les plaines, ceux qui rampent fur la
te rre , ou qui planent dans les airs,
fon t encore un des principaux objets
des recherches de ces hommes
de m érite. E t après avoir parcouru
toutes les productions de la nature
fur la furface de la te rre , ils
en vifitcnt l’intérieur.
L à , comme dans un vafte m aga-
fin , ils puifent différents fucs
hu ileux , des matières greffes Sc
bitum ineufes, plufieurs fortes de
fels, diverfes efpeces de terres. E nfin
defeendant dans les carrières
Sc dans les fouterrains, ils examin
en t les pierres, les m étau x, les
feux qui s’y engendrent, les bêtes
qui y vivent, en un m o t, tout ce
que la nature femble avoir voulu
dérober à la connoiffance des m ortels.
,
T outes ces richeffes form ent
fans doute le fpeétacle le plus touchan
t : elles fon t connoître le
C réateur par fes oe uv res, Sc la
vue de leur pofleffion eft bien capable
de rendre l’homm e heureux
par une paix confiante. Il n ’y a
que l’ignorance qui puiffe l’éloigner
de cet état agréable , 8c
rien ne peut mieux l’y conduire
que la connoiffance des chofes
naturelles. Auffi a-t-ontâché dans
tous les temps de l’acquérir.
Les plus illuftres Phiïofophes
de l’antiquité firent une étude particulierede
la n atu re, &c il paroît
que les anim aux ont d’abord été
l’objet de leur attention. Démo-
crite , Pythagare Sc Anaxagore recherchèrent
l’origine des anim aux.
Ils penferent qu’ils venoient tous
d’unefemence créée avec le m onde.
Démocrite étoit fi perfuadé de cela
qu’il ne doutoit point que les
monftres ne fuffent produits par
l’union des deux femences confondues.
Anaxagore enfeignoit auffi
que la femence renferm oitla différence
des anim aux, e’eft-à-direÿ
qu’on trouvoit en elle les traits
primitifs de chaque animal.
C ’étoit là étudier la nature plutô
t enPhyficien qui recherche les
caufes, qu’en N aturalifte qui exam
ine les effets. A vant que de vouloir
expliquer l’origine des anim
au x , il falloit les connoître , SC
on auroit dû commencer par-là ;
mais il eft plus commode de faire
des fyftêmes fur la nature des êtres,
que de courir le m onde pour les
voir Sc les décrire; Sc d’ailleurs-
Démocrite , Pytkagore Sc Anaxagore
étoient des Phiïofophes
proprem ent dits , Sc non des
N aturaliftes : ce qui eft bien différent.
Q uoiqu'Arifioce ne m érite point
cette dernierequalité, il approcha
néanm oins mieux du but que les
Sages qui avant lui s’étoient oc*;
P R E L I M
cupés de la Zoologie , ou de la
fcience des animaux. Sans fe donner
la peine de courir le monde
pour fe m ettre en état d’écrire
l’H iftoire des A n im au x , il com-
pofa fon O uvrage avec des M émoires
qui lui furent envoyés de
toutes les parties de l’univers.
Alexandre le G ra n d , dont il
éto it le P récep teu r, 8c qui étoit
auffi curieux de connoître la nature
que de conquérir la terre ,
I N Â T R E . Üf
de fe repaître de fables Sc de men-
fonges , que l’amour du merveilleux
prit le foin de lui procurer ces
Mémoires. Il chargea plufieurs
milliers de perfonnes en Grece Sc
en Afîe d ’étudier les anim aux de
leur pays, 8C d ’envoyer leurs def-
criptions Sc leurs obfervations à
fon Précepteur.
Avec ces fecours Ariflote com-
pofa une H iftoire des Anim aux ,
do nt il expofa les particularités
avec affez d’ordre. Il prend- les
anim aux à leur naiffance, décrit
leur m aniéré de vivre, la grandeur,
la figure Sc la couleur de leurs
corps , la variété de leurs cris,
leurs caractères, lès devoirs que là
nature leur à preferits , enfin la
durée de leur vie, C et Ouvrage
co n tien t,fan s contred it, des chofes
intéreffantes ; mais l’A uteur y-
â m êlé beaucoup de faits crus fur
des bruits populaires qui le déparent.
C ’étoit le goût du temps
faifoit recevoir fans aucun
examen. Com me ceux qui don-
noient aux Savants des inftruc-
tions étoient des gens de la cam pagne
, c’eft-à-dire des hommes
bornés 8t fuperftitieux, ils ne rap-
portoient pas feulem ent ce qu’ils
voyoient, mais ce qu’ils croyoient
avoir V u, ou encore Ce qu’ils ima-
ginoien t, pour rendre leurs narrations
plus intéreffantes. D e là vient
qu’on trouve ta n t défaits apocry !
phes Sc ridicules m êlés avec des
chofes vraies ou croyables'.
T a n tô t c’eft un chien qui découvre
le m eurtrier de fon m aître , ou
un chien qui fe laiffe m ourir de
faim de regret, o u q u ifu itfo n m aître
fur le bûcher jufqu’au milieu
dés flam m es, OU un chien qui ne
boit dans le N il qu’en ' c o u ra n t,
de peur d’être-la proie des crocodiles
; ou enfin u n chien plus extraordinaire
en co re, qui joue un-
rôle fur la feeiie; avec l’applaudif-
femCnt de tons les fpeclatcurs.
T an tô t c’eft le fameux cheVal à'A-
lexandre, nom m é Bueéphale, quir
docile lorfqu’il eft n u d , devient
fi fier quand il eft foûs le harnois
orné des marques de la dignité
roy ale, qu’il ne veut fouffrir d autre
cavalier c y Alexandre , & q u i
a ij