18 L E FÈ
ou des terres métalliques & minérales.
Les lues métalliques font, les j'els, les
bitumes, Yarfenie, Y antimoine, le ànnabre
& la cadmie.
Les fels font naturels ou artificiels. La
nature engendre les premiers, qu’on appelle
des fels fofples. L’art fait les fels artificiels
: auffi y en a-t-il de plufieurs
efpèces; comme 1 e fe l gemme, h fe l ammoniac
, le falpêtre ou 1 e fe l de nitre, le fél
de puits , le fel marin, le fel de fontaine,
les (liant 6c les vitriols, qui ont tous des
qualités fpécifiques différentes les unes
des autres, félon la nature des principes
qui abondent en eux. Ces principes font
ou fixes ou volatils , ou diffolvans ou
coagulans.
Les bitumes font, l’afphalte, l’ambre ou
le karabé , l’ambre gris, le camphre, le
naphte, la pétrole & le foufre. On entend
ici par foufre un fuc minéral , gras &
fétide , qui à en foi une partie fubtile
qui elt inflammable, & une autre qui eft
terreflre & vitriolique.
Il y a deux fortes d’arfenic, le naturel
& l'artificiel. L’arfenic naturel fe divife
en orpin qui eft couleur d’o r , en fanda-
raque qui eft rouge, & en riagal qui eft
jaune. L ’arfenic artificiel fe fait par la
lùblimation de l’arfenic naturel avec le
lèl.
Vantimoine eft une fubftance demi-métallique
unie à du foufre.
On appelle ànnabre un corps minéral
compofé de foufre & de mercure coagulés
enfemble jufqu’à une dureté pier-
reufe.
On diftingue la cadmie en naturelle ou
artificielle. La cadmie naturelle eft une
pierre métallique , qui contient le fel
volatil & l’impur de quelque métal. Et
l’artificielle fe trouve dans les fourneaux
oit fe fait la fonte des métaux. C’eft un
fel volatil, qui fe fublime 8c s’attache
aux parois des fourneaux, ou qui s’élève
comme une folle farine jufqu’au toit des
lieux oii fe font les fontes métalliques.
Voilà quels font les mixtes qu’on
trouve dans les entrailles de la terre. Ceux
qu’on tire des corps animés par l’artifice
humain, font les fruits, les femences,
V R E.
les racines, les pommes, les réfines, ïa
laine , le coton , l’huile, le v in, & diverfes
autres parties extraites des végétaux
& des animaux, qui ne font plus
confidérés comme organifés. On fe fert
auffi des animaux entiers, lorfqu’ils font
privés de leur vie.
L’objet de la Chymie eft d’exalter tous
ces corps par la folution & la coagulation :
ce qui fe fait par diverfes efpèces d’opérations
, lefquelles tendent toutes ou à la
fpiritualifation , ou à la corporification
des mixtes, c’eft-à-dire des minéraux,
des végétaux & des animaux ; de forte
que l’exaltation de quelque mixte n’eft:
autre chofe que la partie la plus pure de
ce même mixte, réduite à une fuprême
perfe&ion, par le moyen de diverfes
îolutions & coagulations plufieurs fois
réitérées. Ces opérations fe font matériellement
ou formellement.
Les opérations matérielles font, la
cribation , Vablution , Isédulcoration , la
déterjîon , l’efiiifion, la eolation , la filtration
& la difpumation. Et on opère formellement
par la difiillation , la fublima-
tion , la digejîion , &c.
La cribation eft l’ariion de paffer la
matière battue au mortier à travers le
tamis ou le crible. \1 ablution ou lotion fe fait lorfqu’on
lave la matière dans l’eau pour la nettoyer
de fes impuretés les plus grofiières. Et
lorfque la matière eft etefeendue au fond
de l’eau par fa pefanteur, & qu’on verfe
l’eau par inclination, cela s’appelle effii-
Jion.
L’édulcoration eft l’operation par laquelle
on fépare les parties fpiritueufes,
falines & corrofives, des préparations
chymiques, par le moyen d’un grand
lavage à l’eau pure.
On purge par la déterfion la matière
qui ne peut fouffrir l ’eau fans alteration
de fes qualités , ou fans déperdition de fe
fubftance. Il y a à cette fin deux fortes
d’opérations. La première confifte à paffer
par un linge ou quelque couloir d’eta-
mine , la liqueur qu’on veut purger ; &
elle s’appelle eolation ou percolation. La
Seconde opération ne diffère de l’autre
L E F E V R E :
qu’en ce qu’on pafle la liqueur à travers
une matière plus compacte & plus ferrée;
ôc on la nomme filtration.
