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fût de 1 50 livres fterling de rente, dont
il donnoit 11 o au Profeffeur, tant pour
l’honoraire des fondions de fa chaire ,
que pour les frais des obfervations& des
expériences, & ceux de fa correfpondance
avec les Sa vans. Il vouloit qu’après la mort
de fes Exécuteurs teftamentaires, le Profeffeur
fût nommé par l’Archevêque de la
Province, l’Evêque du Diocèfe, les Pré-
lidens du Collège de Médecine & de la
Société Royale, fécondés par deux Membres
du Parlement, & par tout le Sénat
de l ’Uni verfité.
Le Profeffeur ne devoit être que Bachelier
, & ne pofféder aucun bénéfice. 14 devoit avoir la garde des deux cabinets
de fofliles, légués par le défunt à l’Uni-
verfité, & les montrer trois fois la fe-
maine gratis.
M. MiddUton, Do&eur en Théologie,
eft le premier qui a rempli cette chaire :
il en prit poffeiîion en 1 7 3 1 , & s’en démit
en 1734. Il a été remplacé par M.
Charles Mafion , agrégé au Collège de la
Trinité.
Syjlémt cofmologiquc de IPo O D V A R D .
Avant le déluge, la terre produifoit
comme aujourd’hui des arbres, des herbes
& des fruits. Elle étoit peuplée d’animaux
quadrupèdes, d’infe&es & d’oi-
feaux-. Ses mers, qui étoient prefqu’aufii
Allées qu’elles le font aujourd’hui, étoient
pleines de poiffons. Elle nourriffoit autant
de fortes d’animaux & de plantes
qu’elle en nourrit a&uellement. Les métaux
fe formoient dans fes entrailles, &c
fa furface étoit partagée en montagnes,
en vallées, en plaines, & arrofée par
des fleuves & des rivières. En un mot,
rien ne reffembloit plus à la terre, lorf-
qu’elle fortit des mains du Créateur, que
la terre que nous habitons depuis le déluge.
La feule différence qu’il y a, c’eft
qu’avant cette cataftrophe tout étoit également
diftribué dans ce globe & fur fa
furface, & que tout y eft bouleverfé. Aujourd’hui
fur fa furface on ne voit que
des montagnes délabrées & affaiffées, des
cavernes, des gouffres, des rochers fen-
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dus & brifés , des contrées englouties r
des ifles fubmergées , des volcans , de*'
marais, des mers, des fleuves, des plaines,
& tout cela eft diftribué fans aucun
ordre. Dans l’intérieur on découvre des
métaux, des minéraux, des pierres , des
bitumes, des eaux, des matières de toute
efpèce, placées au hafard & fans aucune
règle. Des corps pefansfe trouvent quelquefois
foutenus par des corps légers ,
des corps durs environnés de fubftances
molles. Enfin tout, eft dans cette terre
que-nous habitons, dans une efpèce" de
confufion , & il femblé qu’elle n’eft que
le débris de la terre telle qu’elle étoit
avant le déluge, c’eft-à-dire en fortant
des mains du Créateur.
C’eft le déluge qui a opéré cette grande
révolution. Une quantité immenfe d’ëau
s'étant répandue fur là furface de la terre,
bouleverfa toutes chofes. D ’abord l’eau
de l’océan fe répandit ftir la terre, & elle
fut fuivie de celle qui fortit d’un grand
abyme qui s’ouvrit ait milieu du globe.
Cette eau s’éleva au-deffus des plus hautes
montagnes, & détrempant la matière
qui uniffoit tons les corps , tout le globe
de la terre fut diffous & réduit en pouf-
fière. Les particules de marbre, de pierr
e , & de tous les autres fofliles folides ,
celles du fable , des terres , des corps
des animaux, des coquillages, des végétaux
, en un mot de tous les corps qui
étoient fur la terre, ou qui en faifoient
partie, furent divifées , & fe difpersè-
rent confufément dans l’eau ; en forte
que l’eau & les corps qui y étoient, formèrent
une mafle informe de matière.
