maxime générale, ceux quifuccé-
dèrent à ces Phyficiens, ajoutèrent
des. conjeétures qu’ils donnèrent
pour les principes de la Phyfique :
ces principes font que le monde eft
compofé d’atom es, & que ces atomes
font les élémens de tous les
corps. O n enfeigna enfuite qu’il y
avoit des fubftances vivantes qui
préexiftoient avant l’union de ces
corpufeules élémentaires, ôt qui
continuoient d’exifter après leur
diîlolution. O n'com pofoit ainfi le
monde de deux fubftances, d’une
fubftanceactive, ôt d’une fubftance
pallive.
C ’étoit aflfez bien débuter; mais
on crut pouvoir fimpliiîer la chofe
en n’admettant qu’une feule fubftance
, & on gâta tout. L es uns
voulurent que le concours fortuit
des corpufeules fuffit pour expliquer
la formation de l’univers. D ’autres
plus éclairés attribuèrent cette
formation principalement ou uniquement
à des fubftances incorporelles
aftives. Une troiïïèmè feéte,
peu contente de ces fyftêmes, fou-
tint qu’on ne pouvoir trouver nulle
part » une Habilité de connoilfance ;
» que tout être & toute fcience n’é-
» toient qu’imaginaires & relatifs ;
» que l’homme étoit la mefure de
» la vérité pour lui en toutes cho-
» fe s ; ôt que chaque opinion ou
» imagination de toutes perfonnes
» étoit vraie (a).
Voilà fans doute un écart, bien
étrange. Q uel rapport a çe jargon
avec l’étude de., la nature-? Q ue
lignifie-t-il ? Il paroît que les Auteurs
de cette opinion étoient des
charlatans en fcience, ôt que vou-ï
lant fe faire valoir, ils cherchoient
à déprimer les idées judicieufes
qu’on avoit eues fur le méchanifme
de S univers. Heureufement ces
gens-là ne furent pas écoutés ; ôt le
premier Sage de la G rèce, Thaïes,
fans s’arrêter à tous ces fyftêmes,
crut ne devoir fe fervir que du témoignage
des fens pour remonter à
l’origine des chofes. C ’eft d’après ce
témoignage qu’il établit que l’eau
étoit le principe de toutes chofes.
Il vit que l’eau eft un aliment uni-.
verfel ; que les plantes lui doivent
leur aceroilFement ; que tous les
animaux 1« nourriflënt ou de ces
plantes ou d’autres animaux qui s’en
étoient nourris auparavant ; & enfin
qu’il n’y avoit point de corps qui
n’eût été eau. Il prétendoit que les
vapeurs étoient la nourriture ordinaire
des aftres, & que l’océan leur
donnoit à boire.
Anaxïmandre, difciple deThalès,
au lieu de fuivre le fyftême de fon
m aître, dans le deflein qu’il avoit
de connoître le fyftême du monde ,
s’imagina avoir trouvé une belle
vérité, en difant que tout venoit de
l’infini, & s’y replongeoit à fon tour.
Mais cette penfée étoit fimétaphy-
(a) Çx[oJition âes découvertes philofophiiues du Chevalier Newton, par M. Maclaurin, p. 16.
fique, que les Phyficiens n’y firent
pas la moindre attention.
Artaximènes, qui fut fucceffeur
d ’Anaxïmandre dans l’Ecole de Mi-
le t, fondée par Thaïes, ayant examiné
l’idée de ce dernier Phyficien,
crut devoir fubftituer l’air à l’eau,
parce qu’il penfoit que l’air étoit
infini : d’où il concluoit qu’il devoit
être le principe de toutes choies.
Ce n’étoientici que des idées vagues
qui n’expliquoient rien. Aulïi
Anaxagore, qui transféra l’Ecole de
M ilet à Lam plàque, les laiffa pour
ce qu’elles étoient. Il prit un vol
plus hardi que tous les Philoïophes
qui l’avoient précédé. Il reconnut
d ’abord une Intelligence fuprême ,
un Entendement infini qui avoit
donné l’ordre & la vie à tout ce qui
exifte. E t cet Etre une fois établi,
il le fit agir ainfi :
D ieu ayant trouvé la matière
dans un grand défordre, ôt le dé-
fordre ne pouvant lui plaire, parce
que c’eft un m al, voulut rappeler
toutes chofes à un plan réglé. Il di-
vifa pour cela la matière en une
infinité de parties qui dévoient être
les élémens des corps, ôt qui étoient
femblables à ces corps même. Dieu
difperfa enfuite toutes ces parties
avec art, ôt les doua d’une tendance
mutuelle , afin qu’elles enflent
la propriété de fê rejoindre , fui-
Vantles diflférens befoins de la nature.
Ainfi les parties difperfées
d ’un corps vont, en vertu de cette
propriété., fe réunir aux endroits
qui leur font deftinés, ôt former cfe
corps de nouveau. Ainfi les alimens
qu’on prend renferment des particules
de fang, de lym phe, d’efprits
anim aux, de nerfs , lefquels vont
occuper dans le corps humain la
place qui leur convient.
Ce fyftême connu foùs'le nom dé
doêlrine des Homoeomeries ou des
parties fimilaires, parut très-ingé-
nieufe, ôt occupa beaucoup les Sa-
vans. Pythagbre en fit une étude
particulière, ôt cette étude le con-
duifit à la recherche d’un fyftême
plus univerfel qu’il crut enfin avoir
découvert.
Il y a un D ie u , dit-il, qui n’efi:
point hors de ce m onde, qui eft
répandu par-tout, qui m eut tout
qui agite tout. Il eft l’ame univer-
felle enveloppée dans la matière.
T outes les âmes font des écoulé-
mens ou des portions de cette amé.
Elle feule eft im m uable, tandis que
ces aines particulières font dans un
mouvement continuel, ôc qu’aprèà
avoir pafl’é par plûfieurs épreuves
elles viennent fe confondre avec
elle. Q uelques-unes de ces âmes','
■ nettoyées d e leurs feuillures, retournent
à leur principe au bout
d’un certain 'temps : les autres continuent
à animer fuccelfivement
des corps plus ou moins parfaits",
fuivant qu’elles fe font bien ou mat
comportées.
Ce n’étoit point iciexa& em entun
fyftême de P hyfique, ôt Pythagore
parloit plutôt en Moralifte qu’en
aij