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 la   dernière  v e flîe .  Si  v o u s   fou fflez  par  
 le   petit  tuyau   ,  v o u s   enle v e re z   aifément  
 c e   poids.  Plus  il  y  aura  de  v efîies  ainfi  
 ajou tées  l’une  à  l’a u t r e ,   plus  l’effort  
 q u ’on  fera fera  g ran d ,  c ’eft-à -dire  qu’on  
 p o u r ra   en le v e r   un  poids  beaucoup plus  
 confidérable. 
 C e tte   exp ér ien ce  fait  v o ir   que  les  
 mou vemen s  de  n otre  co rps  dépendent  
 du   raccourciffement &   de  l’allongement  
 des  fibres  charnues.  E n   effet  la  partie  
 fu pé rieu re  de  la  première  v e flîe   à   laq 
 u e lle   le  tuyau   eft  attaché  ,   repréfente  
 la  tête  du  mufcle  q ui  eft  ordinairement  
 fix e .  L a   partie  inférieure  de  la  fécondé  
 v e f lie   à  laquelle  le  poids  eft  a t ta ch é ,  
 repréfente le  corps  ou  la  partie  charnue  
 comp ofée de fibres  c r e u fe s , qui  s’enflent  
 &  fe gonflent pendant le raccourciffement  
 du mufcle.  L a   ligature  qui joint  les deux  
 v e f îie s   ,   repréfente  les  efpèces  d’anneaux  
 qui  rendent  le  gonflement  plus  
 ég a l  dans  l’étendue  du  mufcle.  Enfin  le  
 poid s  qu’on  en lè v e   en  fou fflant,  repréfente  
 l’offement  ou  autre  partie  q ui  eft  
 fortement  attirée pendant  le gonflement  
 de  toutes  les  fibres  q ui  compofent  le  
 co rps  du  mufcle. 
 Expériences fur l'Air. 
 i .   Pren e z un  tu y a u   de  v e r re   ,  ou v e r t  
 feulement  à une  de  fes extrémités ;  rem-  
 pliffez-le de mercure  en l’ inclinant. Mette 
 z   le doigt à  l’ou v er tu re  du  tu y a u , pou r  
 empêcher  que  le  mercure  ne le  répande  
 en   le  relev an t.  P lon g ez  la   partie  du  
 tuyau   o u v e r te   dans  un  v a fe   plein  de  
 m e r c u r e , &   retirez le  doigt. 
 L e   mercure  fortira  alors  par  l’o u v e r t 
 u r e ,  &   fe  répandra  dans  le  v a f e ,   juf-  
 q u ’à  ce   que  la  colonne  du  mercu re ,  o u   
 la  quantité  de mercure  contenue  dans  le  
 tube de  v e r r e ,   foit  en  équilibre  a v e c   la  
 pefanteur  de  la  colonne  d’air.  Ainfi  le  
 vif-argent ou  mercure  demeure  fufpendu  
 dans  le  tube  jufqu’à   la   hauteur  de  27  
 pou ces  \ ,  qui  eft  le  poids, ordinaire  de  
 la   colonne  d’ air.  Je dis  ord in a ire ,  pa rce  
 qu e   le  ]poid& de  l’air  va r ie   fuivant  qu’il  
 eft  a g i té ,  ou   que  fa   colonne e f t   interr 
 om p u e , 
 O n  appelle- ce tte  e x p é r ien c e ,   l 'Expérience  
 de Toricelli.  Et  c e   tuyau   étant  appliqué  
 contre  une  planche  d ivife e   en  
 pouces  &   en lig n e s ,   forme un baromètre. 
 2. Rempliffez d ’eau un g o b elet  un p eu   
 lo n g ;   cou vre z-le  d’un  p a p ie r ;  p o fez  la  
 main  fur  ce   p a p ie r ,  &   ren v e r fe z   c e  g o b 
 elet.  O te z   la ma in ,   &  foutenez-le  dans  
 la  fituation perpendiculaire. 
 L ’eau contenue dans le g o b elet ne tombera  
 p o in t ,   &   le papier  demeurera  appliqu 
 é  à   l’ouverture .  C e tte   eau  fe   fou -  
 tiendra, quand le gobelet auroit 3 1  pieds \  
 de  h a u t ,   q ui  eft  le   poids  de  la  colonne  
 d’air.  C ’eft  le   poids  de  l’air  contre  le  
 papier q ui empêche  &  le  papier &:  l ’eau  
 de  tomber.  C e c i  p r o u v e ,   comme  le baromètre  
 ,   la pefanteur  de  l’ air. 
