B O Y
Pe n d a n t que Rohault enfeignoit
en France la véritable manière de
faire des progrès daps la Phyfique, en
joignant les expériences au raifonne-
m ent, 6c qu’il ta jullifioit par fes Succès,
Robert B o Y l e faifoit en Angleterre
une coîleâion de faits lur l’Hiftoire
N aturelle, 6c des effais fans nombre pour
accélérer ces progrès, llharceloit la nature
de toutes lés façons , afin de la forcer
à lui découvrir» fes fecrets. Il confia
déroit le monde comme le Temple de
D ie u , l’homme comme le Prêtre né de
la nature, ordonné pour célébrer le fer-
vice divin, non - feulement dans elle ,
mais pour elle; 6c ne s’occupant que de
cette fon&ion, il y employoit toutes
fes forces * foit du côté de l’efprit, du
corps ou de la fortune. Il examinoit avec
patience, & réfutoit fans oflentation les
erreurs des Phyficiens anciens 6c modernes.
Le feu , l’air & l’eau étoient les
fujets fur lesquels il s’exerçoit principalement.
Son delfein étoit de connoître
la compofition chymique, la réfolution
6c le changement des corps , 6c il n’é-
pargnoit pour cela ni le travail ni la dé-
penfe. AulTi .fes découvertes ont répondu
à fes efforts & à la beauté de fon
génie. Il a appris aux Chymifles à par-1-
1er de leur fcience d’une manière intelligible
, à l’unir à la Phyfique , ou
à la confidérer du moins comme ne. lui
étant pas étrangère ; 6c aux Phyficiens
la nature de l’a ir, les loix du mouvement
des eaux , 6c en général les vrais
principes de toutes les parties de la Phyfique.
Ce grand homme naquit à Lifmore
en Irlande le 25 Janvier 1616, de Ri-
L E. *
chard B oyle, Grand Comte de Cork. Il
fit chez fon père fes premières études ,
& alla les finir à Leyde. Ce fut avec un
fuccès qui fut univerfellement admiré.
La nature l’avoit favorifé des difpofitions
les plus heureufes , 6c on voyoit bien
qu’il étoit deftiné à être une des lumières
du monde.
Au fortir du Collège, il fe dévoua à
l’étude de la Philofophie. Il fe procura
les meilleurs Ouvrages qu’on eut écrit
jufqu’alors fur les fciences , 6c parcourut
avec une avidité extrême toutes les découvertes
qu’on avoit faites. Mais il
jugea bientôt que pour acquérir des con-
noiffances folides * il falloit joindre à
celles qu’on puife dans les Livres, les
inftru&ions qu’on gagne au commerce
des hommes. Il rélolut donc de voyager
dans les pays étrangers. A cette fin, il
parcourut la plus grande partie de l’Europe.
Dans tous les endroits ou il fit
quoique féjour, il captiva l’eftime des
perl'onnes les plus diltinguées, par des
fentimens 6c une capacité fort au-deffus
de fon âge.
Ses courfes finies, il vint à O xford,
où il fe fixa. En arrivant, il reprit le
cours de les études. Comme il vouloit
réunir la pratique avec la théorie, il fit
bâtir un bel Oblervatoire, qui lui coûta
fort cher, 6c prit eh même temps des
ouvriers chez lui, afin qu’ils conftruifif-
fent fous fes yeux les inltrumens qu’il
jugeoit néceffaires pour de nouvelles
expériences. Avec ces fecours, il rélolut
de loumettre toute la nature à fon examen.
U chercha d’abord les propriétés
de l’a ir, 6c les expériences qu’il imagina
pour les connoître , le conduifirent à la
* OrTtCnn Tun'ebre de B >YI.E, par t" Dofteur Burnet. OEuvres Philofophiques de BOYLE , par Pierre Shrw. Dtc~
Et Vie de B >ï I E , t l a t 're (il- V Abrég- des OEuvres Théo- tsonnuire Hiftorique & Critique de Cbaufepie', au icle
logiques de B o ï t£ , pat Boulton. Preface de l ’Abrégé des BoYLE. E t fes Ouviagcs.