camme des colonnes, fans odeur, ne
s’hume&ant pas beaucoup à l’air, d’un
goût fort falé 6c pénétrant, fe diffolvant
dans l’eau commune, mais fe coagulant
aifément en criftaux mous 6c neigeux
très-froids au toucher.
Ce fel vient d’Egypte. Il eft formé
avec de l’urine, du fel marin, & de la
fuie de cheminée cuits enfemble, 6c
réduits en maffe. En le failant diffoudre
dans l’efprit de nitre, on a une liqueur
qu’on appelle eau régale, parce qu’elle
dilfoud l’or qui eft le roi des métaux. .
On tire de ce fel un fel volatil, lorf-
qu’on le mêle avec de la chaux, 6c qu’on
le fait réfoudre en liqueur par une humi-
dité aqueufe , qui a une odeur li pénétrante
, qu’on s’en fert avec fuccès pour
faire revenir les perfonnes qui font tombées
en foibleffe.
Un fél acide 6c une terre fulfureufe
compofent le minéral que l’on appelle
vitriol. Il y en a de quatre efpèces, du
bleu , du verd, du blanc & du rouge*
Si l’on fait fondre du vitriol verd dans
de l ’eau , & qu’on écrive avec cette dif-
folution , l ’écriture ne paroîtra point ;
mais fi on la frotte avec un peu de coton
imbu de déco&ion de noix de galle,
elle paroîtra. Si on imbibe un autre petit
coton d’efprit de vitriol ,■ & qu’on le
pafle légèrement fur l’écriture, elle dif-
paroîtra. Si enfin on la frotte avec un
autre petit coton imbu d’huile de tartre
faite par défaillance, elle reparaîtra ,
mais d?une couleur jaunâtre.
On purifie le vitriol en le faifant évaporer
à l’air à diverfes reprifes. On calcine
le vitriol verd avec un grand feu, 6c il devient alors rouge comme du fang.
On en tire un efprit fulfureux par la dif-
tiilation. On en tire un fel acide par le
même moyen; & on adoucit cet acide,
quand on veut, avec de l ’efprit-de-vin.
b LW«« de roche eft un fel minéral (typique,
qu’on tire par diflolution, filtration
6c coagulation d’une' efpèce de
pierre qui vient dans; les carrières. On
le diftille & on le calcine. La diftillation
donne l’efprit d’alun qui. eft un acide
plus défagréable que ççliij de vitriol ; 6ç
on a par la calcination une maffe blanche
fort légère 6c fort raréfiée.
On tire le foufre de plufieurs endroits
de l’Europe , 6c particulièrement de la
Sicile. C ’eft un bitume minéral inflammable.
Il y a deux efpèces générales de
foufre, du gris 6c du jaune. Le foufre gris
eft appellé foufre v if, parce qu’on l’apporte
en morceaux informes tel qu’il
eft forti de la terre. Il eft friable, doux
au toucher, s’allume aifément, 6c contient
de l’huile , du fel acide 6c de la
terre. Le foufre jaune eft le foufre commun
; on l’appelle aufli foufre en canon 9
parce qu’il a été fondu , purifié de fa terre
la plus grofîière, 6c jetté en moule.
En exaltant le foufre par le moyen d’une
cucurbite de terre placée fur le feu, 6c
couverte avec une autre cucurbite, on
a une fleur dont on fe fert dans les maladies
du poumon 6c de la poitrine. Si
on fait diffoudre du foufre avec un fel
alkali, 6c qu’on le précipite par un acide p
on a un lait de foufre, qui a les mêmes
vertus que la fleur de foufre.
Lorfqu’on fait fondre dans un matras
& fur un feu de digeftion de la fleur de
foufre dans de l’huile de térébenthine,
il en réfuîte une huile rouge, qu.’on appelle
huile ou baume de foufre. On tire
du foufre un efprit, en le réduifant en
liqueur par le feu. Enfin le foufre mêlé
avec du charbon 6c du falpêtre, fait la
poudre à canon.
On trouve fur des ruiffeaux proche
de la Mer Baltique, dans la Pruffe Ducale
, un certain bitume coagulé , qu’on
appelle fuccin , parce qu’il paraît être
un fuc de la terre, 6c karabé, à caufe
qu’il attire la paille; car ce mot en langue
Perfe fignifie tire-p aille. Il y a trois fortes
de fuccins, du blanc, du jaune 6c du
noir.
On fait fur ce bitume les mêmes opé-?
rations que fur le foufre-; ori le re&ifie'-
de fon huile 6c de fon efprit par la dif-
filiation, & on en tire un fel.
