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& en fumée J paf le moyen du plomb,
avec un feu très-violent.
On fait la détonation pour féparer &
pour chaffer toutes les parties fulfurées
& mercurielles qui font impures dans
quelque mixte, afin qu’il n’y*refte que
la partie terreftre, qui a un foufre interne
& fixe, dans lequel réfide fur-tout
la vertu des minéraux. C ’eft une explosion
qui fe fait avec fracas par f inflammation
fubite du corps, par le moyen
d’un feu ardent & du nitre.
Enfin la circulation eft une opération
par laquelle les matières contenues au
fond d’un vaiffeau de rencontre, qu’on
nomme aufii pélican, font pouffées en
haut par l’a dion de la chaleur, & retombent
enfuite fur la matière même, ou
pour la volatilifer par le moyen des ef-
prits , ou pour fixer l’efprit par fon
moyen : ce qui eft une des plus belles
opérations de la Chymie.
Le feu eft l’agent principal dont les
Chymiftes fe fervent pour faire l’analyfe
des mixtes. Suivant qu’il eft animé, il
donne neuf différens degrés de chaleur.
Le premier eft le feu de flamme, qui
calcine & réverbère tous les corps & les
fait exhaler en vapeurs. Le fécond eft le
feu de charbon , qii’on appelle le feu de
roue ou le feu de fuppreffion, félon qu’il
eft deffus, deffous ou à côté du mixte qui
eft expofé à fon a&ion. La lam£ de fer
rougie au plus haut point eft le troifième
degré de chaleur. Il fert à éprouver les
teintures métalliques & le degré d|yGxa-
tion des remèdes minéraux.
Le quatrième degré de chaleur eft
celui de la limaille de î t f enfermée dans
un vaiffeau de même matière ; parce que
cette limaille é™nt une fois échauffée
autant qu’elle peut l’être, conferve fa
chaleur beaucoup plus long-temps que les
autres corps. La chaleur du fable vient
après celle de la limaille. Suivent la chaleur
des cendres, & celle du bain marie
ou bain marin, qui eft la plus utile dans la
Chymie ; car on peut la conduire comme
on veut. Le huitième degré de chaleur
eft le bain vaporeux, c’eft-à-dire la chaleur
de la vapeur de l’eau contenue dans
le bain marin. Et I e neuvième degré eft
celui de la chaleur de fciure de bois.
On fe fert encore de la chaleur des
rayons du fôleil, téunie avec un miroir
ardent, que les Chymiftes appellent un
feu magique , parce qu’il eft d’une violence
extrême ; de celle du feu de lampe ,
qu’on gradue comme on v eut, félon
qu’on éloigne ou qu’on approche la lampe,
ou qu’on fait brûler un ou plufieurs
lumignons ; & de la chaleur du fumier de
cheval, qui eft une chaleur putréfaâive«
Il eft rare qu’on expofe à un feu nud
les matières qu’on veut analyfer. Et dans
prefque toutes les opérations, il eft né-
ceffaire d’avoir des vaiffeaux pour les
contenir, & pour faire même ces opérations.
On en fait de verre, de terre & de
métal. Quant à la forme, on la varie félon
les diverfes opérations : ce qui peut fournir
beaucoup de vaiffeaux. Mais ceux
dont on fe fert ordinairement, font les
cucurbites , les cornues ou mortes, les
récipients , les matras, les vaiffeaux de rencontre
, les alambics , les pélicans, les alu-
dels , les creufets & les fourneaux.
La cucurbite eft un vaiffeau qui a or-,
dinairement la forme d’une citrouille,
qu’on fait de cuivre, d’étain , de verre
ou de grais , & qui fert à la diftilla-,
tion.
On appelle cornue une efpèce de bouteille
à long col recourbé, de manière
qu’il fait avec le ventre un angle d’environ
foixante degrés. On lui donne aufli
le nom de retorte, à caufe de cette courbure.
Le récipient eft un vaiffeau de verre
en forme de cloche, qui fert à contenir
les fujets d’épreuve. On appelle encore
‘récipient ou balon un vaiffeau de verre,
dont le col s’adapte avec le bec de la
cornue pour recevoir la matière dif-
tillée. v
Les matras font des bouteilles, dont
les unes ont le col long, d’autres le ventre
fphériquë , ô f il y en a qui ont la
figure d’un oeuf. Ils fervent pour les macérations
& les digeftions. Lorfqu’on
joint deux matras enfemble de différentes
grandeurs, de manière que le plus
L E F E V R E . ■ 2.1
petit fert dé bouchon à l’autre qui contient
la matière fur laquelle on veut opérer,
cela forme un vaiffeau auquel on a
donné le nom de vaiffeau de rencontre.
