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K U N C K E JL *
UN E aufli belle théorie de la Chy-
mie que celle de Lefevre devoit accélérer
infiniment les progrès de cette
fcience. Le premier qui la fuivit fut
Chriflopke G lofer 9 Apothicaire de Louis
le Grand. , & fucceffeur de Lefevre en fa
place de Démonftrateur de Chymie au
Jardin Royal des Plantes de Paris. Il
adopta les principes de cette théorie ;
compofa d’après ces principes un petit
fyftême de procédés chymiques ; donna
une manière aifée de compofer les remèdes
que la Chymie peut fournir à la
Médecine, & Amplifia les fourneaux que
Lefevre avoit décrits ou imaginés. Tout
cela réuni forma un Cours abrégé de Chymie
, qui fut fi. bien accueilli lorfqu’il
parut, qu’on en publia plufieurs éditions
en fort peu de temps.
Ce Chymifte avoit beaucoup de méthode
, d’adreffe & de t»lens pour les
opérations chymiques. Il écrivoit clairement
& avec précifion. On avoit droit
d’attendre de lui les plus grandes chofes,
à en juger encore par la découverte du
fel policrefte qui porte fon nom ( æ).
Mais il ne pouffa point fa carrière aufii
honorablement que fon prédéceffeur &
fon maître. Il fut impliqué dans l’affaire
odieufe de la Dame de Brinvillers en 1676,
avec laquelle on trouva qu’il avoit des
relations trop intimes pour un honnête
homme. Il n’étoit affurément point coupable
d’aucuns des forfaits de cette Dame;
mais des foupçons toujours dangereux
en matière de poifon , le firent enfermer
à la Baftille. Il en fortit ; mais il
ne furvécut pas long-temps à cette difgrace
, & mourut en 1678 dans le temps
qu’il revoyoit fon ouvrage pour en donner
une édition plus complette que les
précédentes (£).
Cependant Glafer ne cultivoit la Chymie
comme Paracelfe & Lefevre, que dans
la vue de perfectionner la Pharmacie ou
l’art de compofer des médicamens. C’é-
toit trop borner cette fcience. Auffi des
contemporains de Paracelfe voulurent
en faire ufage pour perfectionner les
Arts. Celui de la Verrerie ,qui étoit regardé
avec raifon comme un des plus
importans , fixa fur-tout l’attention de
ces Philofophes. En effet, la production
du verre , ou la vitrification, elt une des
plus belles chofes que les hommes ayent
découvert; car le verre qui en réfulte
réunit la dureté & la netteté à la transparence
la plus parfaite. Ces qualités le
rendent d’une utilité très-étendue dans
les ufages ordinaires de la v ie , dans la
Phyfique, dans l’Optique, dans plufieurs
Arts & dans la Chymie même. C ’eft la
matière qui prend & conferve le poli le
plus éclatant, & la feule qui réfifte' à
l’aCtion des plus forts diffolvans.
Il eft certain que la connoiffance du
verre eft d’une antiquité très - reculée ;
mais l’art de le faire eft une invention
qu’on doit aux Romains. L ’hiftoire nous
apprend que c’eft fous le règne de Tibère,
premier Empereur, que cet art a pris
naiffance. On prétend même qu’on avoit
alors le fecret de le rendre malléable ;
& on fait à ce fujet un conte qui a tout
l'air d’une fable (c).
Quoi qu’il en fo it , cet art fut aban-
* Préfacé de la ttaduélionde l’Art de la Verrerie de
iJeri, Merret & Kunckel, par M. le Baron d’Olbach.
Diflionnairc Hijlorique de la Médecine , par M. Eliot ,
art. Kunckel. Et fes Ouvrages-
( r t ) C e f e l e f t u n t a r t r e v i t r i o l é f a i t p a r l a d é tonation
du nitre âvec le foufre.
( b ) Voyez la préface du Cours de Chymie d e
Lefevre, page vij.
(O Voici le conte tel qu’il eft rapporté par DU»
CaJJius & Iftdore. Le grand portique de Home ayant