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fiance d’une eau qui les nourrir. Elle a
une graine qui étant femée produit des
noftochs.
C ’eft dans les M ém o ir e s de l 3A c a d ém ie
d e s S c ie n c e s de 17 12 que parurent ces
découvertes fur le noftoch ; de en cette
même année RÉ AUMURpublia un ouvrage
auquel fon travail fur les Arts de Métiers
avoir donné lieu : i l avoir pour objet
V A r t d e c o n v e n ir le f e r en a c ie r j & d 'a d
o u c ir le f e r fo n d u , ou de fa i r e d e s ouvrages
a u jjif in is q ue d e fe r fo r g é . C ’eft le titre
de fon livre. 11 eft partagé en différents
Mémoires, pareequ’il avoit été lu à l’A cadémie
fous cette, forme à plusieurs re-
prifes, pendant le cours des années 17 19 ,
1720;, de 17 2 1.
Tour le monde fait que l’acier eft une
efpece de fer plus perfectionné, qui
contient fous un même volume moins de
parties hétérogènes, & plus de parties
métalliques. 11 ne différé du fer forgé
qu’en ce qu’il a plus de foufres de de fels.
Ainfi convertir le fer en acier c’eft lui
donner de nouveaux foufres de de nouveaux'
fels. 11 y a beaucoup de choix à
ces fels j & c’eft ici le grand fecret de la
converffon.
Après un grand nombre d’e ffais ,
R éaumur trouva enfin que les matières
fulfureufes étaient le charbon pilé de la
fuie de cheminée 5 de quant aux matières,
falines , qu’il falloir fe borner au fel marin
feul. Mais comment introduire dans
le fer ces foufres de ces fels étrangers ?
Notre Philofophe inventa pour cela un
fourneau qui produifit cet effet.
Dans cette opération il peut arriver
que la compofition qui doit convertir le
fer en acier, foit trop forte, ou que le feu
foit trop violent, ou que la matière y refte
trop long.-temps : dans tous ces cas l’acier
fera outré. Il s’agiffbit de trouver le moyen
4e l’améliorer & de le dépouiller d’une
partie de fes fels de de fonfoufre., particuliérement
de ce dernier. A cette
f in , notre Naturalifte découvrit qu’en
enterrant les barres de cet acier dans de
la chaux , ou dans quelque autre fub-
ftance alkaline qui abforbe promptement
le- foufre, de en les mettant epfuite dans
M T? R.
le feu pendant un certain temps, la ma^
tiere fe décompofe en quelque forte , de
redevient un très bon .& parfait acier.
L e fuccès qu’eut ce travail fut tel
qu’on pouvoir l’attendre j de furpaffa même
les efpérances de fon Auteur. » Feu
» M . le Régent, bon juge en pareille
» matière, crut devoir récompenfer,
» dit M. d e F o u c h i , ce fervice rendu à
» l’Etat, par une penfion de douze mille
» livres. M. de R éaumur pouvoit l’ac-
» cepter fans condition, dç bien d’autre^
» l’euffènt fait en fa place ; mais il ofa,
» porter fes vues plus lo in , de demander
» à M. le Duc d 'O r lé a n s qu’elle fut mife
» fous le nom de l’Académie , pour en
» jouir après fa mort de pour fubvenic
» aux frais des expériences néceffaires
» à la perfection des arts : idée bien di-
» gne d ’un Académicien vraiment c ita
toyen. Le Prince Régent fentit toute
» la noblefle de ce procédé , de lui acta
corda fa demande. Les Lettres-Patenta
tes qui affurent ces fonds à l’Acadé-
ta mie , de qui lui en preferivent l’ufage,
aa furent expédiées le 22 Décembre 1722,
aa de enregiftrées en la chambre de*
at Comptes ».
Cependant cet art de convertir le fe r
en acier étoit connu des étrangers} mais
c’était un fecret abfolument ignoré en
France} de les. étrangers profitoient de notre
ignorance à cet égard en tirant d$
groffes fommes de cette marchandife.
Ils nous metroient encore à contribution
pour le fer-blanc. C e métal, qui
n’eft autre chofe que des feuilles de fer
étaraé, ne fe fabriquoit q.u’en Allemagne.
On connoiffoit bien en France lé
moyen de blanchir ces. feuilles en les
plongeant dans de l’étain fondu après,
les avoir frottées de fel ammoniac} mais
ce moyen étoit fort coûteux , de le fer-
blanc qui venoit d’Allemagne n’étoit pas
fi cher, de valoir encore mieux. Les A llemands
avoient don,c un fecret particulier
de faire le fer-blanc. Sur les plus légers
indices qu’il en e u t , notre Philofophe
entreprit de découvrir ce fecret, de
il en vint about.
11 confifte à tremper ces feuilles. dan*.
