bp T Y C HOparticulières
l’avoient empêché de publier.
Il fit imprimer celui-ci l’année fui-
vante fous ce titre : De mundi cetherei recen-
tioribus phcenomenis progymnafmatum, liber
primus. Uranibourg, 15*85).
Ces Ouvrages, & fur-tout le premier
Fur laCoïrfète, firent du bruit. Les par-
tifans d'Ariflote trouvèrent fort mauvais
que T ycho Brahé donnât un démenti •
à leur Maître, en foutenant que les Cieux
nétoient pas folides. Un Ecoffois l’attaqua
vivement la-deffus. Notre Philofophe
effuya cette attaque fans s’émouvoir, &
ne répondit point, content de voir que les
bons efprits fe rendoient à fes raifons, 8c
ne rougiffoient point de fe rétrader. Il
laififa crier l’Ecoffois 8c ceux qui pen-
foient comme lui, & reprit tranquillement
la fuite de fes obfervations.
Un point très-important pour la per-
fedionde l’Agronomie, étoit de favoir
combien les réfradions élèvent les Aftres
aux environs de l’Horifon. Notre Aftro-
nome ne manqua pas de s’en occuper. Il
conftata d’abord ces réfradions par des
obfervations, qui le conduifirent à ceré-
fultat : c’eft que les réfradions font produites
par la matière fubtiie, dont il rem-
plilïbit l’efpace des Cieux, & par les différentes
denfités de l’Athmofphère qui
rompent les rayons de lumière qui les
traverfent pour parvenir jufqu’à nous. 11
calcula enfuite les effets de ces réfradions,
& détermina l’élévation qu’elles donnent
aux Aftres , fuivant leur proximité de
l ’Horifon. Il dreffa ainfi des tables, dans
lefquelles on voit que la réfradion hori-
fontale eft d’environ trente minutes; ce
qui eft affez conforme avec celle qu’on
admet aujourd’hui.
Ce travail, quelque délicat & pénible
quil fû t , n’étoit pas celui qui l’occupoit
le plus. Il y a voit long- temps qu’il méditait
une théorie nouvelle des Planètes.
Il n’ofoit admettre celle de Copernic, 8c
trouvoit la théorie de Ptolemée très - imparfaite.
Il favoit qu’on ne vuuloit point
du tout que la Terre tournât autour du
Soleil, fuivant le fyftême de Copernic,parce
que ce fentiment n’étoit point conforme
au texte de l ’Ecriture Sainte. Ce n’é-
B RA H Ê.
toit pas le moment d’expliquer ce texte ,
pour le concilier avec le mouvement
de la Terre. On refufoit d’écouter des
moyens d’accommodement à cet égard.
T ycho-Brahé crut devoir refpeder ce
préjugé. Il prit donc la réfolution de tirer
du fyftême de Ptolemée 8c de celui de
Copernic un nouveau fyftême, qui contentât
les Aftronomes& les Théologiens.
Il fit tourner les Planètes autour du Soleil
, comme dans le fyftême de Copernic ,
8c mit la Terre au centre des révolutions
de cet Aftre 8c de celles de la Lune, de
même que dans le fyftême de Ptolemée.
T y c h o - B rahé étoit trop éclairé,'
pour ne pas fentir la fupériorité du fyftême
de Copernic fur le ften : mais en admettant
l’immobilité de la T erre, c’eft tout
ce qu’on pouvoit faire de mieux. Il tâcha
cependant de donner du poids au ften,
par des difficultés qu’il fit contre l’hypo-
thèfe du mouvement de la Terre; 8c en
relevant les avantages de fon fyftême,
fes raifons étaient qu’il n’y avoit rien
de plus conforme à la puiffance de Dieu,
que de faire mouvoir avec une rapidité
extrême, toute la machine du monde,
pour fatisfaire au mouvement diurne ,
quoique Copernic trouvât cela abfurde ,
8c qu’il expliquât ce mouvement avec
bien plus de facilité par la rotation de
la Terre. En fécond lieu, il foutenoit que
fi la Terre tournoit autour du Soleil ,
le petit cercle que décrit dans le Ciel fon
axe prolongé, devroit avoir une grandeur
comparable à celle des Etoiles ; fans quoi
on feroit obligé de fuppofer que chaque
Etoile eft auffi grande que l’orbite de la
Terre. Or le petit cercle que décrit l’axe
de la Terre, n’a pointde grandeur fenfî-
ble, tandis que les Etoiles en ont une :
donc la Terre ne peut pas tourner. Les
Coperniciens n’avoient qu’à nier que les
Etoiles ont une grandeur fenfible, & ce
beau rationnement eût été anéanti. ]ls
auroient eu raifen, puifqu’on ne les voit
aujourd’hui avec les meilleurs telefco-
pes que comme des points étincellans.
11 eft vrai qu’on en jugeoit alors à la
fimple vue , 8c l’imagination les groflif-
foit à volonté.
