du creufet qui étoit tourné dans le feu
vers le nord, pollédera la vertu du pôle
feptentrional ; de forte que fi l’on prelènte
le pôle feptentrlonal d’une aiguille de
bouffole à ce côté du creufet, il en fera
repoufle, au lieu que le pôle feptentrional
s’en approchera. Et fi au coté du creulet
qui étoit tourné dans le feu vers le midi,
o n préfente le pôle méridional d’une aiguille
aimantée, on ne remarquera aucune
a&iôn du creufet fur cette aiguille.
Toutes ces nouveautés engagèrent notre
Philôfophe à rechercher s’il étoit pof-
fible d’augmenter la vertu^ de 1 aimant,
de manière que ceux qui n’ont pas beaucoup
de force puffent en avoir davantage
: mais aucune de fes tentatives n-eut
un fuccès heureux. Il arriva fouvent que
les aimans fe creverent dans le feu oc
febrilèrent en pièces; 8cquant à ceux
qui relièrent en leur entier, bien loin
de recevoir une augmentation de forces
, ils perdirent en partie celles qu ils
réciproquement avec force, & q^el-
les font moins poreufes que le bois ,
les pièces collées l’une fur l’autre font
plus fortes dans leur affemblage que
dans un autre endroit, & s’y rompront
plus difficilement que dans leur propre
fubftance.
avoient. ,
On trouve plus de decouvertes dans
la .differtation fur la cohéfion des corps
folides. On appelle cohifion ou adhérence
là force qui unit les corps. Les corps
s’attachent enfemble par 1 entremife d un
fluide. Ainfi pour unir deux corps, il
n’y a qu’à enduire leur furface d un li-
quide. Suivant les expériences de Mos-
CHENBROEK, l’eau dont il frotta des
plaques de cuivre, les fit tenir enlemb e
avec une force de douze onces; 1 huile
avec une force de dix-huit onces ; la tere-
bentine de Venife avec une force de vingt-
quatre onces ; la réfine avec une force
de huit cens cinquante livres, oc le luit
de chandelle avec une force de huit cens
livres. Tous ces corps font plus légers
que l’eau ; mais la poix qui eft plus pelante
que l’eau, colla des corps cylindriques
avec une force de plus de quatorze
cens livres.
Il arrive quelquefois que deux liquides
font compofés de parties qui s’attirent
réciproquement avec beaucoup de force,
de forte qu’ils fe changent en un corps
folide après leur mêlante. C ’eft ainfi que
l’huile de tartre par défaillance, incorporée
Lorfqu’on met entre deux morceaux
de bois une couche de colle fondue qui
remplit leurs pores , alors un plus grand
nombre de parties fe touchent, & par
là l’union de ces corps eft plus forte.
Quand les parties de la colle s attirent
avec l ’huile de vitriol , fe convertit
en un corps folide ; que i’efprit uri-
neux & l’efprit de vin reflifie fe con-
vertiffent en glace ; qu’tm blanc d oeuf
battu avec de i’efprit de fel bien fort fe
durcit ; & que l’huile d’olive incorporée
avec de l’eau-forte fe coagule y Sc devient
un corps friable.
On trouve dans cette differtation fur
l’adhérence des corps un grand nombre
d’ expériences fur la force des bois , d’ou
l’Auteur a déduit deux règles importantes.
. *
i°. La force de deux pièces de meme
poids pofées perpendiculairement, qui
ont la même épaiffeur, & qui l° nt ~e
différentes longueurs, étant comprimées
par le même poids, eft en raifon inverfe
des quarrés des longueurs ; c*eft-à-dire,
que la force d’un appui long de dix pieds
eft à la force d’un autre appui de meme
épaiffeur, mais qui n’a que cinq pieds de
long, comme un à quatre.
2°. Les bois qui ont la même longueur,
mais dont l’épaiffeur eft différente, le
trouvant chargés de pefans fardeaux, le
courbent par leurs côtés les plus minces ;
& les forces des bois font les unes aU3£
autres comme l’épaiffeur des cotes qui
ne fe plient pas, & comme le quarre
de l’épaiffeur des côtés qui fe courbent.
De l’étude de la force du bois à celle
du feu , la tranfition étoit affez naturelle.
