
 
		découverte de  la machine pneumatique. 
 C’eft une belle machine  avec laquelle  
 on peut tirer l’air des  vafes, 6c l’y comprimer. 
   B o Y L E eut cependant  un concurrent  
 à cette  invention,  qui  le gagna  
 de  primauté.  C’eft  le  célèbre  Otto  de.  
 Guericke, Bourg-meftre de Magdebourg,  
 à  qui  on en  fait  honneur.  Ce  qu’il  y   a  
 de  certain,  c’eft  que  la  première  machine  
 pneumatique qui  parut, fortit  des  
 mains  de  ce Magiftrat.  Il  la porta à  Ra-  
 tisbonne,  oit il etoit  député, 6c fit avec  
 cette  machine  plufieurs  expériences  en  
 préfence de  l’Empereur  6c  de  quelques  
 Députés.  Bientôt le bruit de cette invention  
 fe répandit  dans  toute l’Europe,  6c  
 B o Y L E  fut  ainfi  qu’il  avoit  été  prévenu  
 :  mais  il  apprit  avec  plaifir  qu’il  
 avoit été  plus  loin qu’Otto  de Guericke,  
 6c  que  fa machine  étoit  beaucoup  plus  
 parfaite  que  la  fienne.  Sa  manière  de  
 pomper l’air étoit fur-tout meilleure que  
 celle qu ’Otto de Guericke avoit imaginée,  
 6c fes découvertes  bien  plus confidéra-  
 bles& en plus grand nombre. Cette per-  
 fe&ion  n’eft  peut - être pas  un  préjugé,  
 favorable  pour  notre  Philofophe  :  car  
 les premières idées font toujours imparfaites  
 ,  6c  on  ne  perfe&ionne  que  ce  
 qu’on  a déjà découvert.  La  machine  du  
 Magiftrat de Magdebourg  a  tous les ca-  
 ra&ères  d’une ' ébauche  ou  d’une  première  
 produ&ion,  6c celle  de  B o y l e   
 paroît  être  le  rafinement  d’une  chofe  
 déjà trouvée. 
 Quoi qu’il en foit, la machine de notre  
 Philofophe  fut  fi  accueillie,  qu’on  oublia  
 celle  d’Otto  de  Guericke,  6c  que  la  
 machine  pneumatique  ne  fut  déformais  
 nommée  que  la  machine  ou  pompe  
 de  Boyle ,  6c  le vuide  qui s’y  forme ,  
 le  vuide  de Boyle. Voici en quoi confifte  
 cette machine. 
 Elle  eft  compofée  i °.  D ’une pompe  
 avec  fon  pifton ;  i°.  D ’un  tuyau,  qui  
 communique  depuis  la  pompe  jufqu’à  
 une platine ;  30.  D ’un  robinet,  dans  lequel  
 il  y  aune  rainure  d’un  côté  6c  un  
 trou  de  l’autre,  qui  le  pénètre  entièrement  
 ; 40. d’un récipient ou vafe de criftal,  
 qu’on met lur la platine,   6c  d’un pied à 
 trois  branches  qui  porte la  platine  6c la  
 pompe qui  y  communique. 
 Pour  s’en fervir, on met fur la platine  
 un cuir mouillé,  qui eft percé à fon milieu  
 ,  6c  on pofe  le récipient fur ce cuir.  
 On  tourne enfuite  le robinet de manière  
 qu’il  y   ait  communication  du  récipient  
 avec  l’intérieur  de  la pompe.  Le pifton  
 étant  en  haut  de  cette  pompe ,  on  le  
 baiffe ;  alors  l’air contenu  dans le  récipient  
 defcend dans le corps de la pompe,  
 6c  l’air  extérieur  agiftant  à  l’inftant par  
 fa  pefanteur  fur le  récipient,  le  comprime  
 tellement contre  la platine,  qu’il  
 y   eft  comme  collé.  Si  on  pompe  l’air  
 line fécondé  fois, on  forme  dans le  récipient  
 un  vuide  plus  parfait,  6c  cela  
 augmente  à mefure  qu’on donne plus de  
 coups de pifton. 
 Avec cette machine,  B o y l e   fit plu-  
 fieurs  expériences  qui  dévoilèrent  entièrement  
 la  nature  de  l’a ir,  & qui fer-  
 virent de bafe à une nouvelle Phyfique. 
 Il  mit  un animal  vivant fous  le  récipient  
 ,  tel  qu’un  chat  6c  un  lapin,  6c  
 lorfquM  eut  donné  quelques,  coups  de  
 pifton ,  l’animal,  après  s’être  quelque  
 temps  débattu,  tomba fans  mouvement  
 fur  la  platine.  Il  laifla  entrer enfuite  de  
 l’air  dans  le récipient,  & l’animal  fe rétablit  
 comme  auparavant :  d’où  il conclut  
 la  nécefîité  de  l’air pour  la  vie  des  
 animaux. 
 Il  voulut  faire  la  même  expérience  
 fur  les  plantes,  6c  il  reconnut  que  les  
 plantes  qu’il  avoit  laiffé  fous  le  récipient  
 vuide d’a ir,  ne croiffoient  plus.  U  
 trouva  aufïi  que l’air eft néceflaire pour  
 la  fubfiftance  du  feu.  Ayant  pofé  une  
 chandelle allumée fous le  récipient, lorf-  
 qu’il  en  eut  pompé  l’a ir,  la  chandelle  
 s’éteignit  fur  le  champ  ,  6c  la  fumée  
 refta  fufpendue  fous  le  récipient ;  mais  
 quand  il  eut donné  un  fécond coup  de  
 pifton, la fumée tomba. Des phofphores,  
 des vers  luifans,  des  poiffons lumineux  
 y   perdirent  beaucoup de leur lumière. 
 On  a  fait  depuis  B o y l e   beaucoup  
 d’autres  expériences  extrêmement  cu-  
 rieufes, parmi lefquelles  celle-ci tient ou  
 doit tenir le premier  rang. A11 haut d’un