» chapeau, & non pas la forme. D’au-
» tant qu’il y a cette différence entre la
» forme & la figure, que la forme eft
» la difpofition extérieure des corps qui
» font animés ; & puifque le chapeau
» eft un corps inanimé, je foutiens qu’il
» faut dire la figure d’un chapeau, &
» non pas la forme ».
Voilà la feule fcène qui puiffe convenir
à R o h A u L T , s’il efl vrai qu’il
étoit véritablement joué par Moliere,
comme l’affurent quelques Hifloriens,
êc particulièrement M Bruker dans le cinquième
livre de fon Hiftoire critique de
la Philofophie, écrite en latin, oîi il parle
ainfi : Contaminavit tainen hanc gloriam
truditionis Philofophice moribus pedago-
gicis , undè ri dieu la non nulla de eo nar-
ratur, & traduclus infeenam efl à Molierio.
Principes de la Phyjique de RoHJULT.
La Phyfique efl la fcience des caufes
de tous les effets que la nature produits.
Nous apportons en naiffant deux con-
noiffances naturelles, avec lefquelles
nous pouvons apprendre cette fcience.
Premièrement, nous favons qu’il y a des
chofes qui exiflent dans le monde ; &
en fécond lieu, nous avons une idée con-
fufe de ce qu’elles font.
Nous favons que nous exilions, parce
que nous fentons que nous penfons j 6ç
comme pour penfer il faut être, nous
concluons que nous exilions, parce que
nous penfons. A l’égard des corps qui
compofent le monde, au nombre def-
quels nous comprenons aulîi le nôtre,
il ell certain que nous n’avons pu nous
appercevoir qu’ils exiftoient, que par
les différentes manières de connoître,
qui font en nous ; o r , les manières de
connoître , font la conception, le jugement
& le raifonnement
Ce font là les trois facultés avec lefquelles
nous acquérons la connoiffançe
des objets , en comparant & combinant
(e) Voyez le développement de ces facultés dans 1
Vifloirt des Fbilojopots modem/s.
les différentes fenfations que ces objets
font fur nous. Ainli pour connoître la
nature d’un fujet, il faut chercher en lui
une chofe qui puiffe fervir à rendre raifon
de tous les effets que l’expérience découvre
en lui. Le raifonnement & l’expérience
font donc les inllrumens avec
lefquels nous pouvons dévoiler les fe-
crets delà nature, c’ell-à-dire,apprendre
la Phylique.
Les principes des êtres naturels font
la matière & la forme. La matière ell
ce qui conllitue tous les êtres , & la
forme ce qui les différentie. Pour con-
noître ce que c’elt que la matière, il
faut favoir en quoi conlille fon effence ,
quelles font fes propriétés effentielles,
ôc fes propriétés accidentelles. D’abord,
l’étendue forme l’effence de la matière
, fes propriétés effentielles font la
forme, l’impénétrabilité & la divifibi-
lité, la dureté, la liquidité , la chaleur ,
la froideur, la pefanteur, la légéreté ,
la faveur, l’odeur, le fonore, la couleur
, la tranfparence , l’opacité, & autres
qualités femblables, font les propriétés
accidentelles.
O r , fi l’étendue conftitue l’effence de
la matière , elle en eft inféparable. Ainfi
par tout oîi il y a de l’étendue, il y a de
la matière : le vuide eft dpnç impoflible ,
& tout eft plein dans la nature.
Cette matière, qui eft la fubftancp de
tous les êtres, eft: compofée de parties
dont le nombre eft indéfini, c’eft-à-dire,
que la matière eft divifible à l’indéfini.
Cette divifion eft inconcevable ; car en
l’admettant, un cube de matière d’un
quart de pouce de hauteur feulement,
étant divifé ainfi ,pourroit couvrir toute
la furface de la terre. Il n’y a pas dç
réponfe à cela ; mais on peut le rendre
fenfible par la divifion de l’or.
Un cube d’or du poids d’une once à
cinq lignes de hauteur , & un lepfième,
& la bafe eft d’environ vingt-fix lignes
quarrées. De cette quantité d’o r , les
’cxpoiltîpn de là Logique de Nicole, tom. i de cette
quarrées.
Batteurs d’or font deux mille fept cens
trente feuilles quarrées de net, dont un
des côtés eft de deux pouces dix lignes,
fans compter le déchet provenant des
rognures qui montent à près de la moitié.
