& de M a th ém a tiq u e s , nommé Lamontre,
fit imp rimer dans le Journal des Savans
du t ro is d 'A v r il 1696 > un petit éc r it in titu
lé , Difficultés propofées u M. H a r t -
SOEKER Jur fes principes de Phyfique ,
dans lequel il attaqua l’h yp o th è iè des
d eu x élémens dont c e Philofop he com -
p o fe l’univers. Il en v o u lo it à la dureté
& la liquidité des c o r p s , q u e l’Auteur
des Principes de Phyfique déduit de fes
d eu x élémens. M. Lamontre p rétendit q ue
la dureté 6c la liquidité étant des qualités
fenfibles des c o r p s , 6c ceux-c i n’étant
q u e d es parties de la m a t iè re , on ne peut
pas d ire qu’ elle foit dure o u liquide avant
qu e D ie u l’ait mile en mou vement pour
en form e r les dive r s co rps q ui font relu
îte s de la d ivifion .
N o tre P h ilofop he répondit à cette ob -
je f t io n , 6c fa réponfe parut 6c dans le
Journal des Savans du mois de Juillet
1696 , 6c dans VHiftoire des Ouvrages des
Savans du mois d’O & o b r e ,,fous c e titre :
Des Elémens des corps naturels & des qualités
qu’ils doivent avoir, pour fervir de réponse
aux objections que M. Lamontre a
faites dans le Journal du 1G Avril dernier
contre les principes de M. HARTSOEKER.
11 fu f fit | dit-il dans ce tte r é p o n fe | p ou r la
dé fenfe de mon fy ftêm e , de dire q u ’il
faut nécessairement fuppofer de la liquidité
6c de la fluidité au x co rps n a tu re ls ,
c’ eft-à-dire dans les premiers principes
p hy fiqu es dont tous les co rps font com-
pofés ; ca r autrement on ne pou rroit en
form e r que des corps g éométriques qui
auroien t des figures différentes ; mais on
n’en fero it jamais des co rps p h y fiq u e s ,
comme des an im a u x , des p ie r r e s , des
a r b r e s , & c . pa rce que tous ces corps
do iven t a v o ir de la folidité 6c de la con-
fiftan c e ; 6c il eft imp ofiible qu’ ils en
a y e n t , à moins que quelque élément dur
& folid e n’entre dans leur compofition.
A p eine ce tte réponfe fut p u b liq u e , que
M . Lamontre e n v o y a aux Auteurs du Journ
a l des Savans une réplique qui parut au
mois d’Aofit fuivant. Elle eft in t itu lé e ,
Réplique de M. Lamontre , Profejfeur de
Mathématiques, à M, H a r t s o e k e r ,
touchant les élémens des corps naturels. S u f
le champ n o tre P h ilofop he répondit à
ce tte rép liq u e ; mais M . Lamontre ne fe
rend it pas.
P o u r fe v en g e r de ce tte o b ft in a tio n ,
il attaqua à fon tou r fon A d v e rfa ire . M .
Lamontre a y an t p u bll^c lans le Journal
des Savans une explication de Vaiguille aimantée
, Hartsoeker en fit une c ritiqu e
f é v è r e , qu’on imprima dans les Nouvelles
de la République des Lettres du mois d’O c -
tob re 1 6 9 6 , a v e c c e titre : Difficultés
propofées à M. Lamontre fur l'explication
qdil a donnée de la variation de Caiguille
aimantée. E t c ’eft ainfi qu e finit ce tte
con tro ve r fe .
N o tre Philofop he étoit cependant tou jours
à Paris. Il y a v o it déjà quelqu es années
qu’ il s’ap p e rce vo it q u e fes revenu s
n’ éto ien t pas fuffifans pour v iv r e a v e c fa
famille dans ce tte grande V ille . 11 prit
enfin le parti d’en fo r t i r , & de retourn e r
dans fa Patrie en ce tte même année. Il
laiffa à Paris une réputation brillante 6c
de véritab les amis qui ne l’o ub liè ren t pas.
A u renou ve llement de l’A cadémie d e s
Sc ien c es en 1 6 9 9 , ils le proposè rent
p o u r A ffo c ié é t ran g e r , & il fut n omme
fans aucune difficulté. Peu de temps
après il fut aufîi ag ré g é à la S o c iété R o y a le
de Be rlin ; mais il ne fe para jamais de
ce s titres d’honneur ; 6c dans les O u v
r a g e s q u ’il publia dans la fuite , il con tinua
toujours d e mettre fimplement fon
n om , c’e f t - à - d i r e par Nicolas Har t soeker
, ainfi que le faifoient les A n c
ie n s , 6c que le pratiquent en co re les
véritab les Philofop hes.
C e tte fimplicité de moeurs 6c fes tra v au x
le firent rega rder comme le plus grand
Ph ilo fop h e qu’ il y eut en Hollande :
de forte q u e le Cçar Pierre I étant allé à
Amfterdam pour connoître la M a r in e , 6c
particulièrement la conftru&ion des vaif-
f e a u x , & ay ant v ou lu apprendre la P h y f
iq u e , demanda aux Magiftrats de ce tte
V ille quelqu’ un qui pût l’ en inftruire , 6c
ces Magiftrats fe firent un mérite de lui
'■ préfenter notre Philofop he. Ils le firent
v en ir de Rotterdam ; 6c s ’ils fe montrèrent
g lo r ieu x d’ a v o ir un C om p a tr iote aufîi ef-
timab le > de fon cô té il n’ou b lia rien pour
fou tenir la h aute id ée q u ’on a v o it de lu i ,
& ce lle qu’on en a v o it donnée au C z a r . C e
P rin c e en fut fi c o n ten t , qu’ il vou lu t fe
l’a t ta ch e r , & l ’emmener par conféquent
en M o fc o v ie : mais Hartsoeker, q ui
ne v o y o i t pas beaucoup de folidité dans
ce t é tab lifïemen t, s’ ex cu fa d e ne p ou v
o i r le fu iv r e , & il le laiffa partir a v e c
le reg re t d e n ’a v o ir pu l’ engager.