 O n   fait  une  autre  expérience  fembla-  
 ble  à   celle-ci.  O n   a  une  bouteille  dont  
 le fond eft percé de plufleurs petits trou s.  
 O n  plonge  cette  bouteille  dans  un  v a if -   
 feau  plein  d’eau-,  &   elle s’y   remplit.  S i  
 on met  le  pou ce  fur  le gou lo t de la b ou teille  
 pour  la  fe rm e r ,  on  la  retire  fans  
 que  l’eau  fe  répande  par  les  trous ;  &   
 lorfqu’on  ô te   le  p o u c e ,   elle  cou le  p a r   
 les  trou s . 
 C e t   effet  s ’e x plique  comme  ce lu i  du   
 papier appliqué contre le gob elet. Q u an d   
 le  goulo t  d e   la  bouteille  eft  o u v e r t ,   la  
 colonne  d’air  qui  agit  fur  la  furface  d e  
 l’e a u , &  l ’eau m êm e , fon t  un  effort  plus  
 grand  que  les  réfiftances  des  petites  c o lonnes  
 d’air  qui  font  appliquées  aux petits  
 trous  du  fo n d ,   &   alors  l’ eau  cou le  
 par  le  fond  :  mais  quand on  ferme l’ou v 
 er tu re  du  g o u lo t ,   l’eau  ne  peut cou le r   
 fans  qu’il  fe  forme  un  v u id e ,   &   alors  
 l’air  agit  par  fon  poids  contre  l’eau  qui-  
 eft p rête à s’échapper par les petits t ro u s ,   
 &.  l’empêche  de  tomber. 
 3.  A y e z   d eux  corps de marbre  ou  de  
 e r ifta l,  dont  les  furfaces  foient applanies  
 &   bien  polies.  A u   centre  de  chacun d e   
 ces c o rp s ,  appliquez  un crochet. M ouillez  
 d’ eau  commune  ces  deux  furfaces  
 p o l ie s ,   &   appliquez -  les  l ’une  co n t re   
 l’autre  en  les gliflant. 
 Si  on  veu t  féparer  ces  corps  en  l e s   
 tirant  par  leu r   crochet  perpendiculaire?* 
 P O L  I N I E R E.  6t 
 ment  à leurs furfaces p o lie s ,   o n   ne peut  
 le s   féparer  qu’en  furmontant  une  refif-  
 tance confidérable. 
 Mettez ces  deux  co rps  ainfi  unis dans  
 le   réc ipient  d’ une  machine  pneumatiqu 
 e   ( d) ,  &  p ompez l’air.  Le s d eux corps  
 fe féparent  d’ eu x-même s ,  Sc tombent. 
 Il e ft évident que cette réfiftan'ce  qu’ on  
 ép ro u v e   p ou r  fépare r  les  d eu x   corps  
 u n is ,   comme  on  a  dit  c i - d e v a n t ,   ne  
 v ien t   qu e   du  poids  de  l’ a i r ,   qui  forme  
 une  prefîion  contre  ces  fu r face s,  puif-  
 q u e   ce s   d eu x   co rps  fe  féparent  d’e u x -   
 mêmes  dans  le  récipient  de  la  machine  
 pn euma tiqu e, quand on en a p ompé l’air. 
 O n   fait  la meme  expérien ce  fur deux  
 co rp s   c re u x   q u ’on  joint  en fem b le ,   &C  
 dont  on  pompe  l’ air  :  mais  la  réfiftance  
 à   la  féparation  eft  ic i  infiniment  plus  
 grande. 
 4.  M ettez  une  pomme  flétrie  fur  la  
 machine  pneumatique  ,   &   co u v re z  -  la  
 d’un petit récipient. Pompez enfuite l’air.  
 A   mefure  qu’on  le  p om p e ,   la  pomme  
 de vient  unie  &   s ’enfle  jufqu’à  c r e v e r ,  
 p a rc e  que  Pair  qu e   contient la  pomme  
 n’ étant  point  en  équ ilibre  a v e c   l ’air  e x t 
 é r ie u r ,   fe  d ila te ,  gonfle  la  p e a u ,  Par-  
 rondit ;  &  enfin lorfque  l’ air du réc ipient  
 eft  entièrement  pompé  ,  n’a y a n t   plus  
 rien  qui  le  foutienne  ,  dé chire  la  peau. 
