» vant les principes de Sthal, rien
» n’eft plus oppofé en tout point
» à la doârine de ce Chymifte ,
» que les opinions que l’on y fou-
x tient. Quant aux principes de
» Newton, fur lefquels on annonce
» aufli que ce même Ouvrage eft
» appuyé, on ne pouvoit juftifier
» ce titre qu’en convainquant l’a-
» nonyme de plagiat, puifque le
» nouveau Cours en ce qui con-
» cerne les opérations de Chymie
»en général,n’eft qu’une traduc-
» tion des plus littérales des leçons
» chymiques de Freind » ( b ).
Voilà deux jugemens bien diffé-
rens. C ’eft aux Chymiftes à les concilier
, & à décider li le Cours de
Chymie fuivant les principes de
Newton & de Sthal, mérite d’être
mis au nombre des bons Livres de
Chymie.
Ce ne font pas là les feuls écrits
qui ont été publiés fur cette fcience.
Il a paru aufli des diflertations particulières,
qui contiennent des découvertes
qu’on doit joindre à celles
des Chymiftes modernes dont j’ai
écrit l’hiftoire.
Ces Chymiftes ne comptoient
que fept métaux; favoir, l’or, l’argent,
le fer, l’étain, le cuivre, le
plomb & le vif-argent ; & on en con-
noît huit aujourd’hui. Le huitième
eft appellé or blanc, o u f latine, mot
efpagnol francifé qui lignifie petit
argent. C’eft une fubftance métallique
analogue aux métaux parfaits,
& fur-tout à For, avec lequel elle
a plufieurs propriétés communes.
Un Métallurgifte Anglois, nommé
M. Food, en a apporté le premier
en Europe en 174 1. On la trouve
dans les mines d’or de l’Amérique
Efpagnole , & fur-tout dans celles
de Santafé près de Cartagène. E lle
y eft en grains, & ces grainsont une
couleur femblable à celle de la
grofiè limaille de fer; ils font doux
au toucher & aflfez liffes , & ont
une dureté qui approche de celle
du fer.
Ce métal eft prefque aufli pelant
que l’or; il s’allie comme lut
avec tous les métaux ; réfifte de
même que ce métal à l’acide vi-;
triolique , à l’acide nitreux , à l’acide
marin, en un mot à tous les
acides , & à l’adion du foufre, qui
eft un fi puiflfant diflolvant des métaux;
& il n’y a que l’eau régale ,
qui eft le diflolvant de l’or , qui
puilfe le difloudre, encore en faut-
il une plus grande quantité pour
difloudre la platine que pour d it
foudre l’or.
Expofée au foyer du miroir ardent
, la platine fe fond ; elle fe
fond aufli avec l’o r , l’argent & les
autres métaux ; mais elle eft prefque
infufible quand elle eft feule.’
MM. Macquer & Baume , qui ont
fait beaucoup d’opérations fur ce
métal , ont découvert le moyen
qu’on avoit recherché jufqu’ici fans
fuccès ; c’eft de l’avoir réduit en
(b) Voyez la Préface de la nouvelle édition du Cours de Chymie de Lemtri> page üj.
tnaffes bien compares, malléables,
dans le même état qu’un métal qui
a été bien fondu, & dont on pourrait
faire toutes fortes d’uftenfiles,
en les battant & les forgeant.
L ’ufage de ce nouveau métal
parfait, qui réunit à la fixité êt à
l ’indeftruciibilité de l’or une dureté
& Une folidité prefque égale à celle
du fer, qui réfifte à l’action de l’air
& de l’eau, & à celle de tous les
Tels & de toutes les eaux fortes,
ferait fans doute très-avantageux
aux Sciences, au Commerce & aux
Arts : mais le Miniftère d’Efpagne
a jugé à propos de fermer les mines
de platine, &de défendre qu’on
en tirât & qu’on en mît dans le
commerce, pour éviter les fraudes
qu’on pourrait faire en l’alliant
avec l’or ou avec l’argent. Car
comme ce métal foutient les épreuves
ordinaires de l’or , qu’il en a
la pefanteur fpécifique, qu’il pâlit
beaucoup moins que l’argent lorsqu'il
eft allié avec lui, des fripons
ont profité de ces propriétés pour
faire des lingots d’or avec ce métal;
& cet or allié ayant foutenu
les épreuves de l’or pur, a été mis
dans le commerce, êt s’eft vendu
comme tel.
Le Miniftère d’Efpagne avoit
donc raifon de défendre l’ufage de
la platine. C ’étoit un malheur d’être
privé de ce métal par l’abus
qu’on en faifoit. Il falloit découvrir
un moyen de reconnoître l’alliage,
pour qu’on pût le laifler entre les
mains des hommes. Et c’eft ce
qu’ont fait heureufement les deux
habiles Chymiftes que je viens de
nommer. Ce moyen eft fondé fur
la propriété qu’a l’or diflbus dans
l’eau régale, d’être précipité par le
vitriol martial, tandis que la platine
ne l’a pas ; & encore fur la
propriété qu’a la platine difloute
dans l’eau régale , d’être, précipitée
par le fel ammoniac, au lieu
que l’or diflbus de même n’eft point
précipité par ce fel.
Ces deux vérités reconnues >
pour reconnoître fi l’or eft allié de
platine, il n’y a qu’à le faire difef
foudre dans l’eau régale. » Si cet
•> or eft en effet allié de platine,
» elle fe difloudra avec lui dans ce
» menftrue, & il ne fe formera au-
» cun précipité ; mais en y ajoutant
» du fel ammoniac diflbus dans
» l’eau , on verra bientôt la platine
» fe précipiter fous la forme d’un
» fédiment couleur de brique. Si
» au contraire on a de la platine
» qui contienne de l’or, & qu’on
» veuille féparer cet or, il ne s’agit
» de même que de faire difloudre
» cette platine dans l’èau régale :
» l’or quelle pourra contenir s’y
x difloudra avec elle ; mais en
m mêlant dans cette diflblution du
» vitriol martial diflbus dans de
» l’eau, la liqueur fe troublera bien-
» tôt après, & on verra l’or former
» un précipité qu’on féparera faci-
» lement par la décantation & la
» filtration. ( Dittionn. de Chymie ,
» art. Platine. )
ïJEther eft la fécondé décou-;
b ij