Il fert à faire digérer une ou plufieurs
fubftances pendant fort long-temps, fans
1 que rien ne s’évapore, parce que les vapeurs
de la matière fe condenfent dans
le petit matras. * .
Une cucurbite de verre avec fon chapiteau
forme un vaiffeau qu oii appelle
un alambic. Si le chapiteau eft tubule, &
qu’il en forte deux becsoppofés & recourbés
, de manière qu’ils entrent dans le
ventre de la cucurbite , on appelle cet
alambic pélican. Il fert à la diftillation &
cohobation continuelle , qu’on nomme
circulation.
L’aludd eft une efpèce de chapiteau
qu’on peut allonger a volonté, qu on
adapte à une cucurbite, 81 qui fert à raf-
femlîler & à retenir les matières sèches
qu’on veut réduire en fleurs par la fu-
blimation.
Pour la fonte ,Ja cementation & la calcination
des métaux » on fe fert de creufets.
Ce font de petits vaiffeaux de terre
qui reffembleht à ün cul de lampe, qui
peuvent retenir les. fols en fufion ,
empêcher l’évaporation des efpnts , &C
même tenir les métaux en flux ou en liqueur.
Iis ont des couvercles qu’on lutte
quelquefois bien exactement.
Mais il n’eft point de vaiffeaux plus ef-
fentiels dans la Chymie que lés fourneaux.
Ce font des inftrumens qui font deftinés
aux opératiohsqui fe font par le moyen
du feu ,-afin que la chaleur puiffe être retenue
& comme bridée , pour qu’on
foit en état de la gouverner félon qu’on
le juge à propos.
Tous les fourneaux ont quatre parties
, qui font lé cendrier avec fa porte T
qui fert pour recevoir & pour retirer
les cendres du charbon qui brûle ; la
grille, qui reçoit & foutient le charbon;
le réckaut ou le foyer avec fa porte,
par où l’on jette le charbon fur la grille ;
ce foyer a plufieurs regi/lres , afin de
gouverner la chaleur du charbon allumé,
qu’il contient; & l’ouvroir ou le labora-_
toire , dans lequel on met les vaiffeaux
& les matières néceffaires aux opérations.
•.
Il y a quatre fortes de fourneaux , qui
font, Yathanor, le fourneau de réverbère ,
le fourneau à vent, & le fourneau de
lampe.
- Uathanor „ mot arabe , qui fignifie
feu perpétuel, efteompofé d’une tour,
d’nn cendrier, d’un bain marié, &C d’un
bain de foble. On y entretient une chaleur
toujours égale pendant fort longtemps.
Lorfqu’on veut s’en fervir , on
met dans fon foyer des charbons allumés;,
& on remplit la tour de charbons noirs.
On "ferme enfuite exaûement cette tour
avec fort couvercle. A mefure que le
charbon du foyer fe confume, il fait place
à celui de la tour, qui tombe par fon poids.
Ce charbon ne peut brûler que lorf-
qu’ii eft dans le foyer, parce que la tour '
étant exaélement fermée par fa partie
■ fupérieure, ne peut y circuler,
- Le fourneau de révetbère eft dos on couvert.
Le fourneau clos n’eft qu’un fourneau
Ample, augmenté d’un dogme, qui
fort à entretenir la: chaleur tout autour
de la cornue qui eft placée dans le fourneau
, & à donner un certain degré de chaleur
à la partie fupérieure de la cornue ,
en faifant réfléchir ou réverbérer cette
chaleur. Ce folirneau fert à la diftillatiori
des eaux fortes, des efprits de fe! de
nitre, de fel commun, & c .
Le fourneau de réverbère fert à calciner
par le moyen de la flamme , qui
paffe fur ta matière de derrière en devant,,
y étant attirée par une ouverture
d’un demi-pouce de largeur, & de la.
longueur de tout le fourneau, qu’on laiffe
derrière la platine de fe r , qui foutient
lesmatières qu’on veut réverbérer. Cette
même flamme fort par une autre ouverture
de pareille dimenfion, qui eft dans
la longueur de la partie fupérieure dit
fourneau en devant, immédiatementau-
deffus de fon couvercle.
\ On appelle fourneau à vent on de fu fion
, un fourneau deftiné à produire le
plus grand degré de chaleur poflîble ,
fens le fecours des foufflets. Ainfi il eft