cette vue il forma des conjeflures
ttès-ingénieufes, qu’il fortifia par
plufieurs belles découvertes. Son
exemple ne féduifit cependant per-
fonne.
Un habile Phyficien François ,
nommé Poliniere, eftima qu’iln’étoit
pas encore temps de bâtir des fyf-
têmes, qu’on n’avoit point allez de
faits pour remonter aux caufes, &
que c’étoit à la collection de ces
faits, par la voie de l’expérience,
qu’on devoir fe borner. Il enrichit
ainfi beaucoup la Phyfique, ôc
étendit infiniment fon domaine.
Cette conduite étoit fans doute
très-fage. Néanmoins un homme
de génie trouva qu’en voulant par
là faire des progrès dans la Phyfi-
que , on prenoit la route la plus
longue. Molieres ( c’eft le nom de ce
Phyficien ) crut que pour abréger
le chemin, ôc pour marcher plus
fùrement, il étoit néceffaire de fixer
le nombre ôc la qualité des principes
de la Phyfique. Il imagina
dans cette vue un fyftême, par lequel
il expliqua le plus grand nom-
-bre des phénomènes de la nature.
C ’étoit un fyftême; & les plus
célèbres Phyficiens qui fuccédèrent
à Molieres, prétendirent qu’il n’y
avoit abfolument que deux moyens
de faire des progrès dans l’étude de
la Phyfique, fa voir les expériences
ôc les démonftrations. Ce fut là
déformais leur guide, & en s’y affujettiffant,
ils formèrent une nouvelle
Phyfique ôc pour la méthode
ôc pour les découvertes. Ces Phyficiens
font Defaguliers Sx ’Sgrave-
fande.
On conçoit que dans leurs Ouvrages
les Mathématiques jouent
un grand rôle, puifque les démonfi
trations marchent à côté des expériences.
Cela en rend la lefture
un peu difficile. Le voeu de toutes
les perfonnes éclairées étoit qu’on
facilitât l’étude de cette fcience en
y employant les Mathématiques
plus fobrement > Sx qu’on la traitât
fuivant fa propre méthode. Tel fut
auffi le projet que forma Sx qu’exécuta
le célèbre Mufchenbroek, qui
eft le huitième & dernier Phyficien
moderne.
R ien n’effi plus riche que fa com-
pofition. L ’ordre des matières, la
force ainfi que la clarté des preuves,
ôc un grand nombre d’expériences
ôc d’obfervations nouvelles,
la rendront toujours précieufe
à tous lesSavans, 6t recommandable
dans tous les fièdes.
Quoique je ne compte ici que
huit Phyficiens modernes, je re-
connois pourtant que depuis la re-
naiffance des Lettres il a paru plufieurs
Savans qui ont cultivé la
Phyfique avec fuccès, Sx qui méritent
par cette raifon une mention
honorable (e).
Ce font Otto de Guerik, Bourg-
• '(e) Je ne parle ici que de ceux qui -font morts. pas plufieurs Phyficiens Ainfi on ne doit point être furpris fi je ne nomme qui vivent encore, parmhai blielfeqs udelisg noens fda’iét loqguee
mettre de Magdebourg, Leuvenoek,
Mariote, Perrault Sx Hauxbée. On
doit au premier l’invention de la
Machine pneumatique, comme on
peut le voir dans l’Hiftoire de Boy le.
Leuvenoek a fait plufieurs belles découvertes
avec le microfcope, qui
ont beaucoup enrichi la Phyfique.
Ce font différens animaux qui
nagent dans toute forte d’eau croupie,
dans l’eau des moules ôc des
huitres, dans toutes les femences
animales, ôc particulièrement dans
celle des hannetons, des demoi-
felles , des fauterelles , des mouches
, des puces, des coufins, des
mites, ôcc. Une obfervation fingu-
lière quil a faite fur les coufins,
eft qu’il y en a qui ont un bouquet
de plume fur la tête, Sx des plumes
fur les ailes Sx fur tout le corps. Mais
une obfervation plus curieufe encore
, c’eft: la génération delà puce.
Une puce ayant pondu un oeuf,
il en fort un ver quatre jours après.
Ce ver fe nourrit de mouches, devient
blanc au bout de onze jours, .
Ôc ne mange plus. Il commence
alors à filer pour s’enfermer dans
une coque comme les vers à foie.
Au bout de quatre jours il paroît
en nymphe d’un beau blanc,lequel
fe change enfuite en rouge ; Ôc à
peine a-t-il acquis cette couleur,
qu’il devient puce.
C ’eft dans un Livre intitulé Ar«
cana nature deleâla, que ces découvertes
font dépofées. Certainement
l ’Auteur d’une pareille production
fhérite d’être placé au nombre des
grandsPhyficiens, ôc je fuis-fâché
qu’on n’ait rien écrit de fa vie. On a
dit feulement que c’étoit un homme
fans Lettres, qui n’avoit que le
talent del’obfervation : talent d’autant
plus précieux, qu’il eft un put
don de la nature.
La vie de Mariote n’eft pas plus
connue que celle de Leuvenoek,
quoiqu’il fût de l’Académie Royale
des Sciences de Paris, Sx qu’il foit
d’ufage que le Secrétaire de cette
Compagnie fafle l’éloge de tous
fes Membres diftingués après leur
mort. Celui-ci a cependant été oublié,
quelque digne qu’il fût de
cette forte d’hommage. Car c’étoit
un des plus fins Obfervateurs ôc
des plus favans hommes qu’on ait
connu. Ses OEuvres contiennent des
Mémoires très-curieux lur la Phyfique
, Sx ils font écrits avec autant
de clarté que de précifion. Chacun
de ces Mémoires avoit été imprimé
féparément ôc en divers temps, ôc
ces (Euvres en font la colleffion.
Le premier, qui eft un Traité de la
nature des couleurs, parut en 1672;
Ôc les autres fur la vue, fur le chaud
ôc le froid, la nature de l’air, la
lTeo cuétl èbler e mMo.n dd ee Mcoaninr aonît tiTeens t pler opdruemctiieorn sr,a nlegs. expériences ô c f e s découvertes fur les fujets les
qpuluis o pniqt uéatén bs i&en leefst ipmluèss pcaurr ileeusx P dheil ôlaf oPphhyefsi qdounec, fai écrit l’Hiftoire dans ce Volume.
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