le chien de mer , 6cc. L’Auteur parle aufli
des hommes mari's : il donne même la
defcription 6c la figure d’un homme 6c
d’une femme marins ; mais malgré fon
témoignage, l’exiftence de ces poiflons
hommes eft trop doutettfe pour nous y
arrêter.
Ce traité des poiflons paroifToit à peine,
que l’Auteur publia un ouvrage qui en
devoit former naturellement la fuite ;
e’eft l’Hiftoire naturelle des efpeces de
poiflons qui n’ont point de fang : elle parut
en 16 5 o avec ce titre : HiftoriA natura-
lis de exanguibus aquaticis Libri I F y
cum figuris sneis. C ’eft une compofition
extrêmement curieufe. L’Auteur y décrit
toutes les fortes de moules, d’écre-
vilfes, de cancres , de crabes , d’huîtres
, Ôec. 11 fait aufli l’hiftoire des feches,
«les tortues, des étoiles de mer, des orties
de mer, 6c de plufieurs- coquillages
Singuliers.
La moule eft un genre de coquillage
de mer, de riviere 6c d’étang. Elle n’a ni
veines ni arteres, & elle ne reçoit fa
nourriture 6c ne refpire que par l’anus.
Get animal eft hermaphrodite.
Les écrevifles portent les os en dehors
, au lieu que les autres animaux , les
portent en dedans : elles fe dépouillent
tous les ans de ces os, dont elles font
couvertes : elles changent aufli tous les
ans d’eftomae ;.le vieil eftomac eft le pre*-
mier aliment que le nouveau digéré. L’étoile
de mer a trois cents quatre jambes à
chacun de fes cinq rayons, ce qui fait
en tout mille cinq cents vingt jambes-:
elle n en va pas pour cela plus vîte,:~fa
marche eft très lente : il eft- vrai que fes
jambes font fi molles, quelles ne méritent
guere le nom de jambes :-ce font
des efpeces de cornes afTez femblablesà
celles du limaçon : elles font fouvent retirées
& fi cachées- dans fon corps, qu’on
a dé la peine à les appercevoir : ce n’eft
que quand elle veut marcher quelle les
développe.
On ne trouve dans l’hiftoire des coquilles
, que la defcription de quelques
coquillages, parmi- lefquels le nautile
-eft le plus remarquable. G’eft un genre.
de coquillage univalve , rond ou oblongj;
comme une gondole : on l’appelle nau--
tile,parcequ’on prétend qu’il nous aappris>
à naviger. En effet, quand il veut nager,
il éleve deux de fes bras en haut, 6c étend
la membrane mince 6c légère qui fe trouve
entre les deux bras comme une voile : il
fe fert des deux autres qu’il alonge dans
la mer , comme de rames, 6c fa queues
lui tient lieu de gouvernail; il lefte fa.'
coquille en y laillant entrer affèz d’eau,
pour qivelle enfonce un peu dans la mer.
Il vogue ainfi fur les eaux, étant à la foi»
le pilote 6c le. vaiffeau : mais' lorfque le.
temps devient orageux , ou qu’il apper—
çoit un ennemi, il retire fa voile 6c fes
rames , 6c remplit fa coquille d’eau pour»
couler plus aifement à fond pour se -
lever du fond de la me|, il retourne fa*
barque fensdéiTus deflbus, en vuide l eau> 6c étale de nouveau fa voile, fes» ra-
mes 6c fon gouvernail.
C ’eft une chofe bien' digne dè remarque,
que la modeftie de Jonston dans la
publication de fes ouvrages. Quoiqu iis
foient le fruit d’un grand favoir 6c d’une
extrême fagacité, il ne s’en fit pas un mér
rite, il ne prit point la qualité d’Auteur
fur leurs titres, 6c mit feulement qu il
avoit arrangé les matières yConcinnavit :
c’eft le mot dont il fe fert. Affurement il
n’avoit point imaginé les animaux qu il
décrit; c’a été le travail du Créateur*:
mais il en avoit découvert phifieurs, & Î1
a donné des deferiptions auez exaétes de
ceux-là, comme des autres qu’il a tirés des
Naturaliftes fes prédéceffeurs^. Cela ne
mérite-t-il pas le nom d’Auteur ? & la
plupart des Naturaliftes de nos jours qui
fe font fait un honneur abfolu de leurs
productions, ont-ils fait autre chofe que
de raffembler dans leurs cabinets les
différents animaux qu’ils ont décrits ? Notre
Philofophe avoir entrepris de grands
voyages pour voir les* chofes par lui-meme
; 6c les recherches, fes veilles- 6c fès
découvertes-, font un bien qu’il pouvoir
bien s’arroger, 6c que toutLeéteur judin
cieux lui adjugera.
