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fes poids (i ). C ela eft difficile à
croire , 8c je ne penfe pas qu’on
puifle trouver aujourd’hui un Car-
téfien à cet égard.
Q uoi qu’il en fo it, tes fyftêmes
e u ces raifonnem ents retardoient
les progrès de l’Hiftorre N aturelle
au lieu de contribuer à fa perfection.
C’eft en effet ce qu’on
com prit quand on forma des Académies.
C onvaincus que les fyfte-
mes ne fervent fouvent qu’à faire
perdre beaucoup de temps, 8C qu’ils
peuvent égarer l’efprit dans la recherche
de la vérité , les Membres
decesC om pagniesréfolurentde ne
s’appuyer que fur les farts 8C fur les
dém onilrations. La Botanique fut
mife au nombre des. fciences des
faits, & on forma une clafle de
Botaniftes. O n ne penfapasalors à
la Zoologie, quoique cette fcience
foit fondée comme l’autre fur les
ebfervations 8c les expériences, 8c
q u ’elle foit beaucoup plus étendue,,
&c au m oins auffi utile.
Les Botaniftes coururent donc
les champs pour chercher de nouvelles
plantes. Leur récolte fut
abondante ; 8c ces plantes ayant
été réunies avec celles qu’on avoit
d é jà , cette grande quantité de
plantes, toutes differentes les unes
U R S
des autres, com mença à les accïf^
bler. Q uelle mémoire pouvoir fuf-
fire à tant de noms ? O ù prendre-
m êm e tous les nouveaux nom ÿ
do nt on avoit befoinï'
Ces Savants fengerént donc àr
inventer une m éthode qui les fou-v
lageât. La feule qu’on pût imaginer
con iifto it, fans d o u te, à dit-
tribuer toutes les plantes connues*
fous certains genres , de forte que
la connoiffance de chaque genre
co n tîn t en abrégé celle de toutes-
les plantes qu’il renferm oit St
qu’en m êm e temps* elles fulient
toutes appellées d’un même nom ,
com m un à tous les- genres a u ta n t
que cela ieroit poflîble, afin de n ’avoir
pas un trop grand nombre d e
noms particuliers tous differents-
U ne plante eft un corps orga-
nifé , qui a toujours une racine *
prefque toujours un fruit ou une
femence , 8c vraifem blablemènt
une tig e , des feuilles 8c des fleurs-
Ce font là cinq parties eflentielles
ou ordinaires aux plantes. O r , e n
les confidérant avec a tten tio n , o n
reconnut que la- reflemblance entre
quelques unes de ces parties
devoit conftituer les genres ; SC
comme cette -reflemblance a lien
en tre les mêmes parties, il s’agi&
-(i) Voyez l'Hiftoicc de R o h a u l t dans le. troilîeme volume de cette H i j i o i r c d e s P U b / b f / u #
fo o d e r n u » .
p r Ê l i M i N A, i R E. $1
fo it de favoir lefquelles on préfé-
rcroit.
Lors de la renaiflance des L ettres
, le célébré Gefner ayant réfléchi
là-deffus, crut qu'il falloit
fe déterm iner pour les fleurs 8c
pour les fruits pris enfemble : mais
ce ne fut là qu’une idée qu’il ne
chercha point à approfondir. Il
s’écoula un temps confidérahle
fans qu’on s’occupât de cela ; mais
Tournefon, q u i, deftiné par l’Académ
ie des Sciences de Paris à l’étude
de la Botanique , ne laifloit
rien échapper de ce qui pouvoir
accélérer fes progrès, trouya cette
idée heureufe. Sa fagacité 8c fes
connoiflances acquifes en cette
fcience lui firent connoîtrç qu’on
d o it regarder les fleurs 8c les fruits
com m e les principales parties dé
la plante ; car toute la plante 8C
to u t l’appareil de fes organes ne
paroiflent faits qu’en vue de lapro-
du étion de la fem ence, o u , ce qui
revient au même , du fruit qui
n ’eft que l’enveloppe 8c la nourritu
re de la femence. Q uant à la
fleu r, elle eft deftinée à donner
pendant un tem ps aiïez court une
nourriture au fruit naiflant, plus
d é lic a te , mieux préparée , 8c plus
convenable que celle qu’il tireroit
d u fuc des feuilles.
T outesles plantes do n t les fleurs
8c les fruits auront la même figure,
feront donc du m êm e genre. Les
racines, les tiges 8ç les feuilles n e
foqt alors comptées pour rien.
' T elle eft la m éthpde de Tournefo
n . Comme il n’eft pas queftion
dans tout c ec i, dit l’iljuftreH ifto-
rien de l’A cafiém ie, en parlant de
ce S av an t, 4e fuivre ou d’im iter la
n a tu re , qui ne paroît pas trop s’être
mile en peine d ’un fyftêm e,
mais feulem ent d’établir un ordre
arbitraire qui facilite la cpnnoif;
fance des plantes, il n ’appartient
pas tant au raifonnem ent de prouver
la bonté d’une m éth o d e, qu’a
la com modité 8c à la clarté (i).
C ette m éthode a eu le plus
grand fuçcçs. C ependant les B otaniftes
o n t cru qu’on pouvoit en-
vifager le fyftême des plantes fous
de nouveaux afpeéls ; les uns par
les fleurs ; les-autres par les étam ines;
des troifiemes par les corolles
ou pétales , Scç. 8c tous ces fenti-
m ents divers ont eu peu fie parti-
fans;feulemeptils ontdégoûtéquel
ques N aturaliftes des méthodes, 8C
les ont engagés à ranger les plantes
conform ém ent à leurs propriétés,
en fifivant l'ordre alphabétique.
Si cette méthode n’eft pas la plus
naturelle, du moins elle eft la plus
£ î) Voyez ï'HiJioire de l'Académie des Sciences de P ans , année 1700,
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