Lorfqu’on réduit quelque mixte en
poudre, cela s’appelle pulvérifation ou
contujîon. Et fi on réduit la matière en
poudre très-fubtile , imperceptible &
impalpable, on donne à cette pulvérifation
le nom dy alcokolifation. Ce qui fe
dit auffi des liqueurs, telle que Valcohol
ou l’efprit-de-vin re&ifié, quand les ef-
prits de ces liqueurs font tellement dépouillés
de leur phlegme, qu’ils s’enflamment.
Une opération bien importante de la
Chymie, c’eft la putréfaction. C ’eft l’état
du mixte qui tend à fa corruption par
une chaleur humide fans aucun mélange.
On la nomme putréfaâion, quand la
corruption fe fait par le mélange de
quelque levain qui lert de ferment.
On macère auffi les corps en les mettant
en infufion dans quelque diffolvant. On
les met en fumigation en les expofant à
l’a&ion de quelque exhalaifon âcre &
corrodante. La fumigation eft dite humide,
quand Pexhalaifon eft celle d’une liqueur ;
& on l’appelle sèche, quand c’eft la fumée
du plomb ou du mercure. Cette dernière
fumigation calcine les métaux qui font
en lames, & les rend fi friables, qu’on
peut les réduire facilement en poudre.
II eft fouvent néceflaire de rejetter le
menftrue ou diffolvant qui a été tiré d’un
ou de plufieurs mixtes , fur les reftes
de ces mixtes , pour en tirer les vertus
qu’ils pourroient encore avoir. On
donne à cette opération le nom de co-
hobation.
Après que le menftrue a fait fon effet,
qu’il a diffoud, il faut faire quitter prife
à ce diffolvant : ce qui s’opère par l’analogie
qui eft entre les fels & les efprits ;
car ce qui fe diffoud par les efprits , eft
précipité par les fels, & au contraire.
Cette opération eft connue fous le nom
de précipitation.
Mais les opérations effentielles de la
Chymie font', la difiillation , la fublima-
tion, la calcination , la vitrification , la
fulmination, la détonation ÔC la. circulation ,
parce que c’eft le feu qui eft l’agent de
toutes ces opérations.
On diftille une matière en l’enfermant
dans un vaiffeau, & en l’échauffant tellement
qu’elle s’exhale en vapeurs, qui fe
rendent dans un vaiffeau qui eft uni au
premier. Il y a trois fortes de difiliations.
Dans la première les vapeurs des matières
diftillées s’élèvent en haut ; elles vont par
les côtés dans la fécondé ; & elles tendent
en bas dans la troifième.
Lorfqu’on réitère la diftillation, afin de
rendre les vapeurs diftillées plus fubtiles,
ou pour priver quelque efprit de fon
phlegme, cette diftillation s’appelle rectification.
La fublimation eft une opération par
laquelle le feu fait paffer en exhalaifons
sèches tout un corps, ou quelqu’une de
fes parties, qui fe condenfent au haut du
vaiffeau en fleurs déliées & fubtiles, ou
en un corps plus denfe, plus compa&
& plus ferré.
Un feu violent réduit un corps en
chaux & en cendre. Quand cette réduction
fe fait par le moyen du bois enflammé
ou de charbons ardens, la calcination
eft appellée actuelle. Et lorfqu’elle fe fait
par le moyen du feu fecret & potentiel
des eaux fortes, & par les vapeurs ou
par les fumées corrofives, c’eft une calcination
potentielle.
Si les. corps font calcinés en un fourneau
de réverbère à feu de flamme, foit
pour en féparer les efprits corrofifs, foit
pou&Jes fubtilifer & les ouvrir , cette
calcination s’appelle réverbération.
La vitrification eft le changement en
verre , des méfaux, des minéraux, des
végétaux ou des pierres : ce qui fe fait
en jettantdans la fufiondes métaux quelques
fels alkalis ou fixes ou lixiviaux ,
qui les vitrifient en leur donnant la fufi-
bilité & la tranfparence, ou même en les
rendant opaques ; & dans ce cas la matière
reffemble à un verre mat, & on
l’appelle émail.
On donne le nom de fulmination à une
opération par laquelle on météorife tous
les métaux, excepté l’or & l’argent, en
les cbaffant en exhalaifons, en vapeurs
C l )