f a U A L
mier état, la délivrer en troifieme lieu de
fon bitume 8c de fon f e l , & enfin détruire
un goût adulte & fade qui refte
après cette troifieme opération3 8c c’eft à
quoi il parvint par ces opérations. i° . Il
fit corrompre l’eau de la mer en y. jertant
de la viande, ou de la colle de poiflTon ,
ce qui la décompofe : 2°. quand l’eau fut
putréfiée, il y jetta un peu de fable fin,
ôc lui rendit ainfi fon premier état : 3® il
dlftilla cette eau pour la délivrer de fon
bitume & de fon fel : 40. après l’avoir
expofée 8c agitée avec violence, il'y jetta
quelques grains de fe l, un peu de fucre ,
avec un peu de poudre d’os brûlés, &
l’eau devint tout à- fait potable.
Parmi les approvifionnementsdès vaif-
féaux, le bifcuit 8c la viande font les plus
- confidérables. Aufli notre Philofophe
s’attacha t-il à les conferver dans les
voyages de long cours;
Les bifcuits font quelquefois mangés
par dés infeéfces qui s’y engendrent. Pour
les empêcher d’éclore , ou pour les tuer
lorfqu’ils exiftent, il prefcrivit de fou-
firer lès tonneaux dans, lefquels on en'
ferme le bifcuit, 8c même les magafins
où on le met. La vapeur fulfureufe, en
s’infinuant dans le bifcuit, y tue lès vers-
qui v font, ou en empêche la génération.
Le bifcuit ainfi foufré ne contra&e aucun
mauvais goût 3 il“ perd même l’odeur de
foufre lorfqu’il a été. expofé quelque
temps à l'air.
A l’égard de la viande , il trouva le
moyen de la coufbrver, en injèdanr ou
en répandant delafaumure dans les-veines
de l’animal dès qu’il aéré faigné.
Ces découvertes font le fujet de trois
dilfertations qui parurent en 173.9 » f °us"
les aufpices des Lords de l’Amirauté,
fous ce titre; Expériencesphyjiques fur
la maniéré de rendre Peau de merpotable ,
fur la maniéré de conferver Veau douce , le
bifcuit & le bled, & fur la maniéré defaler
les animaux. On trouve encore dans ce
livre deux diflertations , l'une fur la maniéré
de conlerver l’eau douce, en y
mettant de l’huile de foufre 3 l’autre fur
les moyens de conlerver les eaux minérales.
Ces eaux ne perdent leurs, vertus;
e s: que par le contaéf de l’air , parcequ’if
précipite les principes de fes vertus , en
y excitant une agitation putréfaélive. U
falloit donc, pour conferver ces vertus-,
empêcher que l’air ne touchât l’eau renfermée
dans les bouteilles ordinaires %
fans cependant courir aucun rifque de les;
faire fauter 3 8c c’eft ce. que I Auteur en-*
feigne dans fon Ouvrage.
Le,Le£fceur a dû remarquer que le bien
public a été jufqu’ici lé but des travaux
de Hales 3 c’eft toujours le même motif
qui l’anime, 8c qui honore également
fon génie 8c fon coeur Dans cette vue,
rien ne lui parut plus digne de lui que de.
travailler à renouvéller Pair dans les mai-
ions , 8c fur tout dans tes prifons,
dans lés hôpitaux, 8c dans le fond de
cale des vailfeaux , pour les rendre plus
fains.
If y avoir long'temps qu’on avoit reconnu
que l’air chargé de certaines vapeurs
ou trop renfermé, devenoit comme’
inutile à la- refpiration y 8c capable de-
eau fer à ceux qui le refpiroient, dés accidents
qu’on' ne pouvoir faire ceffer
qu’en leur faifant refpirer un air plus
pur. Hales , qui avoir calculé la quantité1
d’air que la tranfpiration 8c. la refpiration.
d’un certain nombre de perfonnes pou-
voient détruire dans un certain lieu, 8£.
l’effet que ce défaut d’air pouvoit faire
fur ceux qui étoient dans ce lieu ÿ voulue
remédier à cet inconvénient.
Mais comment fâire refpirer un aie
pur aux malades qui remplilfent les faites
dès hôpitaux, Sc dont fâ tranfpiration
pfiis dangereufe que celle des hommes
fains , altéré plus la pureté de l’air?'
Comment procurer cet air pur aux pri-.
lbnniers fi étroitement enfermés, aux
navigateurs q u i, dans les voyages dé
long cours , font obligés d’habiter les.entreponts
d’un vaifleau chargé de mille
matières propres-à corrompre la pureté,
dè l’air , 8c enfin a ceux qui travaillent
dans les mines? Ce font les queftions
que préfente fort â propos l’Auteur de
fon elôge, M .d e Fouclii. Quoique ce
problème fût difficile à réfoudre , notre
Philofophe le réfolut avec un-ventilateur^
H A L
C e ft une forte de fonfflet de figure
parallélipipede , un peu applatie, qui
afpire & enafle l’air alternativement, de
maniéré qu’011 peut tirer , quand on
v eu t,l’air contenu dans un endroit, 8c
y en envoyer de nouveau.