L e s Magiftrats d’Amfterdam rega rdèren
t comme un d e v o ir de reme rcie r n otre
Ph ilo fop h e de l ’honneur qu’ il leu r a vo it
fait ; & pour le dédommager des dépenfes
q u e fes foins auprès du C z a r lu i a voient
o c c a fio n n é e s , ils lui donnèrent un O b fe r v
a to ir e qu’ ils firent con ftru ire fur un des
baftions de leur V ille . Ils eomptoient par
là récompenfer magnifiquement notre
P h ilo fo p h e , quoiqu’à peu de f ra is , &
l’ in v ite r d’une manière bien ad roite à
v e n ir s’ établir dans leur V ille . -
Ha r t s o e k e r donna dans le pièg e.
I l entreprit dans cet O b fe rv a to ire un
grand miroir a rd en t , eompofé de pièces
rapportées. C e proje t tranfpira. C om m e
o n fa v o it de q u o i il étoit capable , on
é to it fo r t curieux, d e le v o ir tra vaille r.
L e Lan dg ra ve de Heffe alla dans ce tte
vu e -à fon O b fe r v a to ir e ; & pour faire
v o i r que fon eftime a v o it encore plus de
part à cette démarche qu’ un pur m o t if
de cu r io f ité , il lui fit une v ifite ch ez lu i:
tra it qui n’eft pas moins honorable au
L an d g ra ve qu’à n o t r e Philofop he.
C ’étoit alors le temps oit la P hilofophie
& le fa v o ir éto ien t en grande confidéra-
tion. O n ne connoiffoit d’ autre gloire
q u e ce lle q ui v ien t du mérite & de la
v e r tu ; & les Princes ne pou vo ien t jou ir
de q u e lq u ’eftime qu’ autant qu’ ils culti-
v o ien t les fciences , ou qu’ ils étoient
aimés des Savans. E t la réputation
d’HARTSOEKER fixoit les y e u x de pref-
q u e tous les Souvera ins de l’Eu rope.
Jean Guillaume, E le û e u r P a la t in , v o u lu
t fe l’attacher ; mais notre Philofop he
tint b en pendant long-temps contre fes
Pollicitations. L ’E le â e p r ne fe rebuta
p o in t , & . f a p e r f iy é ran c e écarta enfin
les difficultés q u e l’ amou r de la lib er té
& de l ’indépendance fiiggéroient à Hartsoeker.
Il fut n omme Mathématicien
de fon A lte ffe E le c to r a le , & P ro fe ffeu r
honoraire en P h ilo fop h ie dans l’U n iv e r -
fité d’He id elb erg .
11 n’en jou it pas moins de ce tte lib e r té
& d e ce tte indépendance q ui lui éto ien t
fi ch ères. L ’E lec teur le daiffa tranquille
dans fon ca b in e t, & il put s’y liv re r tou t
entier à fes méditations philofophiqu.es.
L e s fruits qu’elles produiurent furent des
M émoire s favans fur différens points d e
P h y f iq u e , dont il fit part au P u b lic . Il
les fit imprimer à mefure qu’ il les c om -
pofoi-t dans le s Nouvelles de la République
des Lettres.
Il débuta d ’abord par une le ttre qu’ il
é c r iv it à M. Regis, D o â e u r en M édecine
àAm fte rd am , fu r ie s digues qui régnent
le long de Zu ide rfé e. Il indique dans ce tte
lettre les défauts qu’ il y t ro u v e , & les
m o y en s d’y remédier. Le s autres Ec rits
q ui parurent fucceffivement dans c e Jour-
n a l , ont p ou r o bjet la caufe de l’afcen-
fion de l’ eau dans la jambe la plus é troite
d’un tu y a u recou rb é , la circulation du
f a n g , le mou vement elliptique des planètes
, & la réponfe à une que ftion
q u ’une perfonne inconnue prop o fa au
Journalifte.
C e tte que ftion é to it én on c ée en ces
termes : Pourquoi les boutons des arbres,
qui réfjlent en hiver a la plus forte gelée ,
fe confervent très-bien, & ne j,'auraient ré-
JîJleràla moindre gelée, quand au printemps
ils font devenus grands & ont commencé a
s’épanouir ? O n r e n v o y o it à la P h y fiq u e
d e Rohault p ou r la folu tion d e ce p ro blème
; mais n otre P h ilofop he ne c ro y an t
pasqu’ o n pû t la donner à l’ aide de ce tte
P h y fiq u e , e n v o y a la f ie n n e , q ui fatisfit
à la queftion : & v o ic i en qu o i elle c o n -
fifte.
L ’eau pu rgée d’a ir fe condenfe en fe
gelant au lieu de fe dilater. A in f i le fo c
qui fe t ro u v e dans les boutons des arbres
a beau fe g eler en h i v e r , com m e il n’eft
pas encore pén étré par l’a i r , ou q u ’ il
y eft, en très- petite q u a n tité , il n’y fau-
ro it faire aucun dommage. M ais lorfqu ’au
E ij