
L ’eau contenue dans le g o b elet ne tombera
p o in t , & le papier demeurera appliqu
é à l’ouverture . C e tte eau fe fou -
tiendra, quand le gobelet auroit 3 1 pieds \
de h a u t , q ui eft le poids de la colonne
d’air. C ’eft le poids de l’air contre le
papier q ui empêche & le papier &: l ’eau
de tomber. C e c i p r o u v e , comme le baromètre
, la pefanteur de l’ air.
O n fait une autre expérience fembla-
ble à celle-ci. O n a une bouteille dont
le fond eft percé de plufleurs petits trou s.
O n plonge cette bouteille dans un v a if -
feau plein d’eau-, & elle s’y remplit. S i
on met le pou ce fur le gou lo t de la b ou teille
pour la fe rm e r , on la retire fans
que l’eau fe répande par les trous ; &
lorfqu’on ô te le p o u c e , elle cou le p a r
les trou s .
C e t effet s ’e x plique comme ce lu i du
papier appliqué contre le gob elet. Q u an d
le goulo t d e la bouteille eft o u v e r t , la
colonne d’air qui agit fur la furface d e
l’e a u , & l ’eau m êm e , fon t un effort plus
grand que les réfiftances des petites c o lonnes
d’air qui font appliquées aux petits
trous du fo n d , & alors l’ eau cou le
par le fond : mais quand on ferme l’ou v
er tu re du g o u lo t , l’eau ne peut cou le r
fans qu’il fe forme un v u id e , & alors
l’air agit par fon poids contre l’eau qui-
eft p rête à s’échapper par les petits t ro u s ,
&. l’empêche de tomber.
3. A y e z d eux corps de marbre ou de
e r ifta l, dont les furfaces foient applanies
& bien polies. A u centre de chacun d e
ces c o rp s , appliquez un crochet. M ouillez
d’ eau commune ces deux furfaces
p o l ie s , & appliquez - les l ’une co n t re
l’autre en les gliflant.
Si on veu t féparer ces corps en l e s
tirant par leu r crochet perpendiculaire?*
P O L I N I E R E. 6t
ment à leurs furfaces p o lie s , o n ne peut
le s féparer qu’en furmontant une refif-
tance confidérable.
Mettez ces deux co rps ainfi unis dans
le réc ipient d’ une machine pneumatiqu
e ( d) , & p ompez l’air. Le s d eux corps
fe féparent d’ eu x-même s , Sc tombent.
Il e ft évident que cette réfiftan'ce qu’ on
ép ro u v e p ou r fépare r les d eu x corps
u n is , comme on a dit c i - d e v a n t , ne
v ien t qu e du poids de l’ a i r , qui forme
une prefîion contre ces fu r face s, puif-
q u e ce s d eu x co rps fe féparent d’e u x -
mêmes dans le récipient de la machine
pn euma tiqu e, quand on en a p ompé l’air.
O n fait la meme expérien ce fur deux
co rp s c re u x q u ’on joint en fem b le , &C
dont on pompe l’ air : mais la réfiftance
à la féparation eft ic i infiniment plus
grande.
4. M ettez une pomme flétrie fur la
machine pneumatique , & co u v re z - la
d’un petit récipient. Pompez enfuite l’air.
A mefure qu’on le p om p e , la pomme
de vient unie & s ’enfle jufqu’à c r e v e r ,
p a rc e que Pair qu e contient la pomme
n’ étant point en équ ilibre a v e c l ’air e x t
é r ie u r , fe d ila te , gonfle la p e a u , Par-
rondit ; & enfin lorfque l’ air du réc ipient
eft entièrement pompé , n’a y a n t plus
rien qui le foutienne , dé chire la peau.
L e même effet a r r ive lorfqu ’on met
fou s le récipient une v e f lîe l ié e , & qui
n’ eft point enflée.
5. M ettez un animal v iv an t fous le
réc ipient de la machine pn euma tiqu e,
comme un o i f e a u , un la p in , ou une
fo u r is , & c . Pompez l’air. A u x premiers
cou ps d e pifton , l ’animal tom b e & pa-
ro ît mort. Laiffez rentrer l’a i r , l’animal
fe remet peu à peu dans-l’état o h il étoit
auparavant. Mais fi on pompe entièrement
l’a i r , & q u ’o n re fte quelque temps
fans d onner de l’air , l’ animal meurt tout*
à-fa it.
O n p ro u v e par ce tte expérience combien
Pair eft nêcefla ire à la v ie de tou s
les an im a u x , c’eft-à -d ire de tou t c e q ui
refpire .
6 . M ettez fou s le réc ipient un g o b e le t
ple in de v in ou de l ’e a u , d e l’ efprit de
v in o u de la b iè re. P om p e z Pair. A prè s
l’ opéra tion , il s’é lè v e dans chacune des
liqueurs des bulles d ’air. E t fi l’on continue
à p om p e r , elles b ouillonnent. L ’eau
tièd e bouillonne fo r tem e n t , & la b iè re
produit beaucoup d ’écume.
Si après a v o ir p e rc é un oe u f on le
met fou s le ré c ip ie n t, à m efure qu’o n
pompe P a i r , c e q u i eft contenu dans
l’oe u f fort ; & quand o n laiffe ren trer
P a i r , ce qui é to it for ti de l’oe u f y rentre^
7 . M ettez une chandelle allumée fo u i
le récipient. P ompez Pair. L a ch andelle
s’ éteint. La fumée monte au haut du
r é c ip ie n t , & tom b e enfuite comme un
co rps pefant.
8. Eten d ez un papier fur le cu ir q u i
co u v r e le plateau de la m achine pneumatiqu
e . Répand ez fur ce papier un peu
de pou dre à canon* C o u v r e z - la a v e c
le ré c ip ien t, & p ompe z Pair.
Si on met le feu à ce tte pou dre a v e c
un v e r r e a rd e n t , e lle ne s ’enflamme
point ; mais elle fe fond , bouillonne &
p irou ette fu r le papier : ce qui p ro u v e
d eux ch ofes . P rem iè rem en t, qu e c’ e f t
Pair q ui e ft enfermé dans la pou dre à
canon qui fait fa forc e . E n fécond lieu ,
qu e Pair g roflie r eft n êcefla ire à la p ro -
dii&ion & à la con ferv ation d e fon inflammation.
Expériences fur te Bruit & fur te Son.
1 . Cim en te z une c lo ch ette au fo n d
d ’un réc ipient. Faites fon n e r la c lo chette
: o n l’ entend fo r t bien. P om p e z
P a ir : le fon diminue jufqu’à n’être p r e s que
plus entendu.
D e - là il faut conc lu re qu e le fon eft
un ébranlement fubit de Pair q u i e n v i ron
n e le co rps fon ore.
2 . Plon g ez dans du v i f - a r g e n t u n
(d.) Voyez la deücrijJtion de cette Machine dans l’Hiftoirc de BojU*.