 L e   même  effet  a r r ive   lorfqu ’on  met  
 fou s   le  récipient  une  v e f lîe   l ié e ,   &   qui  
 n’ eft point  enflée. 
 5.  M ettez  un  animal  v iv an t   fous  le   
 réc ipient  de  la  machine  pn euma tiqu e,  
 comme  un  o i f e a u ,  un  la p in ,   ou   une  
 fo u r is ,  & c .  Pompez l’air. A u x   premiers  
 cou ps  d e  pifton  ,   l ’animal  tom b e   &   pa-  
 ro ît  mort.  Laiffez rentrer  l’a i r ,   l’animal  
 fe  remet  peu  à peu  dans-l’état  o h  il étoit  
 auparavant.  Mais  fi  on  pompe  entièrement  
 l’a i r ,  &   q u ’o n   re fte  quelque temps  
 fans d onner de l’air ,  l’ animal meurt tout*  
 à-fa it. 
 O n  p ro u v e  par ce tte  expérience  combien  
 Pair  eft  nêcefla ire  à   la  v ie   de  tou s 
 les  an im a u x ,  c’eft-à -d ire   de  tou t  c e  q ui  
 refpire . 
 6 .  M ettez  fou s  le réc ipient un  g o b e le t  
 ple in   de  v in   ou   de  l ’e a u ,   d e  l’ efprit de  
 v in   o u   de la  b iè re.  P om p e z   Pair.  A prè s  
 l’ opéra tion  ,  il  s’é lè v e   dans  chacune  des  
 liqueurs  des  bulles  d ’air.  E t  fi  l’on  continue  
 à  p om p e r ,  elles b ouillonnent. L ’eau  
 tièd e   bouillonne  fo r tem e n t ,   &   la  b iè re  
 produit  beaucoup  d ’écume. 
 Si  après  a v o ir   p e rc é   un  oe u f   on  le   
 met  fou s  le   ré c ip ie n t,  à   m efure  qu’o n   
 pompe  P a i r ,  c e   q u i  eft  contenu  dans  
 l’oe u f   fort  ;  &   quand  o n   laiffe  ren trer   
 P a i r ,   ce qui é to it for ti de l’oe u f  y   rentre^ 
 7 .  M ettez  une chandelle  allumée fo u i  
 le   récipient.  P ompez  Pair.  L a   ch andelle  
 s’ éteint.  La  fumée  monte  au  haut  du  
 r é c ip ie n t ,   &   tom b e  enfuite  comme  un  
 co rps  pefant. 
 8.  Eten d ez  un  papier  fur  le  cu ir  q u i  
 co u v r e  le  plateau de la m achine pneumatiqu 
 e .  Répand ez  fur  ce   papier  un  peu   
 de  pou dre  à   canon*  C o u v r e z - la   a v e c   
 le   ré c ip ien t,  &   p ompe z  Pair. 
 Si on  met  le   feu  à ce tte  pou dre  a v e c   
 un  v e r r e   a rd e n t ,   e lle   ne  s ’enflamme  
 point ;   mais  elle  fe  fond  ,   bouillonne &   
 p irou ette  fu r   le   papier  :  ce   qui p ro u v e   
 d eux  ch ofes .  P rem iè rem en t,  qu e   c’ e f t   
 Pair  q ui  e ft   enfermé  dans  la  pou dre  à   
 canon  qui fait  fa forc e .  E n   fécond  lieu  ,   
 qu e   Pair  g roflie r  eft  n êcefla ire  à  la p ro -  
 dii&ion  &   à   la   con ferv ation   d e  fon   inflammation. 
 Expériences fur  te  Bruit  & fur  te Son. 
 1 .  Cim en te z   une  c lo ch ette  au  fo n d   
 d ’un  réc ipient.  Faites  fon n e r   la  c lo chette  
 :  o n   l’ entend  fo r t   bien.  P om p e z   
 P a ir :  le  fon  diminue  jufqu’à   n’être  p r e s que  
 plus  entendu. 
 D e - là   il  faut  conc lu re  qu e   le   fon   eft  
 un  ébranlement  fubit  de  Pair  q u i  e n v i ron 
 n e  le co rps  fon ore. 
 2 .   Plon g ez  dans  du   v i f - a r g e n t   u n 
 (d.) Voyez  la  deücrijJtion  de  cette Machine  dans  l’Hiftoirc de BojU*.