comme les cloches, les cordes tendues,
ôc en général toutes fortes de corps qu’on
appelle refonnans, le mouvement de ce
corps frappe de même les fphères de
l ’air qui leur font voifines, ÔC leur font
faire reffort, comme ces fphères le font
faire à d’autres, & ainfi de fuite juf-
qu’à celles qui frappent immédiatement
l’oreille, lefquelles tranfportent ces mou*
vemens jufques dans le cerveau , Ôc excitent
en nous le fentiment qu’on appelle
fon.C
e font ici des obfervations qu'on fait
fur la furface de la terre. On tire de
fes entrailles des corps dont la nature
ÔC les propriétés méritent la plus grande
attention. Ce font les fels , le foutre, les
huiles ôc les métaux.
Il y a trois fortes de fels, le fel acide,
le tel alkali, ôc le tel eflèntiel.
Le fel acide eft formé par de petits
corps longuets ôc pointus comme des aiguilles
, toujours conftans, immuables
ÔC indivitibles, dont la plupart voltigent
en l’a ir, jufqu’à ce qu’y étant délayés
par les vapeurs , tombent avec la pluie
ôc la rofée fur la terre, qu’ils pénètrent
Ôc fertilifent.
Le fel alkali eft, félon toute apparence,
un affemblage de corps cylindriques qui
font creux, ôc dans lefquels les tels acides
peuvent fe loger ; en forte que leur
pointes paroiffent hors de ce corps de
part ôc d’autre.
Et le fe l effentiel eft un fel qu’on tire
du fuc des plantes, ôc qui eft en partie
fixe ôc en partie volatil.
Lorfque les fels acides pénètrent la
terre, ils y font différentes fortes de fels,
félon qu'ils y rencontrent de fels alkalis
pour s’y renfermer. C’eft ainfi que fe
forme le fel commun , le fel foflile ou
le fel gemme ,, le fel des fontaines Ôc le
fel marin, qui tous trois font une même
efpèce de fel.
Il y a encore une forte de fel qu’on
appelle falpêtre. C’eft une composition
de fels acides, & de corps qui tiennent
ces fels acides enfermés. Cela forme un
fel qui eft en partie fixe ôc en partie volatil
, c’eft - à - dire qu’il eft compofe dé
fels fixes ôc de fels volatils.
On appelle foufre un fel volatil détrempé
dans beaucoup d’eau.
Les huiles font d’une nature toute différente
de celle des fels acides. Leurs parcelles
font d’une figure irrégulière, bran-
chue ôc crochue : elles s’embarraffent
facilement les unes dans les autres; Ôc
ne pouvant ainfi former un*corps liquide
comme de l’eau, elles forment une liqueur
vifqueufe.
On compte fept métaux; favoirl’o r ,
l’argent, le fer, le mercure, l’étain, le
cuivre ôc le plomb.
L’or eft le corps le plus pefant de tous
ceux que nous connoiffons. On croit que
fes parcelles font des polièdres ; que ce
font descorps maflifs, impénétrables, in»
divifibles ôc immuables. Ce qu’il y a de
certain, c’eft que l’or eft un métal fi pur,
qu’on ne peut le changer de telle forte
qu’il ceffe d’être or. On l’a tenu des mois
entiers dans un feu très-violent, ôc des
heures entières au foyer d’un verre ardent
, fans y trouver la moindre altération.
Le mercure pèfe un peu moins que
les trois quarts d’un égal volume d’or ;
ôc comme c’eft une matière fort liquide,
ôc un diffolvant de plufieurs métaux ,
on a lieu de croire que fes parcelles font
des boules affez liftes ôc polies. Cette
forte de métal s’envole aifément par la
chaleur du feu , ôc fe perd de cette manière;
mais on ne peut ni le détruire, ni
le changer en un autre corps, de même
que l’or. Quand on l’a employé de quelque
manière que ce puiffe être, on le
revivifie toujours.
Dans le voifinage des mines de fer ,
eft une pierre fingulière, qui eft une
compofition de pierre ordinaire ôc de
fer. Cette pierre, connue fous le nom
iïaiman, attire le fer. Cela vient de ce
que le fer eft rempli ôc parfemé d’une
infinité de petits corps avec des canaux
qui vont d’un bout à l’autre. On appelle
ces petits corps, corps magnétiques. Ce
font ces corps magnétiques qui forment
prefque toute la matière de l’aiman. Les
canaux de ces corps font remplis d’une
matière fubtile qui y circule perpétuellement.
Cela étant, lorfqu’on approche du fer
d’une pierre d’aiman, la matière fubtile
entre dans le fe r , ôc y forme un vuide.
Alors l’air extérieur agit fur le fer, ôc le
pouffe contre l’aiman. A l’egard de la
dire&ion de l’aiman au nord, elle eft produite
par un tourbillon de matière magnétique
qui circule autour de la terre
d’un pôle à l’autre, ôc qui s’engageant
dans le tourbillon des corps magnétiques,
lefquels forment l’atmofphère de
Paiman, l’obligent à fe diriger dans l’axe
de la terre qui paffe par les deux pôles,
parce que cet axe l’eft aufli de celui du
tourbillon de la terre. Et cette explication
revient à celle de Defcartes , qu on
trouve dévelopée dans le fyfteme de Phy-
fique de Rohault, que j ai expofe ci-
devant , ôc auquel je renvoie.
Au refte ce ne font ici que des con-
jeaures; mais lorfque ces conjeaures
font vraifemblables, ôc qu’elles fe fou-
tiennent les unes les autres , elles font
en Phyfique ce que les démonftrations
font en Mathématiques.
Conjectures Phyjîques <£ H A RT S O EK ER
fur téconomie animale.
» Lorfqu’en faifant l’anatomie du corps
» humain on y confidère ce grand nom-
» bre de refforts, dont la plupart font
» d’une délicateffe prefque infinie, ÔC
» qui font conftruits de telle manière que
» l’un s’arrêtant, fait arrêter bien fou-
» vent tous les autres, on doit regarder
» comme une efpèce de miracle qu une
» machine fi foible, ôc qui femble ne
» pouvoir durer feulement un jour, une
„ heure ou même un inftant, puiffe, à
» travers mille peines ôc mille fatigues,
» ÔC malgré cette foule de pallions qui
» l’agitent fans ceffe, Ôc qui, troublent
» fon repos, triompher quelquefois de
» la durée d’un fiècle & plus » (ƒ ) . En
effet voici le méchanifme de cette machine.
Les alimens deftinés à l’entretien Ôc
à l’accroiffement du corps humain, après
avoir été pétris dans la bouche , Ôc réduits
en une efpèce de pâte, descendent
dans l’eftomac par le canal qui y conduit
, qu’on appelle oefophage. Iis y font
arrofes par une liqueur qui reffemble à
la falive, ÔC qui découle fans ceffe d’une
infinité de glandes qui fe trouvent le long
de l’oefophage même. C ’eft ce fuc qui
commence la digeftion des alimens. La
falive, d’autres fucs diffolvans qui font
dans l’eftomac, ôc l’a&ion périftaltique
de l’eftomac fur les alimens, achèvent
la digeftion. Cette aftion de l’eftomac
provient de la refpiration, qui le comprime
ôc le relâche alternativement.
De l’eftomac, les alimens tombent
dans les inteftins ; mais ils ne font point
encore entièrement digérés. Ils font dans
cet état d’une confiftance épaiffe, vifcide
ôc d’une couleur grisâtre , qui eft cependant
diverfifiée, (elon la diverfitédes alimens
qu’on a pris. La digeftion s’achève
dans les inteftins par deux liqueurs bien
différentes , favoir le fuc pancréatique
ôc la bile qui y diftillent continuellement;
le premier d’un vifcère qu’on appelle
pancréas, ôc la fécondé du foie. Ces deux
liqueurs coulent principalement quand
l’eftomac eft plein, parce qu’alors il les
exprime de leurs réfervoirs , ôc les
chaffe dans les inteftins; car le pancréas
eft précifément au-deffous de Feftomac ,
ôc le foie à côté de ce ventricule.
Le fuc pancréatique eft de même nature
que la falive, ôc la bile eft une liqueur
jaune, amère, remplie de fels volatils
ÔC alkali, ôc de parties oléagineufes
ou fulphureufes. Elle abforbe l’acide qui
fe rencontre dans les alimens diffous qui
fortent de l’eftomac, ÔC qui les tient
coagulés, ôc d’une confiftance épaiffe.
Par là cette diffolution devient douce ,
d’une couleur blanchâtre, liquide ÔC