Non feulement cette machine eft propre
à tenouveller l’air deftiné à la refpiration
: elle fert encore à faire palier de
l’air fec 8c chaud d un lieu dans un autre
lieu , ôc par ce moyen fécher les grains
dans les greniers, la poudre à canon dans
les arfenaux, 8cc.
Dans ce temps-là, le Dofteur Berkeley±
Evêque de Cloines , préconifoit avec en-
thouliafme l’eau de goudron , comme un
remede fpécifique contre toutes fortes
de maladies. Hales étoit trop ami de
lhumanité pour ne pas prendre connoif-
fance de ce remede : il 1 examina , Pana-
ly fa , & indiqua les circonftances où il
pouvoit être employé, 8c celles où il
feroitau moins inutile > 8c peut être nui -
fible., Son-écrit parut à la Société Royale
de Londres en 1745.
Il fut fuivi d’un autre fur le moyen d’empêcher
les progrès des incendies , en Couvrant
d’une couche de terre un peu humide
les édifices pour lefquels on pourroit
craindre l’aétion des flammes. 11 fit aufli
des expériences fur l’éleétricité, qu’il,
communiqua à la Société Royale , dont le
réfultat étoit que les différents corps élec-
trifés fourniflent dans les aigrettes qu’ils
donnent, un feu qui vient de leur propre
fubftance, & expliqua enfuite la caufe
des tremblements de terre, en fuppofant
fous la terre de grandes cavités remplies
d’air chargé de vapeurs , 8c mis
en fermentation par la communication de
l-’air extérieur. Enfin il enfeigna à faire
pafler de l’air frais à travers les liqueurs
qu’on; diftillé , 8c augmenter par ce.
moyen le produit de la diftiilation.
M. de Fouchi obferve fort à propos que
cette derniere découverte, qui! communiqua
comme les autres à la Société dont il
étoit Membre , eft peut-être la plus fïn-
guliere quil ait faite ; voici en effet en
quoi elle confifte.
E S. 61
J’ai dit que le deflein de Hales étoit
de faire pafler de l’air frais à travers les
liqueurs qu’on diftillé. A cette fin, il
place au fond de l’alambic une boule
d’étain percée de petits trous, comme la
pomme d’un a'rrofoir. Au moyen d’un
tuyau qui fort de l’alambic, cetre boule
répond à un foufïlet double , par l’aétion
duquel on introduit dans la liqueur un
courant d air , qui facilite beaucoup fon
élévation en vapeurs.
Cependant, quoiqu’abforbé dans l’étude
de l’Hiltoire Naturelle 8c de la Phy-
fique , notre Philofophe ne remplifLic
pas moins avec foin les devoirs d’un bon
citoyen. Il s’étoit marié avec Marie
New ce ^ fille du Doéfceur de ce nom ,
lequel étoit aufli Reéfceur de Halisham ,
dans le Comté de Suflex, 8c il vivoit
avec elle dans une parfaite union. 11 recevoir
aufli les vintes de toutes les perfonnes
qui defiroient l’entendre 8c le con-
noître; il recevoir fôuvent celle du Prince-
de Galles, qui fe faifoit un plaifir de l’aller
furprendre dans fon cabinet 3 8c lorf-
qu’à la mort de ce Prince il fut nommé'
Aumônier de la Princefle fa veuve, il»
accepta cette place plus par refpeébpour
cette Princefle ,-.que par inclination;
mais il employa tout le crédit qu’il avoir
auprès de Son AltefTe Royale pour faire-
révoquer la nomination d’un Canonicat à
Windfor, que fes amis avoient obtenu-
pour lui du Roi;
Son indifférence pour les titres littéraires
étoit égale à celle qu’il avoir pour
les dignités ou honneurs du monde 3 8ù
l’Académie Royale des Sciences le nomma-
en 175 3 Affocié étranger, fans qu’il eût-
demandé cette place. Il n’étoit ambi--
tieux que du favoir 3 & pourvu qu’il pût-
acquérir de nouvelles- connoilfances,,
s’inftruire 8c inftruire les- autres , il étoit
fatisfait. L’amour de la retraite & de'
l’étude étoit fa feule paflion 3 & comme
il étoit extrêmement fobre, il pouvoit s’y
livrer fans en être incommodé. Il parvint
ainfi à l’âge de quatre-vingt-quatre ans ,
8c mourut enfin , pareequ’il faut mourir,
8c qu’il avoit pouffé fa carrière aufli loin.