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pour des {eux de la Nature. Il ne font,
dit-il, que des reffemblances ôc de pures
pierres que la terre a produites,^auxquelles
elle a donné la forme d’une coquille. Il
penfe même que tout ce qu’on trouve en
terre, comme urnes, pierres magiques,
talifmans, a la même origine. Les rations
fur lefquelles il fonde fon fyftême
l'ont, i °. la différence qu’il y a entre les
coquilles de mer ôc celles des folîiles 5
2.0. lenormegrandeur de quelques coquillages
folîîles du genre des bivalves, fiop-
pofée à la forme ordinaire des coquillages
■ de mer : $°. comme il n’y a que deux fucs
lapidifiques, le fuc vitriolique & le fuc
de chaux, ôc que le fuc vitriolique change
toutes chofes en fa nature , les coquilles
rerreft res imbues de ce fuc devroient fubir
un changement, pour la matière , pour
Tépaiflèur ôc poutîe poids yce qui n’urrive
cependant point. C ’eft un fyftême qui
vaut bien celui de Woodward, lequel
appelle lescoquilles terreftres les reliques
du déluge (1 ) .
Le fyftême de notre Philofophe fur là
génération des coquillages eft prefque
aufli fingulier que celui qu’il a fait pour
expliquer la formation des coquillages
fondes. Selon Aldrovan.de , il y a dans là
mer beaucoup de parties* terreftres remplies
de v ie , ôc c’eft de cette concrétion
que toutes lès coquilles nailfent : une
portion de la terre fe durcit à l’entour ;
ôc fe forme de maniéré que le corps contient
en dedans les parties* qui donnent
la vie. Leewenkoeck veut au contraire que
les coquillages foient formés par de pe*
tites huîtres nouvellement nées dans
cette matière corrompue, à laquelle les
Anciens attribuoient leur origine. Mais
L i s t e r croit ces explications imu Allantes*
Selon lui , la formation des coquillages
eft la même que celle des limaçons
terreftres; & comme les limaçons's’accou-
plent & couvent leurs oeufs, les moules ,
les huîtres , &c. s’engendrent de même.
A l’égard de. leur accroifTemenc, voici
comme, il fe . fait.
T & i?.
Le corps de ranimai" eft couvert d’u^
grand nombre de tuyaux remplis de poires,
par où palfe la liqueur dont il fe-1
nourrit. Cette liqueur eft mêlée de parties
vifqueufes qui fe raflemblent fur le
corps de l’animal, s’y épaifliftent, ôc s’y ’
figent. En s’attachant les unes aux autres,
ces parties compofent une petite croûte-
fblide, qui eft-la première couche : une'
fécondé, une troifieme, une quatrième'
fe forment de même.Ainfi les coquillages'
croiflent comme les pierres par addition?
de matière^ & non par végétation commet
les autres animaux«
Cependant ce fyftême fur là génération*,
des coquillages n’eft pas allez général pour?
convenir à toutes les efpeces^ de c o q u i llages
j de forte que notre Philofophe
ainfi que les autres Naturalites-, reeon-r
noît des* coquillages vivipares-& des co* -
quillages ovipares: les premiers s'accouplent
Ôc font des petits tout vivants, Ôç:
les autres pondent des oeufs*
On a reproché à notre Philofophe d e voir
mis dans la clafte des bivalves donC'.
les coquilles font égales , des coquillages«
dont les coquilles font inégalés 5 tel eftÿ‘,
par exemple, le coquillage appellé loi
marteau-: mais-cela n?empêche pas qu’iL
ne nous ait fait connoître plus de coquil-j-
lages que les autres Naturaliftes qui onC*
écrit fur le même fujet,& que fon hiftoirei
de la Conchyliologie- ne foit un ouvrage*
aflez complet.
C ’eft un beau tableau que celui qui re**-
préfenre tous les coquillages qui font fui?
la furface du globe terreftre : la nature duv.
poifton, fa forme, fa génération , la ma-*
niere dont il fe meut, la ftruéture de leur»1*
coquilles, la variété de leurs couleurs , .
enfin-les chofes prccieufes que ces mêr-
mes coquilles-renferment, tout offre aux*
yeux du Philofophe des fujets d’admira--
tion.
Le buccin*, par exemple , donne U -
couleur pourpre, fi recherchée par les An-
ciens. La nacre |de perles, forte de coquillage
bivalve fort pefant , produit les;
« ƒ V o y e z d a n s . l e • fe p tiem e - v o lu m e -de e e t t e Hifiçirt d& rbilofaphes modernes^
L I S T
Rôties. On tire de la coquille du limaçon
à tête ronde , qu’on appelle burgau ,
une belle nacre dont on fait plufieurs
beaux ouvrages. Lesécailles d’huîtres fervent
à blanchir la cire & les toiles, ôcc.
