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partie confidérable de la Phyfique ,
tant il l’a enrichie de chofes nouvelles.
Parmi fes grandes découvertes
j on diftingue celle de la fu-
fion des métaux par l’éleâricité. M.
Franklin compare ce phénomène
avec un effet tout femblable du
tonnerre, celui de fondre l’argent
dans une bourfe, & la lame d’une
épée dans un fourreau, & découvre
par cette comparaifon une analogie
furprenante entre l’élefitricité
ôc la foudre ; de forte qu’il prouve
que le feu électrique fie le feu du
ciel font le même élément, bien
différent du feu commun, quoiqu’il
puiffe le produire {h).
On a encore ajouté aux découvertes
de Mufchenbroek fur l’aimant,
celle des aimans artificiels. C ’eft à
MM. Knigt, Michell & Canton qu’on
doit cette découverte (i).
A ces deux découvertes près,
celle de l’analogie de l’éleélricité
avec le tonnerre, & la découverte
des nouveaux aimans, on trouvera
dans cette Hiftoire des Phyficiens
modernes toutes celles qu’on a
faites jufqu’ici fur la Phyfique, fup-
O U R S
pofé que mon travail ait fécondé
mes intentions. Je ne puis répondre
ici que de mon zèle : mais on pourra
juger de mes attentions à ne rien
omettre d’effentiel, par les fecours
que j’ai obtenus pour la compofi-
tion de ce Volume.
Je dois à M. Poliniere, Doêteur
en Médecine à Vire en Normandie,
des Mémoires bien écrits 6c très-
inftruélifs fur la vie de Pierre Poli-
niere fon père. Le R. P. A rche, Prêtre
de l’Oratoire, fi connu ôc fi efti-
mé par fon Hiftoire de la Rochelle
en deux volumes in-4.0, ôc par les
Prix de Poëfie qu’il a remportés-*
l’Académie des Jeux floraux, m’a
aidé de fes lumières pour la com-
pofition de l’Hiftoire de Defaguliers.
Et M. Mufchenbroek, Confeiller 8t
Echevin de la Ville d’Utrecht , fie
lé célèbre M. Lulofs , Infpecteur
Général des Rivières de Hollande
ôc de Weftfrife , fit Profeffeur de
Mathématique fit d’Aftronomie à
Leyde, ont eu la bonté de m’envoyer
en manufcrit la vie de Pierre
Mufchenbroek, le huitième Phyfi-
cien moderne. C ’eft fans doute au
(K) Voyez les expériences & obferv(trions fur
Véle5lricité faites à Philadelphie en Amérique,
par M. Benjamin Franklin. Et le Didlionnaire
Univerfel de Mathématique & de Phyfique, T . I ,
jart. Coup foudroyant.
(i) Elle confifte à faire un aimant fans’ l'aide
d’aucune forte d’aimant, foit naturel, foit artificiel
: & voici comment. On met une petite
lame d’acier en ligne directe entre deux barre?
de fer dans la direction du méridien magnétique.
Ces barres fituées borifontalement, lont
un peu inclinées du côté du nord. On prend
enfu.ite une troifième barre qu'on tient prefque
perpendiculairement, manière que l'extrémité
fupérieure foit un peu inclinée vers le
midi.
Les chofes étant dans cet état, on fait gliflcr
cette dernière barre le long des deux barres
inifes en ligne direéle, en allant du nord au
lud, Çc on donne ^infi un commencement de la
vertu magnétique à la lame d’acier.
Il ell aifé d’augmenter çette première vertu
en continuant le frottement, comme on peut
le voir dans le Traité des aimans artificiels, &
dans le Mémoire fur les aimans artificiels, qui
a remporté le Prix de VAcadémie des Sciences
de Saint Petersbourg en 1760, par JM. /î/i-
theçtuinç,
P R-EL I M
Public ôc au petit nombre de per-
fonnes qui ont véritablement à coeur
les progrès des fciences, à recon-
noître par les témoignages de la
plus forte eftime les obligations que
je leur ai. Les foins que M. Lulofs
s’eft donnés pour me procurer les
inftruÊlions de la vie de Mufchenbroek
, méritent fur-tout un remer-
ciment particulier de ma part ; fie
je fuis trop flatté de l’intérêt qu’il
veut bien prendre au fuccès démon
Ouvrage, pour ne pas exalter ici
toute ma fenfibilité.
Je devrois peut-être terminer ce
Difcours par un éloge de la Phyfique.
Mais j’ai déjà dit que c’eft l’étude
de la nature, fit affurément
c ’eft tout dire. Car la nature fit le
fyftême de fes loixell, fuivant la
jufte remarque d’un Philofophe du
quinzième fiècle , ( Marjile Ficin )
l ’organe, l’art 8c l’inftrument de la
Divinité. ( Natura ihfirumentum Di-
vinitatis, arsDei, injlrumentum Providentiel,
arîificiofum orgarnm. ) C’eft
un grand livre, ajoute le même
Philofophe, fie un miroir oùl’on voit
Dieu ôc fa providence d’une manière
très-fenfible. ( Natura ejl velut
liber Divinitati plenus, Divinorumque
fpeculum ).
’Sgravefande dit que la Phyfique
corrige plufieurs faux jugemens fur
les ouvrages de Dieu, dont elle
fait connoître fie admirer la fa-
gefle (le). Et félon Mufchenbroek,
I N A I R E . x v
elle diflïpe toutes nos fuperftitions,
ôc nous apprend à diftinguer les prodiges
fie les miracles des phénomènes
naturels (/).
Voilà fon utilité morale. Quant
à fes avantages pour les befôins de
la v ie , ils font innombrables, 6c
tous de la dernière importance,
comme la Phyfique elle - même
nous l’apprend. Un des plus grands
bonheurs pour l’humanité, ce feroit
que les Chefs de Sociétés connut
fent cette utilité fie ces avantages.
On verroit bientôt un changement
dans l’état des hommes. Au lieu de
ces petites idées qui les tiennent
courbés vers la terre, de ces petits
riens qui les amufent comme des
enfàns, de ce fol orgueil qui les humilie
aux yeux du Sage, ils n’au-
roient plus que des penfées nobles,
élevées fit conformes à la dignité
d’un êtte raifonnable, fie ne s’oc-
cuperoient que de la perfection de
leur ame fie de la confervation de
leur corps. Ce ne feroit plus la force
qui donneroit la loi dans l’univers ,
mais la raifon qui le conduiroit. Ce
ne feroit plus la diffimulation ôc le
menfonge qui y régneroient, mais
la franchife ôc la vérité. Car c’eft
une chofe déplorable, que dans un
Etat civilifé la force tienne le premier
rang, ôc que lafaufleté foit un
caractère d’efprit.
Ainfi va le monde, 8c ce n’eft
point dans un Difcours fur la Phy-
(k) Elémens de Phyfique, Préfac. pag. v u .
( l) EJJai de Phyfique, Toi». I , pag. z o ,, édit, de Leyde.