a i L E F E V R E .
conftruit de telle forte qu’il fe forme un
courant d’air qui traverfe perpétuellement
le fo y e r , & qui par là produit une
chaleur confidérable dans rintérieur du
fourneau. Au relie, le corps de ce fourneau
ne diffère point de celui du fourneau
fimple , fi ce n’eft qu’il eft prefque
entièrement ouvert par-deffus, & fou-
tenu fur des piliers , & une efpèce de
trépied qui lui fert de cendrier. C’efl
par là que l’air entre, & qu’il fait l’office
de foufflet. La partie fupérieure eft
terminée par un dôme qui a deux ouvertures
, l’une latérale & intérieure qui
eft grande , & l’autre au fommet. Ce
fourneau fert pour les fontes minérales,
pour les métalliques , pour les vitrifications
, & pour les régules.
Enfin le fourneau de lampe eft une forte
d’athanor, dans lequel la chaleur eft produite
& entretenue par la flamme d’une
lampe qu’on y introduit. Il n’a par con-
féquent ni cendrier, ni grille, ni foyer ,
mais une feule ouverture par laquelle
on paffe la lampe, & une efpèce de cheminée
pratiquée dans la partie latérale &
fupérieure du fourneau pour faire circuler
l’a ir, entretenir la flamme & donner
iffne à la fumée. On fe fert de mèches
d’alun - de - plume ou d’amianthe, ou de
la moelle interne de fureau ; & on re&ifie
l’huile qu’on y met fur des fels fixes faits
par calcination, afin que cette huile donne
moins de fuie , que la flamme foit
plus ardente, & que la mèche n’ait point
de lumignon.
Ce fourneau eft très-utile pour les
digeftions & pour les diftillations qui
n’exigent que peu de chaleur.
C ’eft avec ces fourneaux & par le
moyen des vaiffeaux que je viens de
décrire, qu’on fépare & qu’on purifie
les cinq premières fubftances des corps.
Le feu élève aifément les fubftances êva-
porables,fublimables & volatiles , comme
le phlegme , l’efprit & l’huile. Un feu
lent fumt pour élever le phlegme. Il faut
un feu plus v if pour faire fortir l’huile,
& le fel requiert un feu encore plus violent.
Lorfque le feu eft trop véhément, U
enlève à la fois le phlegme, l’huile ,
l’efprit & le fel. On les purifie & on
les fépare par une diftillation réitérée. Un
feu lent fépare aifément lè phlegme d’avec
le fel. Le feu fe cache alors dans
la terre, & ne la quitte point que l’ef-
prit & l ’huile n’en foient féparés par
l’augmentation du feu.*On verfe enfuite
de l’eau fur la terre, & cette eau diflbud
le fel. Il ne refte plus qu’à faire évaporer
l’eau, & le fel fe trouve au fond du
vaiffeau.
Les premières diflolutions ayant toujours
quelques impuretés & une mauvaife
odeur, on les purifie. On reûifie l ’huile
fur des fels alkalis , tels que le fel de
tartre, & celui des cendres du foyer du
fourneau. Si cette re&ification n’eft pas
fuffifante, on la réitère fur d’autres fels.
On fépare les impuretés des efprits
en les rectifiant fur des terres qui font
privées de leur fe l, ou fur des cendres
dont on a tiré le fel par des leflives. On
purifie les fels volatils en les diffolvant
clans leurs propres efprits. Les fels ef-
fentiels, tels que ceux qu’on tire du fuc
des plantes, fe purifient avec de l’eau
de pluie diftillée. Quant aux fels alkalis
ou fixes, ils fe purifient en réverbérant les
cendres jufqu’à ce qu’elles foient grifes
ou blanchâtres.
Quand on a diftingué ainfi la diver-
fité des fubftances, on peut connoître
les vertus & les propriétés qui font fpé-
cifiques à chacune des parties qui ont
été tirées des mixtes, & des ufages qu’on
en peut faire pour la perfe&ion des Arts
& pour la Médecine. Par exemple, de ce
qu’on fait que l’huile échauffe, on peut
conclure que plus un mixte abonde en
huile éthérée & en efprit volatil, plus
il eft capable d’échauffer, de fortifier Sc
d’augmenter les efprits vitaux qui conf- -
tituent la force de l’homme. Il en fera
de même des vertus particulières des
fubftances de chaque mixte. La Chymie
doit donc fournir des remèdes à la cure
des maladies, fervir debafe à la Pharmacie.