
 
        
         
		lo i  ‘S GRA VE 
 » fier  :  c’eft une pofture  trop humiliante  
 » que  celle  d’im  homme  qui  fait  fon  
 » apologie ;  mais  c'clt un  beau rôle que  
 » celui  de  prendre  en  main  la  défenle  
 » d’un homme innocent. Ce rôle eft digne  
 »  de vous,  &   je vous ,le propofe comme  
 » à  un  homme  qui  a un coeur  digne  de  
 » fon  efprit. 
 C e   q u e   p rop o foit  M.  de  Voltaire  
 ’S g r a v e s a n d e ,   c’ é to it  d’éc r ire  au  
 C a rd in a l  ;  mais  ce  Philofop he  ne  goûta  
 point  ce tte  p ro p o fitio n ,  &   répondit  à  
 ce tte lettre  :  »  P o u r   ce   q ui  regarde  d’é -   
 »  c r ire   au  premier Miniftre en d ro itu re ,  
 » comme v o u s  me le propofez ,  je  ne me  
 »  t ro u v e   pas  un  perfonnage  a lle z   confi-  
 » dérable  pour  ce la .  Si Son  Eminence  a  
 » jamais  o u i  pron on ce r  mon  nom  ,  c e   
 »  fera  qu’on  m’aura  nommé  en  parlant  
 »  de  v o u s   :  ainfi  permettez - moi  de  ne  
 »  pas  me donner des airs q ui  ne  me  con-  
 »  viennent  pas.  V o u s  fa v e z   comment  je  
 »  v is   ifo lé  ,   fans  aucun comme rce  a v e c   
 » les G en s  de  L e t t r e s ,   travaillant  à  être  
 » utile  dans  le  p o lie   o h   je   me  t r o u v e ,  
 »  &   cherchant à   pa lie r  agréablement  le  
 » peu  de  temps  qui  me  re lie   à   v iv r e   :  
 » c e   que  je  regarde,  com m e  plus  u tile  
 »  qu e   li  je  me  tuais  le  corps  &   l’ame  
 » pour  ê tre  plus  connu.  Quand  on  v eu t   
 » v iv r e   de  ce tte  m an iè r e ,   il  faut  que  
 » tou t  y   r é p o n d e ,  &C  ne  pas faire  l ’irn-  
 » portant.  Je  ne  dois  point  fuppofer que  
 . » des  gens  q u i  n’ ont  pas  lu  ce   que  j’ai  
 » fait im p rim e r , fâchent qu’i l y  a à L e y d e   
 » u n   homme dont le  nom  commence par  
 » une  apoftrophe. 
 »Je  conclus  donc  que  fi j’écris  à M.  
 » le Cardinal,  ce  doit  être  fur  le  pied  
 » d’un  homme  tout - à - fait inconnu,  &   
 » commepourroit écrire  mon Jardinier;  
 » &  dans  ce  cas,  je ne vois  pas  par  oh  
 » débuter.  Je  ne  connois  point  l’air  du  
 »bureau;  &   en écrivant,  je  m’expofe-  
 » rois à jouer un perfonnage très-ridicule  
 » fans vous  être d’aucune  utilité. 
 Qu’il y   a  de  chofes  fines  dans  cette  
 lettre !  On y   trouve un compliment délicat  
 à M.  de Voltaire,  une  bonne  leçon  
 de modellie,  &  une  défaite  honnête  &   
 laifonoable. 
 S AND  E. 
 A na l y s e   d e   la  P hy s iqu ê 
 D E   ’ S g R A V E  S A N  D E . 
 La  Phyfique  explique  les  caufes  des  
 phénomènes  de  la  nature.  On  appelle  
 phénomène  tout  ce  qui  tombe  fous  les  
 fens.  On ne doit admettre d’autres caufes  
 que  celles  qui font  vraies,  &  qui  fuffi-  
 fent pour expliquer les phénomènes. Les  
 effets  naturels  de  même  genre  font  
 produits  par  les  mêmes  caufes.  Et  les  
 qualités des corps ,  qui ne fauroient  être  
 augmentées  ni  diminuées,  &  qui  conviennent  
 fans  exception  aux  corps  fur  
 lefquels on  a  pu  faire  des  expériences ,  
 doivent être regardées comme inhérentes  
 à  tous les  corps. 
