G E S N E R K
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u o ï q u b la connoiflânce des plaît-
res ait été eftimée dans tous les fiecles, &
chez toutes les nations , la Botanique n’a
pas cependant été mieux cultivée par les
Anciens que la Métallurgie. On voit par
leurs écrits que leurs connoilTances fur
cette partie de l’Hiftoire Naturelle étoit
luperncieiïe Ôc peu étendue. Diofcoride,
qui s’y eft attaché particuliérement, ÔC
qui pafïà pour le plus grand Botanifte de
l ’antiquité, n’a parlé que de 6oo plantes,
& il les a décrites fi obscurément, qu’il eft
fouvent difficile & quelquefois impoffible
<de les reconnoître. La Botanique ne fit
point de progrès fenfibles pendant les fiecies
qui Suivirent celui de Diofcoride, elle
dépérit meme au lieu d’accroître } enfin
elle s’éclipSa comme toutes les aurres
jfciences, qui ne reparurent que vers le
quinzième fiecle. Alors on ne Songea qu’à
entendre les Anciens. Les Savants de ce
fiecle s’imaginant qu’on ne pouvoir aller
plus loin que les plus célébrés Botaniftes
de l’antiquité, Savoir Théophrafiey Pline,
ôc Diofcoride, fe contentèrent de fe Servir
des lumières qu’ils avoient acquifes
dans la langue grecque, pour apprendre
la Botanique dans leurs ouvrages.
C etoit dans le cabinet que fe faifoit
cette étude. On cherchoit à difeerner les
genres ôc les eSpeces des plantes fur le
détail de leurs propriétés. Tour ce travail
confiftoit en des vérifications ôc en des
traductions plus ou moins exaétes des
inanuferits de ces premiers Botaniftes
mais.le peu de fruit qrnil produifit, fit enfin.
connoître que le grand livre qu’on
doit confulter pour apprendre la Botanique
eft la Nature même (i)..
Tel fut aufii le parti que prit le Natu-
(*) Vita.clanffîmi Pkiiàfopfir & Mcdici excellentijfimr
Conradi Gesnert , Figurini ,-confiripta à Jofia SimUero*^
Jfitx Medicorum qui foeculo fuperïori & quod excurrit, cia-
rutrunt, congejhe, &c< h Meldnorc Aditmo. Vit a Conradi-
GesNERI Figurtni'y, Pbilofophi & Medici funtmi : à la
tête de la derniere édition de fes ouvrages fur la Botanique,
laquelle a paru en 17ƒ4 fous ce. titre : ConradiÇ£$$fE-RZ^
ralifte qui va nous occuper, ôc qui acquit
ainfî tant de connoiflances fur l’Hiftoire
Naturelle , qu’il fut furnommé le Pline
de VAllemagne. Il fe nommoit Conrad
G e s n e r . Il naquit à Zurich en Suilfe, l’an
1516 , dUrfe Gefner ôc de Barbe Frick.
On ne fait point quel étoit l’état de fon
pere} l’Hiftoire nous apprend feulement
qu’il avoit beaucoup d’enfants ôc peu de
bien. C ’étoit un grand obftacle à l’éduca1-
tion de fon fils : cependant Urfe Gefner fit
un effort pour lui faire apprendre les larr-
guesgrecque ôc latine, fous les plus habiles:
Profefteurs de Zurich j.mais quoique fon
fils fît de grands progrès dans fes études,
fes moyens ne fécondant pas fes bonnes
intentions , il étoit prêt à le retirer,
lorfque fon Profeffeur en langue latine ÔC
en éloquence, nommé Jean Jacques
Amian, touché de la perte d’un' fujet fii
excellent, s’offrit de le prendre chez lui
ôc de fe charger de fon éducation. Urfê
Gefner accepta cette offre avec recon-
noiftànce, bien réfolu de lui donner des1
marques de fa fenfibilité aufïi fouvent
que les facultés pourroienr le lui permettre;
G e s n e r continua avec beaucoup d’ardeur
fes études chez ce Profeffeur pendanrtrois
ans. Des infortunes accumulées vinrent
troubler ces heureux-fuccès. Il perdit dans'
ce temps fonprote&eur. Son pere fut tué'
dans les guerres civiles desSuilfes, ôclu i-
même fut attaqué d’une hydropifie de poitrine
qui le mit dans une trifVe firuatiotî.
Il guérit cependant de cette maladie f
mais comme fa mere n’étoit point en état:
de fournir à fon entretien, Ôc qu’il n’a-
voit perfonne qui y fuppléât par fes libéralités,
il prit le parti defortir de fon*
Pbilofophi (y Medici eelebenimi, Opéra Botanica. Mémoires
pour fervic à l’hiftoke des-Hommes Illuftres-, par le-
P. Niccron, rome VII. Et fes Ouvrages.
fi) Voyez les Mém. de/•’Acad, des Sciences, 1700 j Bc l’es-
Obfervations çurieufes fur toutes les partie f de là Phyjique..
Torne l , p^ge 3 54 j,8c Tome III, page 46j.
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