R E A U M U R . r*
Épié ôau de fon aigrie , de à les laiffèr
enfuite rouiller dans des étuves. Par
cette opération on détache l’écaille du
f e r , de on les ëtame facilement en
lés plongeant dans un creufet plein d’étain
fondu , couvert d’un doigt ou deux
de f u i f , qui d’une part empêche l’étain
de fe convertir en chaux, de de l’autre
fournit en fe brûlant affezde fel ammoniac
à la feuille pour qu’elle puiffe bien
s’étamer. Nouvelle reffource pour les
François, qui moyennant les manufactures
de fer-hlanc qu’ils ont établies , ne
vont prefqu® plus porter leur argent chez
l ’étranger, pour fe procurer cette marchandife.
Nous fommes encore redevables à
R éaumur de là découverte d’un treifie-
me ar t1 c’eft celui de faire la porcelaine.
On avoir cru jufqu’alors que les
Chinois avoient feuls le fecret de cet
a r t , de qu’ils poffédoient atiffi feuls cette
terre précieufe qui fert à former la belle
porcelaine qui vient de ce pays j mais
on établit enfuite en Saxe une manufacture
de porcelaine , dont les ouvrages furent
admirés avec étonnement.
Il y a donc ailleurs qu’à la Chine une
matière propre à faire de la porcelaine ?
de les- Chinois ne font donc pas les feuls
polFeffeurs du fecret de cette invention’ ?
Mais- comment ce fecret eft—il parvenu
en Saxe ? Eff-ce une découverte des
Saxons, ou l’ont-ils appris des Chinois?
Toutes ces queftions , qui formoient autant
de problèmes, piquèrent la curiofité
de notre Philofophe 1 de comme il avoit
allez de génie de de fagaciré pour en tenter
la folution, il voulut s’en occuper.
Il cafla du v erre, de la porcelaine de
de la poterie} de en examinant les morceaux
caffes , il découvrit que la porcelaine
n’étoit autre chofe qu’une matière
à moitié vitrifiée. O r , on peut avoir,
d it- il, une demi-vitrification , ou en ex-
pofanc au feu une matière vitrifiable , de
en la retirant avant qu’elle foit totalement
vitrifiée , ou en compofanr une pâte de
deux matières, dont l’une fe v itrifie,.
de l’autre puiffe foutenir le feu le plus violen
t fans changer de nature*.
Pour favoir de laquelle de ces efpece's
étoir la porcelaine de la Chine , R éau-
m u r l’expofa à un feu v iolen t, de il rai-
fonna ainfi : Si cette porcelaine eft une matière
demir-vitrifiée, elle doit fe convertir
entièrement en v erre} fi au contraire e lle
eft de la fécondé efp ece, elle doit fou-
tenir le feu le plus v i f fans s'altérer. C e
fut en effet ce qui arriva. La porcelaine
de la Chine refta porcelaine , au lieu que
celle de Saxe fe changea en vê'rre. C elle-
là eft donc compolée des deux matières
dont nous avons parlé. Et voilà déjà une
première découverte. Il s’agiffbit enfuite
de favoir quelles étoient ces matières, de
fi la France en produifoit de pareilles.
• A cette fin , il fit venir de la Chiné
des échantillons des deux terres dont on
fait la porcelaine dans ce pays, de en
ayant fait chercher de femblables dan*
le royaume par les ordres du Princé
Régent, il fabriqua avec les matières
qu’on lui apporta d’affëz belles porce-,
laines. Il contrefit même celles de Saxe ,
de tranfporta par ce moyen en France un
art utile de un objet de Commerce qui
lui étoit abfolument étranger.
Il fit p lu s } il imagina une troifiemé
efpece de porcelaine capable de réfifter
au feu le plus v i f : ce fut en rappellanc
le verre tout-à-fait à la qualité de porcelaine,
en le dé vitrifiant voici com-,
ment.
Il mit dans un étui de terre cuite le*
vafe de verre qu’il vouloir transformer
en porcelaine j remplit le vafe de fon étui
d’un ciment compofé de parties égales
de fablon, de gypfe ou plâtre en poudre,
de le plaça dans le four d’un potier , oiY
il le laiffa pendant tout le temps q u é
dura la cuite de fes poteries: En le retirant
du four le verre fe trouva d’un’,
blanc laiteux , demi -rranfparent, dur juf-
qu’à faire du* feu avec de l’acier, infufi-
fible de d’un grain fibreux. Notre Philo-
fophe appelloit cette porcelaine p o r e e •
la in e p a r d é v itr ific a t io n ƒ mais elle eft:
connue aujourd’hui fous le nom de p o r c e la
in e d e R éa um u r .
On peut juger pa:r ces belles découvertes
du génie de Réaumur. On en au»-