Le Livre qu’il publia en 16$ 3 , eft en-v
core félon lui un fimple arrangemenyfîe'eft
cependant ùn Traité fort favant des
infeétes 6c des ferpents. Il eft intitulé-;
HiftoriA naturalis de infeclis Libri I F y
de ferpentibus & draconibus Libri I I s
cum Aneis figuris. Johannes JONSTO-
jsfus j Medic. Doct. concinnaVit. Fran-
cofurti, &c.
L’Auteur décrit dans le premier Livre
les infeétes terreftres, comme les abeilles,
ïes demoifelles, les papillons, les mouches,
les fauterelles, les grillets, les fea-
rabées, les hannetons 6c les efcarborsè
Dans le fécond Livre , on trouve l’Hif-
toire des infeétes qui ont des pieds 6c non
des ailes : tels font la fourmi, la punaife ,
le feorpion , L’araignée, la chenille, 6c la
Scolopendre : l’Hiftoire des vers fait le
Sujet du troifieme Livre , ôc celle des in-
feétes aquatiques le quatrième.
L ’Hiftoire naturelle des ferpents contient
plus de chofes fabuleufes que de
.Vraies. Quoique l’Auteur donne la defcription
6c la figure de plufieurs bafilics,
de plufieurs hydres, de différents dragons 6c de quelques afpics, il n’eft pas moins
certain que ces animaux n’exiftent point 6c qu’ils ont été imaginés par les peintres ; 6c ce qu’il dit des ferpents eft la partie la
plus foible de fon ouvrage. Notre Philosophe
travailloit avec tant d’ardeur 6c d’af-
fiduité., qu’il publioitprefque tous les ans
quelque nouvelle production. Depuis
ij 642. , temps où il fe dévoua absolument
à l’étude, jufqu’à fa mort, c’eft-à dire juf-
qu’en 16 j 5, il ne ceflà de compofer :
aufli fes écrits font en très grand nombre 6c très diversifiés. Non feulement il s’ap*-
pliqua à l’Hiftoire naturelle, décrivit en-
core fur l’Hiftoire facrée 6c profane ;
mais fes ouvrages fur l’Hiftoire naturelle
font ceux qui dominent, parcequ’il étoit
plus Naturalifte qu’Hiftorien.
La fcience des animaux étoit fur-tout
la partie de l’Hiftoire naturelle qu’il af-
feétionnoit le plus. Sa Zoologie eût été
incomplette, fi a l’Hiftoire des poiflons ,
des iuleétes 6c. des ferpents, il n’eût pas
ajouté celle des oifeaux & des quadrupèdes;
6c heureufement fes recherches
Soient fi abondances, qu’il fut en état
de décrire prefque tous les animaux qui
font fur la terre.
Belon a écrit avec foin fur l’Ornithologie
, ou la fcience des oifeaux ; 6c le
compte que j’ai rendu de fon travail doit
fuffire pour donner à mes LeCteurs* une
idée de cette partie de l’Hiftoire naturelle
: je me contenterai donc d’expofer
ici le plan du Livre de notre Philofophe :
ce Livre eft intitulé : HiftoriA naturalis
de avibus Libri F I . L’Auteur décrit
dans le premier Livre les oifeaux terref»
tres 6c carnivores. Ainfi on trouve dans
ce livre l’hiftoire naturelle des aigles, de3
vautours, des éperviers, des différentes
fortes de faucons, &c. des pies, des geais*
des corbeauxdes hiboux, des chauves*
fouris, 6c des paons.
Il s’agit, dans le fécond Livre, des oifeaux
granivores, ou qui fe nourriffent '
de grains, comme les poules, les coqs ,,
les outardes , les béeaffes, les-bécaflines*
les perdrix, les poules d’Inde,. les poules
d’eau, les colombes, les tourterelles*
les moineaux , les chardonnerets, les fe-
rins , les alouettes les grives , 6c les-
étourneaux.
L’hiftoire des oifoaux infeéti votes-
ou qui vivent d’infeétes, forme le troifieme
Livre, comme le pivert, l’hiron*
delle, la huppe , le gobeur de mouches,.
ôcc. Et celle des oifeaux aquatiques pifoi-
vores ôc herbivores compote le quatrième
Livre. Ges oifeaux font les lares ou
mouettes, les plongeons, les cygnes, les-
Ganards, les cicognes, les merles, les vanneaux
, les poules d’eau, les grues , &c;
Enfin, le cinquième ôc le fixieme Livre
contiennent les oifeaux étrangers y telÿ-
que l’oifeau de paradis, le toucan, le
tumatia, ôcc*
Il faut convenir que cet ordre eft très-
méthodique. Celui que l’Auteur fuit dans
l’hiftoire des Quadrupèdes n’eft peut-être-
pas fi beau ; mais il fuffit pour la deferip--
tion de ces animaux, qui font en plus-
petit nombre que les oifeaux, du moins?
dans les livres de notre Philofophe^
Son hiftoire des quadrupèdes eft cfivifé^
en quatre-livres. Dans le premier, il-décris: