B O E R H A A VE. *
A l’exemple de JVoodward, im Anglois
très-favant, nommé Wifthon, voulut
expliquer tous les changemens qui font
arrivés à la terre. Il adopta une partie du
fyfiême de ce Philofophe, fe fervit in-
diftin&ement de fes oblervations for l ’état
préfent de ce globe, & ajoutant à Tes
connoiffances fes propres idées, fit un
nouveau fyfiême cofmologique.
Il prétend que la terre a été autrefois
confondue avec les aftres qu’elle a été
une comète inhabitable, ou les matières
fe liquéfiant, fe vitrifiant & fe glaçant
tour-à-tour , formoient un atmofphère
autour de ce globe qui le couvroit d’é-
paiffes ténèbres. Mais l’orbite de cette
comète ayant été changée en une ellypfe
prefque circulaire , chaque chofe reprit
la place , & les corps s’arrangèrent lui.-.
vant la loi de leur gravité fpécifique.
Au centre de ce globe fe trouva- un
noyau folide,quiconferve encore aujourd’hui
fa chaleur ; car fuivant le calcul
de l ’Auteur , il faut plus de fix mille
ans pour qu’une pareille maffe fe re;-
froidifle.
Lorfque l’atmofphère dé la comète
fut une fois débarraffé de toutes ces matières'
folides & terreftres , il ne refta
plus que la matière légère de l’air, à travers
de laquelle les rayons du foleil percèrent
aifèment : ce qui produifitla lumière.
La chaleur bienfaifante de cet
aftre , jointe à celle de la terre, caufée
par le noyau central quiétoit dans toute
Sa force , firent germer un plus grand
nombre d’animaux & de plantes qu’il
n’y en a a&ueïïement for terre. Mai®
une comète étant venu paffer par malheur
trop près de ce globe , dérangea
tout ce bel ordre. Sa queue compofée
de particules aqueufes, fe trouva par là
dans la fphère d’attra&ion de la terre, &
y tomba en forme de pluie en fi grande
abondance , que l’eau Surmonta les plu®
hautes montagnes. Et voilà la caufe du
déluge univerfel.
Cette eau s’évapora comme elle s’é-*
vapore aujourd’hui. La terre fe deffécha
aufli peu à peu. Cette féchereffe augmentant
tous les jours, & le feu central n’étant
plus contenu , il fe déploira Ôt embrafera
la terre. Ce feu confumera- tout ce qu’il
y a d’impur, & la terre fe vitrifiera
deviendra tranfparente comme le criftal.
Les Saints & les Bienheureux viendront
alors en prendre poflelîion, pour l’habiter
jufqu’au temps du jugement univerfel
(*),
C ’efl ici le dernier fyfiême de Cof—
mologie (£), & par conféquent la fin des;
travaux des Cofmologifies modernes. Il
refte à terminer l’hiftoire des Chymifies-
G’eft ce que je vais faire en écrivant:
celle du Philofophe qui a vécu après;
W'oodward, & qui a foccédé à Homb&rg
en qualité de Chymifie.
Homberg avoit formé le projet de comi-
pofer des Élémens de Chymiedanslefo
quels il devoir mettre en ordre toutes les;
découvertes qu’on avoit faites fur la Chy^-
mie, & donner une forme nouvelle &
cette fcience. Ce projet étoit trop beat*
pour le laifler fans exécution. Le der-
* Eloge de Boerhaave , pat M; de Tontenelle. Vie de
"Boerhaavc , par M.- de la Metrie; Dictionnaire bfiorique
& (ritique de Chiujfefié-, art.-Boerhaave. Et fes-OUr
.vragés.
• (a) A New Theoryvf the Earth, by Will. Wiflhon. L’ÀU'*
teur de cet Ouvrage, méritoit fans doute d’être placé
au rang des CofmolOgiiies modernes, & je m’étois
propofé d’ecrue fou liiftoirc y mais le défaut de?
mémoires for fa vie m;a empêché d?éxe'ciiter moni
projet.
; ( b ) H a paru d’autres efyècés dé' fÿftêmes for 1®
théorie de la Terre : ce font des- elfais- qui" ne peu»
vent point être comparés aux- quatre fyftëmes que
j?ài analyfés dans ce volume..Oh en jugera par.l’ex—
polition que j'ai faite- de- ees.eflTàis: d’ans- l e PifootMS»
préliminaire de? ce mime y plume.