Sculpteurs pour faire du maftic.
Avec les os de la baleine,les G roen-
landois conftruifent la carcaffe
de leurs barques, qu’ils revêtent
de peaux de veaux marins , ou de
baleines même. Il y a dans le pays
de ces peuples un poiffon dont les
arêtes font fi fortes, que les habitants
s’en fervent au lieu d’aiguilles
pour coudre les peaux d’ours
d o n t ils font leurs habits.
Il eft peu d’êtres dont on tire
ta n t de parti que des coquillages.
Les Grecs en compofoient un
fard avec de la pom m ade, dont
ils fe frottoient le corps. Les habitants
de T yr retiroient du coquillage
appelle murex une belle
couleur de' pourpre, dont ils fai-
foient ufage en teinture. Chez les
R om ains, les buccins, autre forte
de coquillages, fervoient de trom pettes
à la guerre. Les huîtres pro-
duifent des perles. Et les ouvriers
o n t trouvé l’art de tirer du burgau
une belle nacre , qu’ils incruf-
ten t d’o r, Se dont ils font de très
jolis bijoux. Il y en a encore qui
fontaffezinduftrieux pour faire des
bouquets avec des coquilles; Sc
l’adrefle avec laquelle on arrange
de petites coquilles diverfement
colorées Sc figurées, forme des
fleurs qui im itent parfaitem ent la
nature.
O n fait dans quelques pays avec
des nautiles, des coupes dont on 1’
fert au lieu de verres à boire. En.
C orfeon fabrique des étoffes avec
la foie de la pinne marine. Dans!
l’ifle de G o an a, en calcinant les
coquilles on en fait de la chaux.
Les Anglois s’en fervent pour blanchir
la cire ;'les Cultivateurs de
Sardaigne Sc de Sicile pour ferti-
lifer les terres ; &C quelques François
pour blanchir les toiles. Les
Canadiens , les Africains Sc les
Egyptiens en font des ceintures,
des colliers 8e des pendants d’oreilles.
E n fin , les Sauvages, en
joignant enfemble plufieurs efpe-
ces de coquillages , en form ent
une m aniéré de lyre, q u i, étan t
expofée à un courant d’air, rend un
fon qui les anime dans leurs danfes.
Q uoique les infeéfes paflèntpour
être généralem ent nuifibles , cependant
il en eft plufieurs qui font
d’une grande utilité : tels font le
coccus ou la cochenille de Polog
n e, la cochenille du M ex iq u e,
le kerm ès, l’abeille, le ver à foie,
8c les infeétes qui form ent le corail.
Le coccus de Pologne eft un
infeéteron d , un peu moins gros
qu’un grain de coriandre, plein
d’un fuc purpurin, dont on tire de
belles couleurs lilas, des couleurs
de chair , des cramoifis plus ou
moins vifs. La cochenille du Mexique
fournit unebelle teinture écarlate
,
Ja te , Sc forme la m atière du carm
in , cette belle couleur d’un rouge
tendre, fi amie de l’oe il, fi précieufe
en p ein tu re, & fi propre à nuancer
Sc à rehaufler les foibles couleurs
des Dames. E t le kermès
fou rnit une poudre rouge dont on
fe fert pour la teinture des laines,
& qui entre aufîi dans là confectio
n d’alkerm ès, qui eft un remede
fort eftimé.
T o u t le m onde conno ît l’hif-
to ire de l’abeille, combien elle eft
utile à l’homme par le miel Sc la
cire qu’elle lui fo u rn it, Sc avec
quel art admirable cet infecte
form e ces belles productions.
Le ver à foie eft encore un in-
feéte merveilleux qui fournit cette
belle matière avec laquelle on fait
de fi riches étoffes, je veux dire la
foie. Et on fait que le corail, qui eft
line des plus brillantes, des plus
précieufes , Sc des plus fingulieres
fubftances m arines, eft la production
d ’infectes, d’efpeces de polypes
qui font les architectes 8e les
habitants de cette belle fubftance.
Mais ce qu’il y a de plus m erveilleux
dans les infectes, c’eft
leur efpece de gouvernem ent, leur
économ ie , leurs moeurs, Sc leur
induftrie. Les uns favent file r, Sc
o n t deux quenouilles. D ’autres font
I N A I R E . xv'if
des filets, Sc ont une navette Sc
deux pelotons. Il y en a qui bâ-
tiflent en bo is, 8c ont deux ferpes
pour faire leur abattis. Ceux qui
travaillent en cire ont dans leur
attelier des ratilfoires, des cuillers
Sc des truelles. Plufieurs d’entre
eux no n feulement ont la langue
pour goûter Sc lécher-, ou une
trom pe pour faire l’office de chalumeau
, ou des tenailles à la tête;
ils ont encore à l’extrém ité de la
queue une tariere mobile propre
à percer Sc à creufer. Enfin tout
ce que les infectes font eft exécuté
avec beaucoup d’ordre Sc de
deflein, Sc tend toujours au but
qu’ils fe propofent pour la fin de
leurs travaux ( i p Auffi ce font les
animaux qu’on a obfervés avec le
plus de foin. Leur étude Sc les écrits
qui en ont été les fru its, ont im -
m ortalifé Lijler chez lès A ng lo is,
SwarmmerdamchffL\esiS.o\\anàoïs,
Frifch chez les A llem ands, Rhedi
chez les Italiens, Réaumurchc7. les
F rançois, Sc Linn.eus chez les Suédois,
V oilà le grand tableau que préfente
la Zoologie. C’eft, fans contredit
, la partie la plus im portante
de l’H iftoire N aturelle, 8c celle
auffi qui a piqué dans tous les
temps la curiofité des Philofophes.
^i) Voyez le DiElionnairc Uniyerfd d'Hiftoïre Naturelle , art, Infè&ç,
J'çmç F l JL