U ambre-gris- eft le dernier minéral. C ’efl
une forte de pâte sèche , légère, grifcâc
odorante, qu’on trouve en grades pièces
flottantes fur les-eaux en plufieurs en«
droits de l’Océan. On la rend plus odorante
en en tirant l’effence ; ce qui fe
fait par l’extra&ion de les parties les plus
huileufès.
Les'plantes contiennent plus de parties
huileufes Ô£ volatiles que les minéraux
, 6c leur féparation eft beaucoup
plus facile. On en tire le fel 6c l’efprit
par la diftillation, qu’on re&ifie par une
autre diftillation. On n’a point encore
anaiyfé toutes les plantes par le moyen
de la Chymie. On ne s’eft attaché qu’à
quelques - unes, dont on ne connoît pas
encore toutes les vertus.
Les plantes principales qu’on a dé-
compofées , font la canellequi étoit le
cinnamome des anciens, d’où l’on tire une
huile qui eft très-ftomachique, & une
teinture ( h ) , en exaltant fes parties les
plus huileufes dans l’efprit - de-vin ; la
niélifTe , les rofes , les fleurs d’orange , 6cc. dont on fait l’eau de mélïffe, l’eau de
rôles, l’eau de fleur d’orange,en féparant
de ces plantes 6c de leurs fleurs la partie
aqueufe & odorante par la diftillation.
Pour les fruits , on en extrait le fuc
en les écrafant 6c les mêlant avec de
l’eau , 6c après les avoir laiffé tremper
quelques heures , en coulant la liqueur 6c exprimant le marc fortement* Ce n’eft
point ici une opération de Chymie, 6c
en général rien n’eft plus (impie que le
travail qu’on fait ou qu’on doit faire fur
les fleurs 6c fur les fruits pour les dé-
eompofer. A l’égard du fucre qu’on candit
en le criftallifant, du tartre , du camphre 6c des gommes , on en extrait l’huile,
le fel 6c l’efpricpar les mêmes opérations
qu’on les extrait des minéraux.
On tire des animaux deux fortes de
fels, un volatil 6c un fixe. Le premier
y eft en plus grande quantité que l’autre ,
parce que les animaux abondent en ef-
prits, qui circulant fans ceffe, le vo-
latilifent. Ce fel eft peu différent du fel
des femences 6c des fruits ; il en a l’odeur
, le goût , 6c prefque les vertus»
Quant au fel fixe, on en tire très-peu, 6c
il y a beaucoup d’animaux qui- n’en ont
point du tout. On le tire comme le fel fixe
des plantes. Ces deux fels font alkalis.
On ne trouve que peu de matière
fixe dans les féparations qu’on fait des
principes des animaux. Leurs fubftances
ne font pas -également, volatiles : les unes
le font plus, les autres moins. Les fels
volatils du crapaud & du fcorpion ne
font pas fi fubtils que le fel volatil de la.
vipère. Les cheveux, burine & le fang,
donnent plus de fel volatil que les os. Les.
poiffons rendent ordinairement moins de'
fel volatil que les animaux terreffres.
Les cloportes, les vers de terre & les
limaçons n’ont pas tant de fel volatil que*
les lézards & lès ferpens. Le cerf-,, la
chèvre, le chien, le loup, le renard, le
caftor, le chat, le lapin , le- rat & 1»
fouris donnent plus de principes volatils
que le veau ,1e mouton, le boeuf, le cheval
& l’âne. Mais- de tous les animaux la-
vipère eft celui qui en a le plus. Quant
à l’homme, il n’eft aucune de fes parties,
qui n’en foit remplie.
Les animaux , leurs parties & leurs;
excrémens pofsèdent des vertus différentes
, félon le plus & le moins de leurs;
principes , & félon la liaifon qui s’en eft;
faite. Ceux dont lesprincipes font très-
volatils, ont ordinairement une qualité'
fudorifique,comme le fang humain;, le;
fang de bouc , le crâne humain , la v ipère
, &c. Et ceux qui en ont moins
ont une vertu apéritive, comme le crapaud,
les cloportes & les écreviffes-
On fépare le phlegme, le fe! & l’huile;
dès animaux par la diftillation. On commence
par faire peu de feu pour faire
fortir le phlegme ; on augmente après;
cela un peu le feu, & il fort des efprits:
qui rempliffent le récipient de nuages-
blancs, lefquels font fuivis d’huile noire-
& de fel volatil qui s’attachent aux parois;
du récipient.
C ’eft par Cette opération qu’on tire
du fel volatil du fang & de l’urine , de
l’eau des cheveux, de l’huile du crâne
humain, & en générai de toutes les par*
ries de l’homme & des animaux..
ÿ>l Voyez 1% définition du mot teinture à la note de la page 27.