Mais ce qui eft fur-tout digne de l’attention
du Naturalifte,c’eft le mouvement
progreftif des coquillages : ils fe couchent
fur le plat de leurs coquilles, Ôc avancent
au dehors une efpece de jambe avec
laquelle ils creufent le fable à droite-
ôc à gauche. En creufant ainfi, ils baiffent
infenfiblement d’un coté , ôc fe trouvent
fur le tranchant de leur coquille , le dos
en haut, de forte qu’en avançant leur
tê te , & en l’appuyant, ils attirent leur
coquille à eux. Ils réitèrent ces mouvements
tant qu’ils veulent marcher.
''Les coquillages Tes plusfingulîers, dont
«quelques-uns font même fort rares, font
le marteau;, la mufique , la porcelaine,
le feorpion, la pourpre , la conque de
ÎVémis, le pucelage, &c.
Le marteau, fi rare autrefois, & par
teette raifon fi eftimé des Naturaliftes, eft
une efpece d’huître, dont les replia, la
longue queue ôc les deux parties d’en
fiaut ont la figure d’un marteau ou d une
petite enclume. Ce coquillage a cela de
particulier,que quoiquefes écailles foient
extrêmement bizarres , elles joignent
cependant avec la plus grande jufteffe.
^ La mufique eft un coquillage univalve ,
ainfi appellé pareequ’on trouve fur fa coquille
cinq lignes pareillesa celles d’un papier
de mufique. Une coquille éclatante,
femblable à l’émail des plus belles porce*
laines, caraétérife la porcelaine, qui eft
Un coquillage univalve.
Le feorpion eft remarquable par. là
couleur de fes levres : elles font rayées
de blanc & de violet, Ôc ces couleurs
font très éclatantes. C ’eft un coquillage
univalve dont la robe eft de couleur jaunâtre
, & qui eft. tout ridé ôc. chargé de
tubercules.
Il découle de la pourpre une liqueur
de couleur de pourpre, & c’eft ce qui
fait le mérite de ce coquillage, lequel*
eft univalve.
Qû donne le nom de conque de Vénus.
E R. ^
à’ un coquillage bivalve, dont lé devant
de la coquille reflemble à la vulve d’une"
femme. Ce coquillage eft fort recherché
des curieux-.
Lepucelageeft un coquillage univalve,-
qui a une longue fente dentée des deux
cotés, & d’une forme oblongue : il fert
de monnoie en Guinée , aux iflesdu Cap
Verd, à Leofda, au Sénégal, à Bengale
& dans quelques ifles Philippines; A Ben~
gale on en fait aufii des bracelets, des colliers
, ôc d’autres bijoux.
L’Auteur eftimable du Traité deCon-*
chyliologie (M* dé Argenville) reproche à Lister d’avoir beaucoup embrouillé l’hiiP
toi-re des coquillages- dans celle qu’il a?
écrite.11 eft vrai qu’il fait le même reproche
aux autres Conchyliologiftes. Mais y a-t-
il une véritable méthode par laquelle oii:
puifFe ranger les coquillages en différentes
dalles ? M. dJArgenville répond affirmati-'
vement â cette queftion ; & pour jufti--
fier fon aflertion, il en donne une fort-
etetidue dans laquelle il prétend renfermer
tous les genres de coquillages. Il les*'
divife en univalves, en bivalves , Ôc ei*
multivalvestôc il divife encore chaque"
clafte en familles j favoir, les univalves^
en quinze familles ou genres, les bival-
ves en fix , & les multivalves encore em*
fix. Il n eft queftion ici que des coquilla—
ges de mer. L Auteur diftingue encore^,
les fluviatilès en deux claftès , en unival--
ves ôc en bivalves, ôc les coquillages fo f-
files en vivants Ôc en morts. On n ’a-poiner
encore décidé fi par cette méthode l’Au--
teur renferme tous les genres de coquil—-
1 ges*
Au reftë, L i s t e r _ ne regardoit fo»i
^1”’°îre*C^e !a';^onc^yli°logie que comme:
un eftai. C ’eft ce qu’il avoua à M * C l é - ’
ment > Garde de la Bibliothèque du Roi,,
lorfqu il vint-en; i 6y$ en France- avec-lê;
Comte, de. Portland, Ambafladeur d-Àn--
glëterre. »» Cet ouvrage n’eft, lui dit - i
» qu’un efEi imparfait des planchesqui
» je n avois deftinées que pour un petit'
» nombre d’amis feulement, jufqufd ce
» que je fuftè en état d’achever cet-, ou-
»> vrage, ÔC d’y mettre là derniere
Cependant i-Auteur fe flatte qu’on ne;