La furface de chacune de ces'feuilles
contient on^e cens cinquante -Jix lignes
quarrées, de forte que toutes enfemble
étant mifes à côté les unes des autres *
compofent une fuperficie de r/wb millions
cent cinquante mille huit cens quatre-vingt
lignes quarrées. Si on ajoute à cette lu-
perficie le tiers de cette quantité pour
le déchet, il s’en fuivra que les Batteurs
d’or auront fait d’une once d’or quatre
millions deux cens fept mille huit cens quarante
lignes quarrées.
Mais ce nombre contient cent cinquante
neuf mille quatre-vingt douze fois
la quantité de la b<ife d’un cube d’or
d’une once : ce cube qui n’a que cinq
lignes & un feprième de haut, a donc
étédivilé au moins e i cent cinquante-neuf
mille quatre-vingt-douze tranches quarrées.
Ce n’eft pas tout : les Tireurs d’or
pouffent encore plus loin la divifioilité
de ce métal. Ils couvrent un lingot d’argent,
(dont la fuperficie eft de douze
mille fix cens foixante & dbuze lignes
quarrées ) de plufieurs feuilles d’o r , qui
toutes enfemble pèfent une demi-once :
ils mettent ce lingot à Ta filière, & en
font un fil de trois cens mille deux cens
pieds ou environ de longueur. Ce lingot
eft donc c :nt quinze mille deux cens fois
plus long qu’il n’étoit auparavant : 6c
par conléquent fa fuperficie eft cent
quarante fois plus grande qu’elle n’étoit.
On applatit ce fil, & fa fuperficie augmente
du double , de forte qu’elle contient
alors huit millions Jix cens fei^e mille
neuf cens foixante lignes quarrées. Mais
quand ce fil eft ainfi applari en lame,
la fuperficie eft toute couverte d’or :
donc la feule demi - once de ce métal,
dont la lame eft couverte, eft devenue
fi mince, que fa fuperficie doit être de
huit millions fix cens f iqe mille neuf cens
foixante lignes quarrees.
Et-de ce que cette quantité d’or contient
trois cens vingt-Cinq mille fept cens
quatre-vingt-quinze fois vingt-Jix lignes ,
valeur de la bafe d’un cube d’or d’une
once, il fuitqtre l’épaiffeur de l’o r , dont
la lame eft couverte, n’eft plus à la fin
que de laJix cens cinquant:-un mille quatre-
vingt-dixième partie de la hauteur d’une
once cubique d’or. Ainfi la quantité de
cinq lignes & un feptième, a été divifée
en fix cens cinquante & un mille, cinq cens
quatre vingt-dix parties égales.
On pourroit encore avoir une plus
grande divifion de l’o r , s’il étoit né-
ceffaire ; mais ce feroit toujours l’ouvrage
des hommes, qui travaillent avec
des inftrum ms fort groftiers, & on
conçoit qu’il y a dans la nature plufieurs
autres agens incomparablement
plus fubtils , capables par conféquent de
pouffer davantage cette divifion faite
par des hommes : d’oîi il faut conclure
que tout ce que notre imagination ne
fauroit comprendre à cet égard, n’eft
pas impoffible.
De la divifion de la matière, fuit une
propriété, c’eft qu’elle peut être dans
deux états différens, celui du mouvement
& celui du repos. On entend par
mouvement, l’application fucceflive d’un
corps-aux diverfes parties des autres
corps qui étoient autour de lui ; & on
appelle repos , l’application continuelle
d’un corps aux mêmes parti, s des corps
qui fe touchent immédiatement. Ces
deux états, le mouvement & le repos,
ne font que des façons d’être, & l’un
& l’autre font accidentels à la matière.
La quantité de mouvement s’eftime
par la longueur de la ligne que le mobile
parcourt. Lorfque les lignes que
deux corps parcourent font entr’ellcs en
raifon réciproque de la maffe des corps,
leurs quantités de mouvement font égales.
Si l’on applique donc deux corps
aux deux extrémités d’un lévier, ils feront
en équilibre, lorfqu’ils feront en-
tr’eux en raifon réciproque de leurs
diftances au point fixe du lévier, parce
qu’alors ils décriront des lignes qui feront
entr’elles en raifon réciproque de
leurs maffes. Il en eft de même de l’équilibre
des liqueurs ; c’eft-à-dire, que
B