Àulïi MUSCHENBROEK paffa de l’une à
l’autre. Il examina tout ce qu on avoit
écrit de mieux fur le feu, & trouva que
le célèbre Boerhaave avoit epuife ce li>
je t, & qu’il étoit impoffible d’ajouter à
les découvertes. La feule chofe qu’il dé-
liroit, c’étoit un moyen de mefurer l’action
du feu. Aucun Phylicien n’avoit
penlé à cela; mais le nôtre qui obfer-
voit tout, & qui avoit affez de génie
pour fuppléer à tout, imagina un infiniment
pour déterminer cette aftion.
Cet infiniment eft compofé d’une boîte
longue, dans laquelle eft un tiroir contenant
des cylindres de différens métaux,
tous égaux en longueur & en epaiffeur.
Sur cette boîte eft une lampe à efprit
de vin garnie de plufieurs mèches de
coton femblables entr’elles pour la longueur
& pour la groffeur. A une des extrémités
de la boite eft un bocal cylindrique
de verre qui contient plufieurs
léviers, lefquels font difpofes de manière
que quand on agit fur l’un d’eux,
ils font mouvoir par le moyen d’un râteau
& d’un pignon une aiguille qui parcourt
horifontalement un cercle divifé
en deux cens parties égales.
On ajufte un de ces cylindres de métal
dont je viens de parler, à un de ces
léviers par le moyen d’une vis qui eft à
une de fes extrémités, & l’autre extrémité
de ce cylindre eft foutenue par un pilier
qui eft à l’autre bout de la boîte, de
façon que ce cylindre eft dans les flammes
des mèches qui font dans la longueur
de la boîte.
On allume ces mèches, & l’a&ion du
feu dilatant le métal, le cylindre agit
fur le bras du lévier auquel il tient. Et
comme les bras des léviers & le rayon
du rateau avec le pignon font tellement
proportionnés, que quand le cylindre
de métal avance d’un quart de ligne , il
fait faire à l’aiguille un tour entier, &
que la circonférence du cercle qu’elle
parcourt a deux cens degrés, dont chacun
eft affez grand pour être divifé en deux
par le coup d’oeil > il s’enfuit que le
cylindre ne peut s’avancer de la feizième
partie d’une ligne qu’on ne s’en apper-
çoive par le mouvement de l’aiguille.
C ’eft par le nombre des tours de l’aiguille
dans une minute qu’on juge du
degré de l’aûion du feu. Notre Philofophe
appela cet infiniment Pyromhre.
Dans le temps qu’il le conftruifoit,
un Italien vint le voir. Il lui parla de
l’état des fciences en Italie, & des Mémoires
fort curieux d’une des Académies
de ce Pays, qui paroiffoient fous le titre
de Tentamina A cademice delCimento. Notre
Philôfophe connoiffoit ces Mémoires ou
Effais, & défiroit d’en avoir une tra-
du&ion en Latin. L’Italien lui offrit de
faire cette tradu&ion , s’il vouloit le conduire.
Ils mirent la main à l’oeuvre, &
la tradu&ion fut bientôt faite. Ce fut
une occafion favorable de publier le
Pyromètre que Mu s c h e n b r o e k
venoit de conftruire, & il la faifit. Il fit
donc imprimer la traduâion des Effais
de l’Académie del Cimento, avec la
defeription de fon Pyromètre, & de
nouvelles expériences qu’il avoit faites.
L’Ouvrage parut en 1732» intitulé : Ten-
tamina experimentorum Academut del Ci-
mento : ex Italico in latinam linguam couvertitit,
& novis experimentis auxit. D- P.
J. Muschenbroek.
Après la publication de cet Ouvrage ,
il reprit la fuite de fes recherches fur la
Phyfique générale, & fe fixa à la rofée.
De tous les météores aqueux, il n’en trou-
voit point qui fuffent moins connus que
celui-là. Tout le monde fait qu’on donne
le nom de rofée à des vapeurs qui tombent
en forme de gouttes de l’air fur la
terre, fur les plantes & fur les arbres ,
& qui y relient fufpendues ; mais c’eft
une notion imparfaite de la rofée. Car,
félon notre Philôfophe , il y a trois fortes
de rofée : premièrement, la rofée qui
s’élève de la terre dans l’air ; en fecônd
lieu, la rofée qui retombe de l’air ; &C
enfin la rofée qu’on apperçoit fous la
forme de gouttes fur les feuilles des arbres
& des plantes.
La première rofée eft produite par la
chaleur du foleil, qui en échauffant la
terre depuis le mois d’Avril jufqu’au
mois d’Oôobre, dilate, volatilife & élève
dans l’air l’eau, les efprits , les Tels, les
huiles, en un mot tous les corps que la
terre renferme dans fon fein» Ces parties