Après avoir fait cette divifion,
■ il fubdivife chaque claffe en ordres
ou en familles, Se n’oublie rien
pour renfermer dans ces fubdivi-
iions tous les animaux.
Un difciple de \'\\\\xfczRéaumur
(M. Brijfon ) croit parvenir mieux
à ce but , en divifant tout le régné
animal en neuf clallès, qu’il fubdivife
en dix-huit ordres. C’eft de
leur figure, de leur pofition, 6c
fur-tout de leurs dents, foit mo-
lâires, foit canines, foit incifives,
qu’il tire les caractères de ces ordres.
D ’autres Zoologiftes confide-
rent les animaux parl’efpecê d’habillement
SCd’habitation, par leur
maniéré de vivre, par leurs armes,
ôec. Et cette diverfité de fentirnents
prouvé l’extrême difficulté de parvenir
au but qu’ils fe propofent. Il
y a tant de variétés dans les diverfes
fortes d’animaux, qu’on ne pourra
peut-être jamais les ranger méthodiquement.
Quandonexamine
les quadrupèdes feulement, on eft
effrayé de l’immenfité des détails
dans leur diftribution fyftémati-
que. Ces animaux n’occupent cependant
qu'un très petit efpace
dans l’univers. Les uns font couverts
de poils Sc n’ont point du
tout de dents, comme le four-
millier , animal de fix pieds
de long, d’environ un pied de
hauteur, Sc qui vit de fourmis;
d’autres ont des écailles tuilées SC
immobiles, comme le tatou ; des
troifiemes en ont de non tuilées Sc
de fixes, comme le crocodile. On
en voit qui ont des cornes. Ceux-ci
ont la tête écrafée; ceux-là la figure
humaine. Ailleurs il y en a qui ont
la queue plate, tandis qu’il en eft
d’autres qui ont la queue longue
Sc chevelue, & c. En un mot, là
différence entre les quadrupèdes
varie autant que les phyfiônomies.
Auffi l’illuftre Auteur de la Def-
cription du Cabinet du Roi ( M. de
Buffon) a renoncé à tout ordre fyf-
tématique dans l’Hiftoirè des Animaux
qu’il a publiée. Pour ne rien
faire cependant au hafard, il a con-
fidéré les animaux du côté de l’utilité
pour les hommes : ainfi il a mis
au premier rang ceux qui leur font
le plus néceflaires. Suivant ce fyf-
tême,le cheval a la préférencefur
les autres animaux. Viennent en-
fuite le chien , le boeuf, la brebis,
Sec. 8c il croit que cet ordre eft
le plus naturel. O u i, pour nous.
Mais les Mexicains Sc les Péruviens
ne conviendront pas decela,
eux qui ne connoiffent les chevaux
que depuis peu de temps, Sc
qui furent fi étonnés de voir des
Efpagnols montés fur des chevaux,
5c conduire ces animaux
avec tant de facilité, qu’ils les prii
£it pour des Dieux. Les Lappons
jne donneront pas non plus le premier
rang au cheval, Sc ils y placeront
le renne, qui femble être
deftiné par la nature à remplir
tous leurs befoins , car il leur fert de
cheval, de vache ôc de brebis. Et
puis il n’eft pas fi aifé peut-être
que l’on croit d’établir même en
France un ordre d’utilité parmi les
animaux. Tout le monde ne conviendra
pas, par exemple , que le
chien foit plus utile que le boeuf
£e la brebis,
Quoi qu’il en foit, il eft certain
qu’en fe propofant de fuivre l’ordre
dé l’utilité des animaux dans
leur diftribution, lés quadrupèdes
doivent tenir le premier rang ;
car ces animaux femblent n’avoir
été formés que pour l’ufage de
l’homme. Le cheval ,. l’ éléphant
5c le chameau font deftinés à porter
ou à traîner des fardeaux , le
taureau à labourer la terre , la
vache à fournir du lait, le mouton
à donner de la laine. Parmi
les différentes efpeces de chiens,
les uns fervent à courir le cerf, le
chevreuil, le lievre,. Sec. le&autres
à nous garder , 6C des troifiemes à
nous amufer, Sec. Il n’eft pas juf-
q;uesaux quadrupèdes les-plus féroces
qui ne nous foient utiles-.
Les tigres, les lions, les ours, les
élans,, les caûors 5c lès renards
ont des fourrures qui fervent à
nous garantir des rigueurs dû
froid, 6cc.
Les oifeaux doivent, ce femble,
tenir le fécond rang parmilesanimaux
, en fuivant toujours l’ordre
de leur utilité. On eonnoît Tufage
de leurs plumes, foit pour écrire,
ou pour divers ornements, ou pour
faire des oreillers Se des couvertures.
Les uns nous fervent de nourriture
; d’autres nous amufent par
leur ramage ; des troifiemes nous
délivrent decette quantité d’infectes
dont la multiplicité eft un
fléau ; Se les plus redoutables d’entre
eux mangent les charognes,
dont la corruption infeifferoic
l’ait-
La chair des poiffons eft un
aliment agréable. On retire de
la colle des uns, 6c de l’huile des»
autres, La baleine , le narval,
l’ichthyocolle, Sec. donnent une
efpece d’ivoire, une huile abondante,
Se des barbes ou fanons
dont on retire de grands avantages,
L’huile fert à éejairer en la
brûlant à la lampe, a faire le fa—
von, à la préparation des laines;
des Drapiers, aux Corroyeurs pour
adoucir les cuirs, aux Peintres;
pour délayer certaines couleurs,,
aux Marins pour grailler le brai
qui fert à enduire 6c efpalmër les»
vaille aux, aux Architectes Sc aurr.