Le calme fuccédant enfuite à ce mouvement
impétueux des eaux , tous les
corps qui étoient diflous & élevés dans
l’eau , fe précipitèrent de nouveau , 6e
tombèrent au fond. Tout s’y réunit félon
les loix de la pefanteur.
Les corps les plus pefans defcendirent
par conféquent lès premiers & plus bas
que les autres , 8e les autres fuivirent
mivant leur gravité fpécifique. Tous ceux
qui avoient la même pefanteur s’affaif-
sèrent à la fois , tombèrent 6e formèrent
une même couche ; en forte que les
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coquillages & les autres corps, dont la
pefanteur fpécifique étoit la même que
celle du fable, tombèrent avec lu i, &
fe trouvèrent ainfi renfermés dans les
couches de pierres formées par ce fable.
Les corps qui avoient le même poids que
la craie, tombèrent avec la craie , &C
firent avec cette matière une feule &
même couche. Et il en fut ainfi de tous les
autres corps.
Voilà pourquoi on trouve dans le fable
pétrifié, que la pefanteur fpécifique des
différentes matières mêlées dans ce fable
, ne diffère que très-peu ; que les coquillages
de pétoncles, qui font prefque
de la même pefanteur , y font en grand
nombre , tandis qu’on n’y trouve guères
d’écailles d’huitre , d’hériffon de mer,
ou d’autres coquillages qui font plus légers.
Au contraire dans la craie on ne
trouve que des coquillages d’hériffon de
mer, &: d’autres efpèces de coquillages
plus légers.
Toutes ces couches, foit de pierre, de
craie, de charbon de terre, &c. étant
placées l’une fur l ’autre, furent d’abord
parallèles , unies , polies & régulières ,
& la furface de la terre étoit auflï égale
& fphérique, fans interruption ou fépa-
ration. Elle étoit couverte entièrement
d’eau , de forte que la terre paroiffoit
un globe d’eau.
Peu de temps après, les couches fe
brisèrent, s’élevèrent dans certains endroits
, s’abaifsèrent en d’autres, & changèrent
de fituations. Pendant la rupture
des couches , cette maffe d’eau qui en-
vironnoit le globe , retomba dans les
endroits les plus bas de la terre , dans
les lacs, dans le lit de l’océan, & dans
le grand abyme. Par le moyen des
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fentes au travers defquetles elle paffa ,
elle fe communiqua à l’océan , le remplit
, & mit le grand abyme en équilibre
avec lui. C ’eft de cet abyme que les
rivières tirent leur origine. Ce même
abyme,conjointement avec l’océan, fournit
continuellement de l ’eau à la furface
de la terre.
Concluons donc de-là que l’épanchement
des eaux fur la furface de la'ter-re ,
ou le déluge a difpofé les couches de
marbre, de pierre , de terre , &c. dans
l’ordre oit elles font aujourd’hui. Les métaux
& les minéraux lui doivent aufli
leur difpofition particulière ; car l’affem-
blage, l ’union & la combinaifon des particules
de ces matières composèrent les
petites boules ou molécules métalliques
& minérales qu’on découvre aujourd’hui
dans les entrailles de la terre. Et c’eft:
de cette manière que fe formèrent les
monceaux grofliers de pyrites communs ,
les pierres à feu, les agathes, les onyx ,
les cailloux, le jafpe, la cornaline, &c.
les félénites, les bélemnites, les aftroïtes,
les ftéléchites, le corail minéral, & c.
Tout a été dit à la fin de cette révolution.
La matière métallique & minérale
qui eft placée dans les corps qu’on
trouve dans les couches , ne croît plus.
Elle n’a reçu aucune addition depuis ce
temps - là : au contraire elle a diminué ,
parce qu’il s’en eft difperfé dans les rivières
par les fentes perpendiculaires des
couches , & que les exhalaifons qui s’élèvent
fans ceffe du grand abyme , en
diflipent tous les jours.
Telle eft la terre que nous habitons.
Elle eft formée des débris de
l ’ancienne terre, dont elle eft le réta-*
bliffeqient.
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