T Y CH O-B RA H Ê.
Voilà pourquoi le fyftême de notre
Philofophe eut beaucoup de parti fans.
I l ne fut connu que par le rapport qu’il
en faifoit à ceux qui venoient le voir. Il
ne vouloit le rendre public qu’après
avoir confulté les Aftronoines. Il travail-
loit en attendant à une nouvelle théorie
de la Lune, dans le mouvement de laquelle
il avoit déjà découvert une troifième inégalité
qu’il appella variation. Cette inégalité
dépend de l’afpeft de cette Planète
à l’égard du Soleil. Cela dérangea un
peu tout l’artifice qu’avoit imaginé Ptolemée
pour expliquer fes mouvemens. Auffi
T y c h o - B r a h é crut devoir réparer
ce dommage. I l accumula les cercles, 8c
prouva par l’inutilité de fes efforts l’extrême
difficulté de cette matière. Ce travail
le conduifit cependant à une découverte
importante : c’eft que l’inclinaifon
de l’orbite de la Lune , qu’on croyoit
confiante, avoit une variation de près de
vingt minutes. Il découvrit encore que
les noeuds de cette Planete* ont un mouvement
rétrograde dans certaines cir-
conftances, 8c avancent dans d’autres : ce
qui étoit inconnu aux Aftronomes, qui
penfoient au contraire que ces noeuds
avoient un mouvement uniforme contre
l’ordre des lignes. Toujours attentif à
joindre la théorie à la pratique, il fournit
au calcul ces mouvemens des noeuds,
avec une fagacité qui étonna tous les Mathématiciens.
Quoique rien ne parût par la voie de
rimpreflion, on n’ignoroit point dans le
monde tous ces progrès. Les vifites qu’il
recevoitde tous les Savans,annonçaient
de bouche en bouche le fuccès de fes travaux.
Un Mathématicien habile, nommé
Raimard Urfus, s’attribua même fon fyftême.
Il le propofa en 1588 dans un
Ouvrage intitulé : Fundamentum Aftrono-
mice. Il avoit encore fait exécuter une
fphère planétaire , qui le repréfentoit ,
8c dont le Landgrave de Heffe avoit fait
* Les noeuds de la Luné comme ceux des autres
Tt mètes, font les points d*interfe&ion de leu* orbite
avec l’écliptique.
(* ) Voici les quatre d«»iersvejs de ceEoëme;
2 t
les frais. T ycho - B rahé reconnut, à
peu de chofe près, fon invention ; 8c il
vit bien qu’il avoit été volé. Il le fouvint
de l’avoir communiquée à Raimard Urfus,
dans une vifite que celui-ci lui avoit faite
à Uranibourg. Il s’en plaignit à Rothman,
Mathématicien du Landgrave. Celui - ci
le vengea, 8c traita fort mal Raimard
Urfus. D’autres lettres füivirent celle-ci.
La matière devint fi intéreflànte , que
notre Philofophe mit cette correfpon-;
dance au jour en 1 y 5? 6 fous ce titre : Ep if
tolarum Àfronomicarum, liber primus. Elle
étoit dédiée au Landgrave. Raimard jetta
les hauts cris à la le&ure de ces lettres,
8c y répondit par un écrit où les injures
ne furent point épargnées. Il réjouit
Rothman & T y c h o-B r a h é , qui ne
penferent pas à répliquer. Ce dernier avoit
même d’autres fujets de diverfion.
Les perfonnes de la première confidé-
ration, 8c les Savans les plus diftingués,
qui ne ceftoient de le venir voir & de lui
faire fête, ne lui donnoient pas le temps
de fonger à cela. Parmi ces vifites, je
doisdiftinguer celle que lui fit Jacques I I ,
Roi d’Ecoffe, qui venait de Danne-
marck. I l entendit T ycho-Brahé avec
admiration , & ce fentiment éclata par
des vers qu’il fit à fa louange ( a ). Ce
fut un malheur pour lui ; car on ne
jouit point impunément d’une grande
profpérité. Le mérite fupérieur d’uit
homme de génie fait fur les efprits vains
8c médiocres, ce qu’une lumière brillante
produit fur les vues foibles. Ce mérite les
fatigue, 8c ils mettent tout en oeuvre pour
le cacher ou même l’anéantir. C’eft ce qui
arriva à notre Philofophe. Le Roi de
Dannemarck fon bienfaiteur étant mort
en 15*88, les Nobles, les Scholaftiques
& les Médecins fe réunirent pour le def-
fervir auprès de Chrifien l V , qui fuccé-
da à Frédéric II fon père. Les premiers
voyoient depuis long-temps avec peine,
que le Roi diftinguât particulièrement
His teliv.rx cupis, quavis y (jais motus & ordt>
Ctmere fitblimen dedstStumque arhera terri* T
Tychonis pairdunt opera r lege , difee, videbts
Mita; dotai mundum invtnits çaUmqut liBeS*,