 Les  propriétés  effentielles  aux  corps  
 font  l’étendue ,  la folidité 6c la  divifibilité.  
 Le corps  eft  divisible  à  l’infini;  c’eft-à-  
 dire , qu’on  ne peut concevoir  dans fon  
 étendue  aucune pariie fi petite, qu’il n’y   
 en  ait  une  plus petite encore.  Mais tous  
 les  infinis  ne  font  pas  égaux.  Car  une  
 ligne  qui part  d’un  point peut être  prolongée  
 à l’infini,  & cette ligne  eft réellement  
 infinie. Cependant elle  eft moindre  
 qu’une ligne qui s’étend à l’infini des  
 deux  côtés oppofés. 
 Un corps, dans un fens philofophique,  
 s’appelle dur, lorfque fes parties tiennent  
 enfemble ,  &  ne fauroient  fe  déranger  
 tant  foit peu fans que  le corps fe rompe.  
 Philofophiquement parlant, un corps eft  
 dit mou , lorfque fes  parties  cèdent & fe  
 dérangent fans fe féparer.  Enfin  un corps  
 dont  les parties  cèdent à une  imprefîion  
 quelconque,  &  en  cédant  fe  meuvent  
 entre  elles  avec une  grande  facilité ,  fe  
 nomme fluide. 
 Dans tous les  corps ,  de quelque  nature  
 qu’ils  foient,  il  y  a  une  force  qui  
 fait  que  deux  corps  -tendent  l’un  vers  
 l’autre. On la  nomme attraction. Les loix  
 de  cette  force  font telles :  i°.  Elle  eft  
 très-grande  quand les particules fe  touchent  
 :  2°. Elle  diminue très-vîte quand  
 le  contaft  n’a  pas  lieu  ;  de  manière  
 qu’à  la  plus  petite  diftance  qui  puiffe  
 tomber  fous  les  fens,  elle ceffe  d’agir ;  
 jufques-là qu’à une plus grande diftance, 
 ’S G R AVE 
 etle  fe change  eh  force  répulfive,  qui  
 fait  que  les particules s’entre-fuyent. 
 Ainfi  le  mercure  s’unit  en  vertu  de  
 cette force  à  l’eau &  à l’étain.  L’eau  8c  
 l’huile  s’attachent  auffi  au  bois  &   au  
 v e rre ,  pourvu  qu’il  foit  bien  net.  Au  
 contraire  les  particules  de  l’eau  &   de  
 l’huile fe repouffent,  8c  en  general il  y   
 a  répulfion  entre l’eau  8c tous les corps  
 gras,  entre  le  mercure  8c  le  f e r ,  8c  
 entre  les  particules  de  toute  forte  de  
 pouffière. 
 Un  corps  qui eft  en repos, réfifte au  
 mouvement, non pas dans le temps qu’il  
 refte en repos, mais lorfqu’il acquiert le  
 mouvement.  D e  même  un'corps qui fe  
 m eut,  réfifte  à  l’aaêélération ou  à la retardation  
 , non pas aufîi long-temps qu’il  
 conferve • fa  vîteffe,  mais  quand  celle-ci  
 change, foit qu’elle vienne  à  augmenter,  
 ou à  diminuer.  La  force  eft' ce  qui  dif-  
 tingue  un  corps  on  mouvement  d’avec  
 un  corps  en  repos,  8c ce  qui donne  au  
 corps  la  faculté  d’agir fur  un  obftacle. 
 D e - là  il  fuit  qu’on  peut  confidérer  
 fous deux faces  ce  qui a  rapport  à cette  
 matière;  fa voir,  en  faifant  attention  à  
 là  génération  des  forces,  ou  bien à leur  
 deftruâion.  La  préffion  engendré  de  la  
 force : elle fait changer le corps de place,  
 8c  le  corps  conferve  toujours là  vîteffe  
 avec  laquelle  il  eft  pouffé  auffi  longtemps  
 qu’elle  ne  fera  pas  détruite  par  
 quelque caufe extérieure. Et fi la préffion  
 continue  à  agir fur  le  corps,  la  vîteffe  
 déjà  acquife  augmente,'  8c  cela  auffi  
 long-temps que le corpS eft preffé. 
