X D I S C O
tiques , l’Alkonomie était toujours
la fcience favorite.On voulut donc
commencer par cette fcience.A cette
fin, on éleva dans les plus grandes
Villes du monde de beaux Qbfer-
vatoires, qu’on pourvut debonsinf-
trumens & d’habiles Obfervateurs.
L ’Obfervatoire de Paris fut confié
aux foins; du célèbre Caflini. C eft
le feptième Mathématicien moderne.
Il tira le plus grand parti de tous
ces avantages, & ajouta aux découvertes
de Copernic, deTycho-Erahe,ds
Galilée Sic. de Kepler, d’autres découvertes
très-belles & en grand nombre.
Il eft certain qu elles ont pref-
que perfectionné l ’Aftronomie;, ou
du moins quelles l’ont complétée.
On conçoit avec quelle joie ces
hommes rares, qui ont tant à coeur
les progrès des connoiffances humaines,
& qu’on appelle Philofo-
phçs, virent ces travaux. Ils lés célébrèrent
dans toutes les parties du
inonde, & comblèrent d’éloges leur
Auteur. Cajini n’avoit cependant
pas tout vu ni tout expliqué, Hu-
ghens, fou contemporain, doué du
plusbeau génie . & enflammé par les'
fuccès de ce grand Aftron orne, fut
affez hardi pour vouloir deviner ce
qu’il n’avoit. pas compris : c etoit la
caufe des apparences de la lumière
qui environne Saturne. Il découvrit
encore de nouveaux Aftrçs ; &
ce qui le flatta peut .être davantage
, il mérita le fuffrage du grand
Càjtnï, & Ion eftime. Bientôt
après il s’acquit celle des Maihé-
U R S maticiens les plus habiles, par les
découvertes qu’il fit fur la Géométrie
, fur i’Optiqqe & fur la Me-
chanique. Il fe montra ainfi Mathématicien
dans toute l’étendue
du terme, puifqu’il embralfa toutes
les parties des Mathématiques,
On regardoit cela comme un phénomène
; mais la Hire, qui naquit
peu de temps après Jlnghens, cultiva
également ces parties des Mathématiques
y fit des découvertes
importantes^ Par ces travaux
réunie,, elle? étqient parvenues
prefque au même degré de perfection.
Seulement il manq.uoit à la
Méchanique un principe général
qui fervît de bafe à fa théorie. Et
c’eft ce que découvrit heureufe-
mentWarigtton, le diâème & dernier
Mathématicien moderne. _
Je compte donc dix Mathématiciens
eélèbçe^depûis la renaif-.
fance de la Philofopbje, Il y en
a eu fans doute davantage , & je
reconnois volontiers que j aurois
pu augmenter ce nombre fans déparer
ma lifte : mais il falloit fe
fixer & s’en tenir à un choix tel
que j ’eulfe occafion d’qxppfer les
découvertes les plus importantes
dans les Mathématiques , c’eft-à-
dire celles qui ont véritablement
contribué à leurs progrès. C’eft
auffi la règle que,;j’ai fuivie en
écrivant l’Hiftoire des Mathématiciens
que je viens de nommer,
& qui compofenr.ee volume. Avec
cette attention je n’ai rien omis
P RE L I 3’eiTentiel, & j’ai évité les répétitions
M I N A I R E . P
qui auroient néceffairemèrit
amené le dégoût dans la leêtere
de cette Hiftoire (a ). C’eft déjà
beaucoup pour moi de foutenir
le Leêteur en évitant cette unifor-
rnité. Que feroit-ce, fi je négli-
geois de l’attacher par la variété
des fujets ? Cependant pour jufti-
fier mon choix, & pour payer un
tribut d’eftiméaux Mathématiciens
renommés qui ne paroiffent pas
dans cette Hiftoire, je vais ex-
pofer les principaux traits de leur
vie , leurs travaux & leurs découvertes,
1 !
‘ Jean Wattis eft un des plus
grands Géomètres de l’Angleterre.
Ï 1 naquit à Ashford dans la province
de K en t, le 2^3 Novembre
1 S 16 , de Jean Wallis , | Miniftre
de ce lieu. Il perdit fqn père en
bas âge. Sa mère prit grand foin
de fott éducation , & l’envoya à
différens Collèges pour “y faire les
études. Le jeune Wallis s’y dif-
tingua extrêmement. Il prit en
1 (J3 6 le degré de Bachelier J peu
de temps après celui de Maître-ès-
ArtS j & reçut lès Ordres facrés à
la fin de l’année 1 640. Il entra
alors chez le Chevalier Richard
DaHey> en qualité de Chapelain ,
& enfuite chez ' Madame Vere,
veuve du Lord de ce nom, en la
même qualité. Dans la maifon de
cette Dame, un Chapelain , avec
qui il avoit fait connoiffanee, lui
montra une lettre qu’on avoit interceptée
, & qui étoit écrite en chiffres
, & lui demanda en badinant's’il
en fauroit faire quelque chofe./AJz/-
lis répondit fur le champ qu’oui, &
le jour même il devina le fecret,
& lut couramment la lettre. Ce
fecret confiftoit en un nouvel alphabet,
compofé de vingt- trois
chiffres.Tout le monde trouva cette
découverte admirable.
Quelque tempé après on l ’engagea
à déchiffrer une autre lettre
plus enveloppée. Elle'étoit compo-
fée de fept cent -nombres entremêlés
d’autres,figures. On ne crut
/ r( a) J’ai.déja dit-ceci dans les.volumes pré-
£ede.ns de cette Hiftoire , je'crois-devoir le
répéter , parce, que plusieurs perfonnes auroient
déliré que j ’eulFe donné plus d’étendue à l’Hif-
roife particulière des Philofophes que j’ai déjà
.publié. Il eut été fans doute très-aifé de les
contenter , mais il eut été difficile de les faire
à la fatisfadlion du Public, Ceux qui ont écrit
. plulîeurs voljumes pour la vie de quelques - uns
de ces Philofophes, n’ont pu les çompofer qu’en
entrant dans des détails fort étrangers à leurs
^étions & .à leurs travaux. Ce font auffi perpétuellement
des digreffions qui occupent plus
- des trois quarts de leur Ouvrage , & qui n’in-
•térelTent nullement le Philofophe dont ils veulent
entretenir le Leéleur. Quand on fe fixe
aux traits qui cara&érifent un Savant , & qu’on
n’expofe que fes découvertes, 1 hiftoire du plus
grand homme eft bientôt finie , parce que dans le
cours de fa v ie, la moitié de fes aétions ne diffère
point de celle du vulgaire , & ne mérite
par conféquent aucune confidérat-ion. Et
parmi fes travaux c.ombien d’erreurs pour un b
découverte, combien d’échàfauds pour une théorie
! Or ces erre,urs, qui ne font que des eftais
ou des tentatives, ces échafauds qui devièn-
nent inutiles après la difpofitron de la théorie,
ne doivent point occuper le Public. C ’eft alors
le fatiguer fans;U|inftruire , ■ & lui faire perdre
de vue les chofes véritablement curieufes & utiles
qu’ii veut connoître , & auxquelles on doit pax
conféquent l’attacher.
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