 H  ne peut  jamais  y  avoir  de  préffion  
 fans  une  réa&ion ,  qui lui eft  contraire.  
 Une  préffion  eft  fouvent  détru'te  en  
 partie par  une préffion  contraire,  8c en  
 ce  cas  ce  qui  refte  meut  l’obftacle  8c  
 engendre  de  la  force. Mais  l’aftiôn d’un  
 corps ne  diminue point  fa  force ,  8c par  
 cela même  fa vîteffe ,  à moins que cette  
 aftion ne  faffe  changer de place  à  l’obf-  
 tâcle ,  ou  à  quelques-unes  des  parties  
 dont l’obftacle eft compofé. 
 Un  corps  diadique  qui  vient  frapper  
 un  obftacle  élaftique &  immobile,  revient  
 avec la même vîteffe avec  laquelle 
 SA N D  E.  103 
 il l’a  frappé.  Si  la direction  eft  perpen"  
 diculaire à l’obftacle,  il revient auffi par  
 la  même  ligne.  Un  reffort  plié,  placé  
 entre  deux  corps  en repos,  lorfqu’il  fe  
 débande,  met ces  deux  corps  en  mouvement  
 ,  ÔC  la  force communiquée  aux  
 corps  vaut la  force avec laquelle  le reffort  
 a  été plié. 
 Quand  deux corps  égaux font tranf-  
 portés  vers  le  même  cô té ,  ils  continuent  
 de fe mouvoir en échangeant leurs  
 vîteffes ; &   fi  leurs mouvemens fe  font  
 en fens  contraire,  ils retournent,  &  le  
 même  échange  de  vîteffe  a  lieu.  Enfin  
 le  changement  de  vîteffes  qui  naiffent  
 de  l’a&ion  mutuelle  de  deux  corps  qui  
 s’entre-choquent,  font en raifon inverfe  
 des  maffes  de  ces  corps,  quoique  le  
 mouvement d’un d’eux foit changé dans  
 le même temps  par  une autre aâion. 
 Telles font les loix du mouvement des ’  
 corps  folides.  On  peut  en  déduire  à  la  
 rigueur  celles  des corps  fluides ;  car les  
 particules dont les fluides font compofés,  
 font de même nature que celles des corps  
 folides,  &  ont  les  mêmes  propriétés ;  
 car il  arrive  fouvent que des fluides font  
 changés  en  folides,  quand  la  cohéfion  
 entre  les  parties  devient  plus  forte >  
 comme  quand  l’eau  fe  change en  glace.  
 Un  corps  folide  fe  change  auffi  en  
 fluide  ,  comme  un  métal  qui eft fondu. 
 Tout fluide  monte à la même hauteur r  
 dans les  tuyaux,  qui ont la même communication  
 enfemble, foit que ces tuyaux  
 foient  égaux  ou  inégaux,  verticaux  ou  
 obliques.  Et  quand  des  fluides de  différente  
 pefanteur  font renfermés  dans  un  
 même  vaiffeau,  le  plus  pefant  occupe  
 le  lieu  le  plus  bas,  &  eft preffé par  le  
 plus  léger,  &  cela à  proportion  de  la  
 hauteur  de ce  dernier. 
 Ces  fluides ,  parmi  lefquels  on  doit  
 diftinguer  l’eau,  ne peuvent être  réduits  
 par  compréffion  dans  un  plus  petit  ef-  
 pace  que  celui  qu’ils  occupent.  Ils  ont  
 encore  la propriété de pouvoir être contenus  
 dans des  vaiffeaux  ouverts par en  
 haut.  Mais  il  y   a  d’autres  fluides  qu’il  
 faut tenir  enfermés de tous côtés,  li l’on  
 ne  veut pas  qu’ils s’échappent.  C eux-ci